Le gain par la perte (1/2)

« Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ » (Philippiens 3:7)

La première Église chrétienne organisée en Europe par l’Apôtre Paul était à Philippes, en Macédoine. Dans l’épître aux Philippiens, que Paul écrivit des années plus tard alors qu’il était prisonnier à Rome, nous apprenons qu’il aimait particulièrement cette église. Nous connaissons également la douce communion dont jouissaient les nouveaux convertis lorsqu’ils tenaient des réunions dans la maison de Lydie (Philippiens 1:3-5; Actes 16:14,15).

L’apôtre Paul et ses compagnons dans le ministère ont quitté Philippes dans des circonstances difficiles, comme le rapporte Actes 16:16-40. Les paragraphes suivants contiennent le récit de ces expériences, et bien qu’elles aient été très éprouvantes pour la chair, elles ont eu un résultat des plus bénis selon l’Esprit, ce dont les frères se sont réjouis.

« Comme nous allions au lieu de prière, une servante qui avait un esprit de Python, et qui, en devinant, procurait un grand profit à ses maîtres, vint au-devant de nous, et se mit à nous suivre, Paul et nous. Elle criait : Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très-Haut, et ils vous annoncent la voie du salut. Elle fit cela pendant plusieurs jours. Paul fatigué se retourna, et dit à l’esprit : Je t’ordonne, au nom de Jésus-Christ, de sortir d’elle. Et il sortit à l’heure même » (Actes 16:16-18).

« Les maîtres de la servante, voyant disparaître l’espoir de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent sur la place publique devant les magistrats. Ils les présentèrent aux préteurs, en disant : Ces hommes troublent notre ville ; ce sont des Juifs, qui annoncent des coutumes qu’il ne nous est permis ni de recevoir ni de suivre, à nous qui sommes Romains.

La foule se souleva aussi contre eux, et les préteurs, ayant fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent qu’on les battît de verges. Après qu’on les eut chargés de coups, ils les jetèrent en prison, en recommandant au geôlier de les garder sûrement. Le geôlier, ayant reçu cet ordre, les jeta dans la prison intérieure, et leur mit les ceps aux pieds.

Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les entendaient. Tout à coup il se fit un grand tremblement de terre, en sorte que les fondements de la prison furent ébranlés ; au même instant, toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers furent rompus » (Actes 16;19-26).

« Le geôlier se réveilla, et, lorsqu’il vit les portes de la prison ouvertes, il tira son épée et allait se tuer, pensant que les prisonniers s’étaient enfuis. Mais Paul cria d’une voix forte : Ne te fais point de mal, nous sommes tous ici. Alors le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra précipitamment, et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas ; il les fit sortir, et dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

Paul et Silas répondirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison. Il les prit avec lui, à cette heure même de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens. Les ayant conduits dans son logement, il leur servit à manger, et il se réjouit avec toute sa famille de ce qu’il avait cru en Dieu » (Actes 16;27-34)

« Quand il fit jour, les préteurs envoyèrent les licteurs pour dire au geôlier : Relâche ces hommes.

Et le geôlier annonça la chose à Paul : Les préteurs ont envoyé dire qu’on vous relâchât ; maintenant donc sortez, et allez en paix… Ils vinrent les apaiser, et ils les mirent en liberté, en les priant de quitter la ville. Quand ils furent sortis de la prison, ils entrèrent chez Lydie, et, après avoir vu et exhorté les frères, ils partirent » (Actes 16;35-36,39-40).

Ce qui précède est un récit émouvant des événements qui ont conclu le ministère de Paul à Philippes. Il serait très intéressant de considérer ces expériences en détail, si l’espace le permet. En effet, Paul n’a eu l’occasion d’apporter le salut au geôlier et à sa maison que grâce au trouble qui les a mis en contact l’un avec l’autre, et par la délivrance miraculeuse accordée par la providence de Dieu. Avec cet arrière-plan des expériences de Paul à Philippes, nous souhaitons maintenant examiner en détail certaines des leçons que l’apôtre a fournies dans son épître à cette ecclésia bien-aimée, en nous concentrant principalement sur Philippiens chapitre 3.

SE RÉJOUIR

Le verset 1 du chapitre 3 dit : « Au reste, mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur. Je ne me lasse point de vous écrire les mêmes choses, et pour vous cela est salutaire ». L’une des principales instructions de cette lettre est que chaque disciple du Christ doit « se réjouir dans le Seigneur ». Le mot « réjouissez-vous » sous ses diverses formes apparaît douze fois dans cette épître, plus que dans tout autre écrit de Paul. Se réjouir n’est parfois pas facile. En effet, lorsque les choses vont dans notre sens, nous pouvons nous réjouir sans difficulté, mais dans les épreuves, cela peut être difficile. Dans cette épître, cependant, il nous est dit d’être « toujours » dans une attitude de réjouissance (Philippiens 4:4).

Le secret pour se réjouir dans les tribulations, dans le chagrin, en toutes choses, et être joyeux dans les expériences dures et difficiles, est que le chrétien a de l’espérance. Nous savons que c’est la clé de notre joie et de notre gaieté, car Paul nous le dit. Il dit que « nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance. Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Romains 5:2-5). Si notre espérance est forte, nous pourrons « nous réjouir dans le Seigneur » et être joyeux dans chaque expérience qu’il sait être nécessaire pour nous préparer à la réalisation de cette « espérance pour la gloire de Dieu. »

LES ENSEIGNANTS JUDAÏSANT

Il est dit en Philippiens 3:2,3 : « Prenez garde aux chiens, prenez garde aux mauvais ouvriers, prenez garde aux faux circoncis. Car les circoncis, c’est nous, qui rendons à Dieu notre culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons point notre confiance en la chair ». Même à Philippes, qui était loin de Jérusalem, il n’a pas fallu longtemps aux enseignants judaïsant pour trouver les nouveaux convertis au christianisme. Ces judaïsants étaient un groupe qui acceptait Jésus comme le Sauveur, mais seulement sauveur d’Israël. Ainsi, ils ont insisté sur le fait qu’un Gentil ne pouvait être sauvé qu’en entrant dans la faveur divine par la porte de la loi juive. Dans ce cadre, ils ont enseigné que seuls les convertis circoncis pouvaient être acceptés par Dieu.

Ce groupe est mentionné en Actes 15:1,2 : « Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant: Si vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion ; et les frères décidèrent que Paul et Barnabas, et quelques-uns des leurs, monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens, pour traiter cette question. »

Il n’est pas surprenant que Paul ait été l’objet de leur animosité, car il n’était pas d’accord avec leur enseignement. Paul a enseigné la vraie circoncision du cœur par Christ, et que la circoncision de la chair n’avait aucune importance pour le salut du chrétien. « Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors ; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu » (Romains 2:28,29).

L’avis de Paul dans ces versets est que seuls ceux qui sont pleinement consacrés à Dieu, qu’ils soient juifs ou gentils de naissance, sont les vrais circoncis, les vrais purs, les vrais justifiés dans leur cœur. Une telle circoncision n’est pas conforme à la « lettre », mais à « l’esprit » de la loi de Dieu, et ne nous vient que par le mérite de l’œuvre rédemptrice de Christ. C’est pourquoi Paul a dit dans le verset cité plus haut que nous « nous glorifions en Jésus-Christ, et nous ne mettons point notre confiance en la chair » (Philippiens 3:3). C’est-à-dire que nous n’avons aucune confiance dans les choses charnelles telles que la circoncision pour atteindre le salut, mais notre confiance est seulement en Jésus-Christ. Par conséquent, notre joie est en lui.

L’HÉRITAGE DE PAUL

« Moi aussi, cependant, j’aurais sujet de mettre ma confiance en la chair. Si quelque autre croit pouvoir se confier en la chair, je le puis bien davantage » (Philippiens 3:4). Parce que Paul n’était pas d’accord avec les judaïsants, il semble qu’ils contestaient sa naissance, certains insistant peut-être même sur le fait qu’il était un Gentil ou, au mieux, pas entièrement d’héritage juif. Il répond donc à leurs accusations, et le plus catégoriquement, comme le montrent les portions du verset 5 citées ci-dessous.

Paul a dit qu’il avait été « circoncis le huitième jour ». Pourquoi le huitième jour ? Les convertis au judaïsme étaient circoncis après s’être convertis. Les Ismaélites, qui étaient les fils d’Abraham, mais pas des Juifs, étaient circoncis à treize ans. Les païens non convertis ou les Gentils n’étaient pas du tout circoncis. En déclarant qu’il avait été circoncis le huitième jour, l’apôtre prouvait qu’il était né juif (Genèse. 17 :12,25 ; 21:4).

« De la souche d’Israël », a poursuivi Paul. S’il avait dit : « De la souche d’Abraham », cela pourrait signifier qu’il aurait pu être un Ismaélite, mais « la souche d’Israël » était une pure souche juive. Ainsi, il n’était pas un prosélyte, ni un Ismaélite, mais un Israélite. De plus, il était « de la tribu de Benjamin ». Le roi d’Israël Saül était de cette tribu, et Paul, dont le nom original était « Saül, de Tarse », portait probablement son nom (I Samuel 9:1,2 ; Actes 9:11). La tribu de Benjamin, ainsi que la tribu de Juda, étaient également plus favorisées par Dieu.

A suivre …