L’orgueil spirituel (2/2)

« La charité ne se vante point, elle ne s’enfle point d’orgueil » (1 Corinthiens 13:4)

Le peuple de Dieu doit être humble d’esprit et ne doit pas refuser d’exécuter des choses viles. Cependant, le Seigneur peut souvent conduire son peuple à des positions plus élevées dans son service, ou à un triomphe important dans le combat chrétien (Romains 12:16). C’est alors qu’intervient une épreuve sévère, dans laquelle le peuple du Seigneur peut facilement trébucher par orgueil. Du bout des lèvres, chacun peut rendre gloire à Dieu pour ce qu’il a fait, mais dans son cœur, peut être tentés de penser que ses talents sont enfin appréciés.

Mais pensons à présent à un autre personnage moins important de la Bible, un personnage dont les conseils ont été grandement estimés et appréciés par le roi David et son fils Absalom. Il nous est dit que « Les conseils donnés en ce temps-là par Achitophel avaient autant d’autorité que si l’on eût consulté Dieu lui-même. Il en était ainsi de tous les conseils d’Achitophel, soit pour David, soit pour Absalom » (2 Samuel 16:23).

Habituellement, les conseils de ce personnage étaient bien reçus et mis en pratique, mais lorsqu’Absalom s’est rebellé contre le gouvernement de son père et a combattu contre lui, il a demandé à Achitophel quelle serait la meilleure procédure pour remporter la victoire contre son père. Achitophel lui a conseillé de donner l’ordre de lever immédiatement une armée qui poursuivrait David et en viendrait à bout pendant qu’il était fatigué et sans défense.

Cependant, Absalom a fait appel à un autre conseiller, partisan secret de David, qui a dit que le conseil d’Achitophel n’était cette fois pas bon et qui a conseillé une stratégie différente, laquelle a plu davantage à Absalom. Par la providence du Seigneur, le conseil d’Achitophel a été rejeté (1 Samuel 17:1-22).

La leçon qui nous intéresse réside surtout dans le fait qu’Achitophel, voyant que son conseil avait été rejeté, a ressenti la douleur de cette humiliation plus grande que son désir de vivre. Celui dont les conseils avaient toujours été estimés et appréciés était soudainement ignoré, et sa superbe était écrasée. Sa fierté et sa dignité ne pouvaient supporter ce fait, aussi sommes-nous informés qu’il « mit de l’ordre dans sa maison et se pendit » (verset 23).

Questions à méditer

Les exemples qui précèdent nous permettent de tirer des leçons, car nous voyons comment l’orgueil peut dominer et diriger l’esprit de l’homme. Il est bon de nous examiner et de nous demander :

Est-ce que je m’énerve et me sens offensé lorsque mes conseils et mes suggestions sont ignorés ou mis à l’écart ?

Est-ce que je conteste rapidement les déclarations qui sous-estiment mes capacités ou qui mettent en doute ma bonté ?

Est-ce que je me sens très embarrassé quand d’autres, avec moins d’expérience, peuvent répondre à des questions auxquelles je ne peux pas répondre ?

Est-ce que je m’indigne contre ceux qui me font remarquer un défaut ?

Est-ce que j’encourage les compliments et les louanges ?

Est-ce que je m’empresse de remettre les gens « à leur place » ?

Est-ce que j’évite la réprimande et déteste l’instruction, surtout lorsqu’elle vient de ceux que j’estime être les moins estimés du peuple du Seigneur ?

Est-ce que je dévalorise les actions des autres ?

Si nous répondons par l’affirmative à une partie ou à la totalité de ces questions, il est plus que nécessaire d’apporter des améliorations significatives, car cela signifie qu’il y a une certaine dose d’orgueil dans nos cœurs, qui, si on la laisse se développer, pourrait faire faire naufrage à nos vies chrétiennes.

Un autre exemple d’une personne extrêmement orgueilleuse et gonflée d’orgueil se trouve dans le livre d’Esther. Il s’agit d’Haman. Il était l’un des serviteurs honorés du roi médo-perse Assuérus. Haman avait été promu à une position d’honneur au-dessus des princes qui étaient avec lui, de sorte que tous avaient l’ordre de se prosterner devant lui. Cela satisfaisait son ego de manière non négligeable.

Cependant, il y avait un homme nommé Mardochée, qui était juif et qui ne voulait en aucun cas s’incliner ou se prosterner devant Haman. Haman était donc rempli de colère et d’indignation contre Mardochée et ses proches, les Juifs. Haman s’était arrangé avec le roi Assuérus pour que les Juifs soient massacrés à une date donnée, et il avait prévu de faire pendre Mardochée sur une potence spécialement conçue à cet effet (Esther, chapitres 3-5).

Cependant, lorsque Haman se rendit auprès du roi pour organiser la pendaison de Mardochée, il fut accueilli par la question suivante : « Que faut-il faire pour un homme que le roi veut honorer ? » (Esther 6:6). Dans sa vaine imagination, Haman était sûr que le roi ne pouvait penser qu’à lui.

En conséquence, il suggéra que celui que le roi se plaisait à honorer soit revêtu d’habits royaux, monté sur le cheval du roi et promené par le plus noble des princes dans toute la ville et présenté comme celui que le roi voulait honorer (Esther 6:8-9).

Au grand dam d’Haman, il apprit que Mardochée était celui que le roi désirait honorer et, plus douloureux encore, il fut chargé de veiller à ce que tout ce qu’il avait suggéré au roi soit exécuté en détail. C’est ainsi qu’Haman fut contraint de conduire Mardochée, qu’il avait revêtu des vêtements du roi et qu’il avait fait monter sur le cheval du roi, à travers la ville en proclamant : « C’est ainsi qu’il sera fait à l’homme que le roi aime à honorer » (Esther 6:11).

La douleur de l’humiliation a été écrasante pour Haman, car il nous est dit qu’il « s’est empressé de rentrer chez lui en se lamentant et en se couvrant la tête » (Esther 6:12). Celui-là même qu’il méprisait le plus était celui qu’il devait glorifier devant le peuple, mais cela ne s’arrêta pas là. Au fur et à mesure que l’affaire évoluait, la reine Esther exposait la perfidie d’Haman devant le roi et la colère du roi ne s’apaisa qu’au moment où Haman fut pendu à la potence qu’il avait construite pour Mardochée (Esther 7:7-10).

Nous voyons ici les résultats auxquels mène l’orgueil, qui n’aboutit pas toujours à une mort prématurée, mais qui conduit finalement à la déception et à l’amertume de l’âme.

S’il en est ainsi chez les impies, à combien plus forte raison cela serait-il vrai chez le peuple du Seigneur. Quel prix énorme à payer pour la satisfaction de soi ! L’orgueil est sûr d’encourir le déplaisir divin et d’entraver considérablement notre joie et notre allégresse dans le Seigneur. On peut vraiment dire que l’orgueil ne nous enrichit en rien, mais conduit à l’appauvrissement de l’âme.

Examen de nos cœurs

Notre cœur est la balance avec laquelle nous pesons les différentes questions soumises à notre jugement pour discerner si elles sont bonnes ou mauvaises. Cette balance peut être très inexacte, ou bien finement ajustée et bien équilibrée. Le chrétien, s’il a été longtemps à l’école du Christ, devrait avoir un cœur très sensible au bien et au mal, et, à partir de la Parole de Dieu, devrait être capable de tirer les poids avec lesquels il équilibrerait correctement toutes les questions de la vie. La complaisance dans l’orgueil spirituel altère cette balance et doit être corrigée avant de pouvoir continuer à progresser sur la voie étroite.

Pour se prémunir contre l’orgueil spirituel et éviter son influence néfaste sur notre caractère, il faut s’examiner quotidiennement. Il incombe à chacun de nous de s’adresser au Père céleste au début de chaque journée et de demander la sagesse et la direction divines, puis de s’efforcer tout au long de la journée de vivre conformément à cette prière. En outre, à la fin de chaque journée, nous devrions nous examiner quant aux choses faites et aux paroles prononcées au cours de la journée pour voir dans quelle mesure elles étaient conformes à nos vœux de consécration.

Si nous continuons à compter chaque jour avec le Seigneur nos pensées, nos paroles et nos actions, et si nous le faisons avec un cœur honnête, sincère et bien guidé, nous pouvons être sûrs que nous nous garderons dans l’amour de Dieu. Nous grandirons dans la grâce et dans l’amour, et il n’y aura pas en nous « d’occasion de chute » (1 Jean 2:10).

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