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Le serpent sur une perche
« Moïse fit un serpent d’airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d’airain, conservait la vie. » — Nombres 21:9
Les versets qui précèdent le verset ci-dessus nous éclairent sur le titre de cet article. « Le peuple s’impatienta en route, et parla contre Dieu et contre Moïse: Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Egypte, pour que nous mourions dans le désert ? Car il n’y a point de pain, et il n’y a point d’eau, et notre âme est dégoûtée de cette misérable nourriture. Alors l’Eternel envoya contre le peuple des serpents brûlants ; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël. Le peuple vint à Moïse, et dit : Nous avons péché, car nous avons parlé contre l’Eternel et contre toi. Prie l’Eternel, afin qu’il éloigne de nous ces serpents. Moïse pria pour le peuple. L’Eternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie. »
Cet épisode intervient pendant les 40 ans d’errance des Israélites dans le désert. Ils avaient campé à Kadesh, à mi-chemin entre la mer Rouge et la terre promise de Canaan. Le voyage vers Canaan aurait été relativement court s’ils avaient suivi la route du nord par Edom. Cependant, comme ce pays était occupé par leurs ennemis, les descendants d’Esaü, ils prirent la décision de l’éviter. Ils prirent donc la route du sud vers la partie supérieure de la Mer Rouge, puis vers l’est en contournant une chaîne de montagnes. A partir de ce point ils allèrent vers le nord dans le désert, où il n’y avait ni nourriture ni eau.
Suite à ce voyage harassant, le peuple se découragea. Ils avaient oublié le partage miraculeux de la Mer Rouge, la destruction des soldats égyptiens par les flots qui s’étaient refermés sur eux. De même, ils avaient oublié la manière dont Dieu avait étanché leur soif intense, non seulement en rendant potables les eaux amères de Mara, mais aussi, en une autre occasion, par le jaillissement miraculeux d’eau d’un rocher que Moïse avait frappé. En plus de ces miracles ponctuels, ils avaient quotidiennement le rappel de la providence divine à leur égard en ramassant la manne. C’était sans nul doute une nourriture merveilleuse, dont ils s’étaient finalement lassés et en l’exprimant par des murmures.
Dieu considérait à juste titre que leurs murmures étaient dirigés contre lui. Par conséquent, il leur envoya des serpents venimeux et rapidement des milliers moururent de leurs morsures. Si rien ne s’était passé, ils auraient sans doute tous péri. Finalement le peuple comprit pourquoi cette expérience leur était arrivée et ils demandèrent à Moïse de prier Dieu pour eux. Ils réalisèrent que c’était seulement après avoir perdu leur foi en lui que cette terrible punition leur était arrivée. Comme le dit le Psalmiste « Avant d’avoir été humilié, je m’égarais » (Psaume 119:67)
LECONS POUR NOUS
L’Apôtre Paul se réfère à cette leçon donnée aux Israélites dans l’une de ses lettres. Il écrit « Ne tentons point le Seigneur, comme le tentèrent quelques-uns d’eux, qui périrent par les serpents….Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles » (1 Corinthiens 10:9-11).
Quelle mise en garde pouvons-nous en retirer pour nous? Tout d’abord nous devrions tous les jours nous souvenir de la providence de Dieu à notre égard. Ne pensons pas que notre « traversée du désert » présente est trop sévère, et ne rêvons pas à une marche directe jusqu’à notre pays promis spirituel. Peut-être ne le savons-nous pas, mais notre délivrance accordée par le moyen de notre Père Céleste peut être plus proche que nous ne réalisons.
Une autre leçon est que nos épreuves et expériences tout au long de notre pèlerinage sont utilisées par Dieu pour prouver notre courage et notre foi. Ce n’est que par l’endurance patiente de toutes les expériences de notre vie que notre caractère se développe et que nos progrès se voient. Quelles que difficiles que ces souffrances puissent être, elles sont réellement nécessaires pour notre victoire en tant que disciples de Christ.
Cependant une autre leçon peut être que ces adversités et afflictions sont des instruments que Dieu emploie pour nous garder dans une condition d’humilité et nous maintenir dans une relation avec lui seul. En tant que brebis, nous pouvons nous égarer. Si c’est le cas, des expériences quelquefois difficiles peuvent nous ramener à notre « bon Berger ». Combien il est rassurant de savoir que notre Père Céleste, comme le père du fils prodigue dans la parabole, est toujours là, les bras ouverts pour nous accueillir dans sa demeure. (Luc 15:20).
LE POISON ET SON ANTIDOTE
Cette expérience des Israelites contient d’autres leçons importantes qui sont portées à notre attention dans le Nouveau Testament. Les serpents qui mordirent le peuple peuvent avoir été appelés « brûlants » à cause de leur dent venimeuse, ou peut-être à cause de leur couleur cuivreuse. Nous comprenons que dans la Bible le serpent est utilisé comme un symbole du péché. Satan, le grand adversaire de Dieu est décrit sous la forme d’un serpent à la fois en Genèse 3:1-4 et en Apocalypse 12:9, et l’apôtre Paul dit « L’aiguillon de la mort, c’est le péché » (1 Corinthiens 15:56).
Les Israélites n’avaient pas d’espoir de se sauver eux-mêmes de ces serpents. Ils étaient déjà morts ou allaient surement mourir. Leur salut vint par un miracle de Dieu, mais seulement par le moyen d’une méthode inhabituelle décrite par le Seigneur. Il leur dit de faire une image d’un serpent en cuivre et de le clouer sur une perche (Nombres 21:9). Le mot hébreu traduit par airain dans ce verset veut dire cuivre et il est ainsi rendu en Esdras 8:27. Il était promis que quiconque regarderait ce serpent d’airain serait guéri. Ceux qui refuseraient de le regarder mourraient.
Il peut paraitre étrange qu’il leur soit demandé de regarder une copie de ce qui les avait justement mordus pour être guéris. Cela avait dû leur paraître incroyable, et leur avait sans doute demandé une grande dose de foi, de croire qu’un tel geste puisse faire du bien. Cependant, ils n’avaient pas d’autre choix que d’essayer et dans leur situation critique, ils n’avaient rien à perdre. Dans la mesure où ceux qui regardaient le serpent d’airain étaient guéris, la foi des autres grandirait. Bientôt, par la foi, tous allaient se tourner vers la perche de bois avec le serpent qui s’y trouvait, pour y trouver le secours.
Le monde est à peu près dans la même condition aujourd’hui. Il a été « mordu » par le serpent du péché et toute l’humanité est soit morte, soit mourante. Il n’y a pas d’autre espoir de salut. La vie est possible seulement en se tournant vers celui qui fut cloué sur une « perche ». Ce dernier était Jésus qui fut cloué sur la croix.
Jésus se réfère à cette circonstance, montrant qu’il fut illustré par le serpent d’airain. Comme rapporté en Jean 3:14-16, Jésus parla à Nicodème en disant « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ».
Quand Jésus parlait de lui-même comme étant « élevé », il se référait à sa crucifixion, sa mort sur la croix. Il utilisait une expression similaire en parlant des Pharisiens : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme… » (Jean 8:28). Quoique ce fut le gouverneur romain qui fit effectuer la crucifixion de Jésus, Dieu considéra les pharisiens et les chefs d’Israël comme responsables de cette atrocité. Ce furent eux qui exercèrent des pressions sur les Romains pour que fut exécuté cet acte terrible, disant « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matthieu 27:25).
Le symbole du serpent sur la perche comme image de Jésus sur la croix fut d’ailleurs expliqué par Jésus lui-même. Cependant, certains acceptent difficilement l’idée de Jésus imagé par un serpent, puisque ce symbole a été utilisé plus tôt dans la Bible pour illustrer Satan, qui se manifesta sous cette forme dans le jardin d’Eden. Bien que se prétendant un ami d’Adam et d’Eve, il leur inocula le poison mortel du péché. Jésus par contre, apparut à l’humanité comme un exemple resplendissant de perfection humaine, apportant avec lui l’antidote pour le poison mortel de Satan.
Notons les paroles de l’Apôtre: « Celui qui n’a point connu le péché (Jésus), il l’a fait devenir péché pour nous » (2 Corinthiens 5:21). La traduction anglaise Emphatic Diaglott traduit l’expression « l’a fait devenir péché pour nous » par « l’a fait devenir offrande pour le péché ». Paul dit également « Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché (en tant qu’offrande pour le péché), son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché » (Romains 8:3).
Jésus vint comme présent de Dieu pour mourir sur la croix afin que toute l’humanité puisse être guérie du douloureux aiguillon du péché et de la mort (Jean 3:16). Que doit-on faire pour être guéri? Accepter ce sacrifice, le « regarder ». Comme moyen de guérison cela semble une solution incroyable pour l’humanité, comme l’instruction de Moïse l’était pour les Israélites. Comment une simple action comme celle-là pouvait-elle provoquer le salut ? Ici encore, l’humanité n’a pas d’autre choix. Pierre dit de Jésus lors de son grand discours du jour de la Pentecôte, il y a environ 2000 ans de cela : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4:12).
Jésus dit « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir » (Jean 12:32,33). Combien nous pouvons être reconnaissants à notre Seigneur Jésus, qui a été élevé au Calvaire, qui est descendu dans la tombe, qui est ressuscité ensuite vers la forme la plus élevée de vie dans l’univers, de bientôt se manifester à tous !
« Et il me montra un fleuve d’eau de la vie, ….et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, …. dont les feuilles servaient à la guérison des nations. Il n’y aura plus d’anathème….Ses serviteurs verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts…..Et que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie, gratuitement » (Apocalypse 22:1-4,17).
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