« Enseigne-nous à prier »

« Seigneur, enseigne-nous à prier » — Luc 11:1

La réponse du Maître à la demande des disciples est un modèle de prière qui est connu dans le monde entier comme « La prière du Seigneur ». Les mots qui la composent ont sans aucun doute été répétés un nombre incalculable de fois au cours des deux mille dernières années écoulées.

Malheureusement, au cours des siècles, elle est, pour la plupart, devenue une simple prière apprise par cœur et prononcée d’une manière répétitive. Peu nombreux sont ceux qui ont vraiment apprécié et compris le sens réel et la puissance de ses mots.

Pour les croyants consacrés, cependant, la profondeur de la Prière du Seigneur nous permet de comprendre le grand plan des âges conçu par Dieu. En tant que telle, cette prière est digne d’être examinée, afin que nous puissions toujours être encouragés et fortifiés par ses paroles et ses enseignements, et donc rendre gloire et honneur à notre Père céleste, le seul « Dieu en vérité », « Dieu vivant » (Jérémie 10:10).

Des hommes de prière

Les serviteurs de Dieu de tous les temps ont été des hommes de prière. Cela était particulièrement vrai de Jésus, qui avait l’habitude de communier souvent et longtemps avec son Père céleste. Le récit de l’Ancien Testament révèle que les prophètes et autres serviteurs éminents de Dieu avaient aussi appris la valeur et la nécessité de la prière.

Les disciples de Jésus semblaient être grandement impressionnés par la vie de prière de leur Maître. Ils ont probablement noté dans une certaine mesure la force et l’encouragement qu’il a reçu par la prière, et son attitude pacifique, même dans des circonstances difficiles. Pour cette raison, ils ont estimé qu’eux aussi pourraient peut-être en bénéficier s’ils étaient en mesure de suivre son exemple. D’où la demande : « Seigneur, enseigne-nous à prier ».

C’est en réponse à cette demande que Jésus a donné un modèle de prière dont il savait qu’il serait bénéfique à ses disciples et adeptes qui suivent ses traces tout au long de l’ère chrétienne. Nous ne faisons pas l’hypothèse qu’il attendait de ses disciples de toujours utiliser les mots exacts de cette prière.

C’est, plutôt, une compilation de ce qui est essentiel pour une prière chrétienne acceptable. Elle traite des éléments fondamentaux qui devraient être présentés devant le trône de la grâce céleste, et les met dans un ordre approprié pour mieux profiter à ceux qui désirent s’engager en étroite communion personnelle avec Dieu.

Le soir avant sa mort, Jésus dit à ses disciples : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé » (Jean 15:7). Il est raisonnable de croire que les « paroles » dont il dit qu’elles « demeurent en vous » incluent le schéma donné dans le modèle de prière de notre étude.

Cela signifie que c’est seulement si nos demandes sont en accord avec les éléments fondamentaux de la prière proposés par le Maître que nous pouvons nous attendre à une réponse favorable.

« Notre Père »

La salutation en introduction de la prière exprime une pensée qui était nouvelle pour les disciples. Elle s’adresse à Dieu comme Père : « Notre Père qui es aux cieux » « Père ! Que ton nom soit sanctifié » (Matthieu 6:9 ; Luc 11: 2).

Pour la nation charnelle d’Israël, le Créateur était le grand Jéhovah Dieu, le « Je suis » de l’univers, et ils étaient simplement ses serviteurs. Les vrais chrétiens, Israélites spirituels, sont également des serviteurs de Dieu. Car de plus, il est dit : « Mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! » (Romains 8:15).

Ceci indique vraiment une relation intime, et quand dans la prière nous nous adressons à Dieu comme « Notre Père », cela évoque dans notre esprit des pensées assurant l’amour tendre de Dieu et un véritable intérêt pour nous d’être ses enfants, membres de sa famille divine.

Néanmoins, nous ne devons pas présumer de la dignité de Dieu simplement parce que nous avons été invités à devenir membres de sa famille. Son nom doit être chéri et révéré en tout temps, en particulier dans la prière. On se rappelle de cela dans les autres mots de salutation qui suivent dans le modèle de prière : « Que ton nom soit sanctifié. »

Le mot « sanctifié » signifie « saint ». La gloire du nom de Dieu est un reflet direct de sa sainteté parfaite, et devrait être notre pensée la plus élevée dans toutes nos requêtes. Que ce soit dans la prière, en parole ou en acte, le premier intérêt du chrétien doit toujours être la gloire et la sainteté de Dieu.

Si, dans nos prières, nous cherchons principalement nos propres intérêts plutôt que la gloire de Dieu et sa sainte volonté, il est peu probable que notre prière recevra de sa part une écoute sérieuse.

Nous trouvons des exemples de prière dans l’Ancien Testament dans lesquelles la gloire et la sainteté de Dieu ont été les pôles d’intérêt majeur. Un des appels de Moïse en faveur d’Israël était une prière dans laquelle il suppliait Dieu de ne pas détruire son peuple rebelle, mais de les préserver. Sa principale considération dans cette prière n’était pas tellement le salut d’Israël mais l’affirmation du caractère saint de Dieu.

Les paroles de Moïse étaient, « de peur que le pays d’où tu nous as fait sortir ne dise : C’est parce que l’Eternel n’avait pas le pouvoir de les mener dans le pays qu’il leur avait promis, et c’est parce qu’il les haïssait, qu’il les a fait sortir pour les faire mourir dans le désert » (Deutéronome 9:28).

Moïse a alors considéré la question : si Dieu avait détruit les Israélites, après les avoir fait sortir d’Egypte, cela aurait été opposé au caractère divin et à son nom. Ainsi, dans cette prière, nous trouvons une application du même principe énoncé ensuite dans les mots : « Que ton nom soit sanctifié. »

Un autre exemple intéressant lorsque nous observons la gloire de Dieu, représentée par son caractère sacré, se trouve dans la prière de Josué à l’occasion de la défaite des Israélites qui tentaient de capturer la ville cananéenne de Ai. Josué a demandé à Dieu sa direction et son aide afin que cette défaite puisse en quelque sorte être transformée en victoire.

La question importante est le nom saint et glorieux de Dieu : « Que feras-tu pour ton grand nom ? » (Josué 7:9). Pour Josué, il semblait inévitable que si Dieu permettait que les Israélites soient vaincus après les avoir guidés miraculeusement en traversant le Jourdain jusqu’à la terre promise, ce serait un sérieux argument contre l’honneur de son nom, et qu’il perdrait l’estime non seulement des Israélites, mais aussi des Cananéens.

Ainsi nous voyons que l’esprit de la prière de Josué à Dieu à cette occasion pourrait bien se résumer par les mots du Maître : « Que ton nom soit sanctifié » (Matthieu 6:9).

« Que ton règne vienne…sur la terre comme au ciel »

Nous ayant appris que ce que la prière a d’abord d’essentiel est de reconnaître Dieu comme notre Père céleste et de rendre une vénération adéquate à son nom glorieux et saint, Jésus continue à développer la prière.

Il indique que ce qu’il faut ensuite prendre en considération dans nos supplications devrait être, non pas nos propres intérêts, mais le bien-être et la bénédiction des autres.

Ceci est exposé en détail dans l’expression, « Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6:10 ; Luc 11:2). Lorsque nous prions « Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite », nous demandons à Dieu de bénir toute l’humanité et de lui enseigner sa volonté, afin que tous aient la possibilité d’obéir et de vivre.

En conséquence, l’idée même de cette expression est calculée pour développer nos cœurs, et nous amener à avoir beaucoup d’intérêt pour le bien-être des autres, même à l’heure actuelle.

Lorsque nous demandons que le royaume de Dieu vienne, nous pouvons savoir avec certitude que nos désirs, pensées et attentes, sont en harmonie avec l’esprit et la volonté de notre Père céleste. Il a promis son royaume de bénédiction pas seulement une ou deux fois, mais par la bouche de tous ses saints prophètes, par Jésus, et par les apôtres.

Son royaume et les bénédictions de vie et de joie qu’il apportera à l’humanité tout entière est le thème du cantique de la Parole de Dieu. Par conséquent, prier sincèrement « Que ton règne vienne » c’est avoir cela à l’esprit, ce qui est proche du cœur de Dieu. Il a prévu et a promis son royaume à travers les âges, et c’est le centre d’intérêt au sujet de sa création humaine.

Dans sa prière, Jésus fait mention de deux phases du royaume de Dieu : « sur la terre comme au ciel ». Ainsi, quand nous prions « Que ton règne vienne », nous demandons à Dieu de donner les bénédictions de son royaume sur le monde en général - sur ceux qui seront « sur la terre » au cours de son royaume.

Et de plus, par ces mots nous demandons au Père céleste de donner aux héritiers du royaume, ceux qui vont régner avec le Christ « dans le ciel » la direction spirituelle et la force nécessaires qui leur permettra d’assurer leur vocation et leur élection.

En bref, la demande, « Que ton règne vienne, …sur la terre comme au ciel », doit être l’expression de notre état d’harmonie avec l’ensemble du plan de Dieu et une preuve de notre intérêt pour ce plan, ainsi que notre désir d’y coopérer. Cela signifie aussi que, dans la prière pour que son royaume vienne et que sa volonté soit faite, nous nous efforçons d’une façon personnelle que la volonté de Dieu soit faite dans notre propre cœur et notre vie.

« Notre pain quotidien »

C’est seulement après avoir d’abord rendu gloire à Dieu, puis avoir clairement montré notre intérêt pour la bénédiction des autres par le biais des deux phases célestes et terrestres du royaume de Dieu, que nous pourrons prier pour rechercher des bénédictions pour nous-mêmes.

A cet égard nos demandes ne devraient pas dépasser les nécessités de la vie, notre « pain quotidien ». La demande, « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », suggère une dépendance filiale par rapport au Père céleste pour la providence des besoins de chaque jour (Matthieu 6:11 ; Luc 11: 3).

Ce n’est pas une demande pour constituer des réserves qui nous rendront indépendants de Dieu demain, ou à tout moment futur. C’est une expression de la foi dans la capacité et la volonté de Dieu de prendre soin de nous aujourd’hui et tous les jours qui suivront.

La question peut être posée de savoir si « notre pain quotidien » dans cette prière se réfère à la nourriture matérielle ou spirituelle. Il semble que ce soit les deux d’après les écritures.

En tant que nouvelles créatures engendrées de l’esprit à l’heure actuelle, nous avons ce « trésor dans des vases de terre » (2 Corinthiens 4:7). Ainsi, toutes les questions relatives au corps, le « vase de terre », sont liées à nos intérêts spirituels, et devraient avoir une place dans nos prières.

Néanmoins, notre « pain quotidien » spirituel est beaucoup plus important que la nourriture matérielle.

L’expression « pain quotidien », pourrait bien être considérée comme incluant non seulement les choses que nous mangeons, mais l’ensemble de nos besoins, la portion quotidienne que Dieu nous attribue, y compris nos expériences de joie et de tristesse, la vie facile et difficile, les bénédictions et les épreuves.

Tous ces éléments sont dans la « coupe » que le Père déverse sur nous, et il est bien de les avoir tous à l’esprit lorsque nous prions « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » . Quand nous élargissons ce point de vue à nos besoins quotidiens nous ne devrions avoir aucune difficulté à discerner que Dieu répond continuellement à nos prières.

Nous souvenant que nous sommes entrés dans une alliance de sacrifice qui appelle à la mort de notre nature humaine, nous ne devons pas nous attendre à ce que Dieu préserve nécessairement notre santé, ou nous fournir toute la nourriture qui peut être essentielle pour maintenir notre corps dans un état vigoureux et en bonne condition.

L’apôtre Paul nous dit qu’il avait appris à « être dans la disette » (Philippiens 4:12). Si Dieu, dans sa sagesse, a permis qu’un fidèle tel que lui souffre ainsi, nous n’avons pas le droit de nous attendre à ce qu’il nous traite différemment.

Le pain et l’eau étaient assurés pour les fidèles d’Israël sous l’alliance de la loi (Esaïe 33:16). En fait, Dieu a promis « Ta corbeille et ta huche seront bénies » (Deutéronome 28:5). Les croyants consacrés, cependant, ne sont pas sous cette alliance. Nous sommes sous une alliance qui appelle le sacrifice des intérêts terrestres et des bénédictions matérielles.

Par conséquent, si Dieu juge que c’est notre intérêt spirituel supérieur d’accepter notre sacrifice en nous accordant une maigre nourriture, nous pouvons nous réjouir de savoir que c’est néanmoins notre « besoin » qu’il satisfait.

« Pain quotidien » spirituel

« L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4:4 ; Deutéronome 8:3). Cette grande vérité a d’abord été donnée à l’Israël naturel.

Jésus l’a utilisée quand il a décliné la suggestion de Satan de transformer des pierres en pain. C’était vrai au sujet d’Israël sous l’Alliance de la Loi, et ce sera vrai de l’humanité sous la Nouvelle Alliance dans l’âge prochain. La nourriture matérielle n’est ni suffisante ni assez saine pour fournir la vie éternelle en dehors de l’obéissance à la volonté de Dieu à « toute parole » de sa bouche.

Cela est particulièrement vrai des nouvelles créatures en Jésus-Christ, à l’heure actuelle. Notre nourriture est la Parole de Dieu. C’est notre « manne » céleste quotidienne. En nous en nourrissant, nous grandissons en stature et en force, d’un enfant jusqu’à la pleine maturité spirituelle en Christ.

Par conséquent, quand nous prions « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », nous demandons ce dont notre existence spirituelle a besoin.

En outre, nous demandons le saint Esprit de Dieu, que son pouvoir et son influence ont pourvu pour nous aider à rassembler, comprendre et bénéficier des avantages de « chacune de ses paroles ».

En effet, Jésus est venu déclarer et nous assurer : « A combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le saint Esprit à ceux qui le lui demandent » (Luc 11:13).

L’esprit de Dieu nous parvient par « la sustentation » quotidienne et l’appropriation de sa Parole. Quand nous prions pour du pain quotidien spirituel, il est implicite que nous sommes prêts à renoncer à nos propres plans, désirs, pensées, et à en être remplis et à être guidés par le plan et la volonté de Dieu, tels que décrits dans les Écritures.

Si notre vie est donc en harmonie avec nos prières, nous pouvons nous attendre avec confiance à ce que notre « pain quotidien » soit abondamment pourvu. La table de Dieu sera chargée de riche nourriture spirituelle à laquelle nous aurons l’heureux privilège de participer.

« Comme nous pardonnons »

Le point suivant de la prière de notre Seigneur concerne notre relation avec Dieu concernant nos transgressions. Jésus, dit clairement que Dieu nous accorde son pardon en fonction de notre pardon aux autres : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Il ajoute : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi » (Matthieu 6:12,14).

Ici encore, nous demandons dans la prière ce que Dieu a promis de faire. Nous sommes invités par les paroles suivantes : « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce » (Hébreux 4:16).

Et nous sommes assurés que « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Dieu a promis : « Autant l’orient est éloigné de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions » (Psaumes 103:12).

Cependant, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que Dieu nous pardonne si nous avons du ressentiment et de l’amertume dans nos cœurs envers les autres. Par inadvertance, nous pouvons donner un sens erroné à cette partie du modèle de la prière du Maître.

Nous pouvons penser aux offenses comme étant simplement des malentendus. Si certains incidents peuvent se produire, nous décidons d’abord que c’est une offense contre nous, mais après enquête, nous constatons que nous avons été mal informés, ou que l’offenseur supposé n’avait pas d’intention telle que nous l’avions pensé au sujet de l’incident. Ainsi, nous sommes heureux de pardonner.

Donc dans un tel cas, il n’y a pas besoin de pardon, car en réalité il n’y a pas eu de faute, seulement un malentendu.

Nos offenses contre Dieu ne sont pas seulement des malentendus. Chaque jour, nous manquons de glorifier son nom comme il se doit en pensée, en parole et en acte.

Il en est de même des véritables offenses que nous avons besoin de pardonner aux autres. Il est important de noter, cependant, que Dieu ne pardonne pas les péchés volontaires. Si nous nous opposons volontairement à lui et nous dénaturons son caractère, nous n’aurons pas envie de lui demander pardon.

La clé de ce point se trouve dans le mot « comme ». Dieu nous pardonnera « comme » ou dans les mêmes conditions, au même degré, et de la même manière, que nous pardonnons aux autres. Cela signifie que si d’autres demandent notre pardon, comme nous demandons le pardon de Dieu, nous devons pardonner.

Au-delà même, cela signifie que nous aurons l’esprit de pardon dans nos cœurs avant même qu’on nous ait demandé de pardonner. Rien ne justifie que nous puissions garder de l’amertume dans nos cœurs, même contre nos pires ennemis. Nous ne devons pas les calomnier, ni leur faire du mal, nous souvenant que nous devons haïr le péché, mais pas le pécheur.

Nous devons être prêts et désireux à tout moment à accorder le pardon aux autres dès qu’ils le demandent, car c’est l’attitude de Dieu envers nous. Dieu veut que nous soyons comme lui.

DIEU ne tente pas l’homme

La demande suivante dans la prière du Seigneur est : « Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin » (Matthieu 6:13 ; Luc 11:4). La traduction Emphatic Diaglott dit « Ne nous abandonne pas dans l’épreuve ». Cependant, la traduction mot-à-mot et de nombreuses autres versions, utilisent le mot « soumettre ».

Le dictionnaire grec de Strong définit le sens du mot comme « induire ». Le même mot grec est parfois traduit par « apporter » dans la version King James. Il semblerait donc que la traduction, « Ne nous induis pas en tentation » soit essentiellement correcte.

Notre première réaction à cette pensée est que sûrement Dieu ne devrait pas « conduire » ou « entraîner » son peuple dans la tentation, alors pourquoi devrions-nous envisager une telle possibilité dans notre prière ? Cependant, Dieu ne nous « abandonnera » pas non plus dans la tentation. Nous pouvons être sûrs que Dieu ne nous entraînera ni ne nous conduira dans la tentation, et il ne nous y abandonnera pas.

Le principe en jeu dans cette partie de la prière est facile à comprendre quand on se souvient que l’ensemble de la demande est une expression de ce que Dieu a promis de faire et a promis de ne pas faire, et en la lui offrant de tout notre cœur, nous ne faisons que revendiquer les promesses de Dieu.

Nous ne prions pas « Que ton règne vienne », avec l’idée qu’il n’y a aucune chance qu’il ne vienne, et nous ne demandons pas non plus à Dieu de faire quelque chose qu’il n’a pas déjà prévu et promis de faire. La prière n’est pas faite pour cela.

Si nous prions avec la pensée d’influencer ainsi Dieu pour changer ses plans, que ce soit pour nous ou pour le monde, nous n’avons pas la bonne conception de ce qu’est une prière acceptable. Si nos supplications sont entendues et ont une réponse, c’est parce que nous demeurons en Christ et que ses paroles demeurent en nous pour diriger nos prières en harmonie avec la volonté et le plan de Dieu.

Ainsi nous prions, « Que ton règne vienne », et nous savons qu’il va venir, parce que Dieu l’a promis. Nous prions « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », et nous savons que tous nos besoins seront satisfaits parce que c’est ce que Dieu nous a promis qu’il va faire. Nous prions, « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » et nous savons que Dieu nous pardonnera dans la même proportion que nous pardonnons aux autres, parce qu’il a promis de le faire.

Ce sont les bénédictions que Dieu a promis de nous accorder comme nouvelles créatures, mais il y a aussi des choses qu’il a promis de ne pas faire. Il a promis de ne pas permettre que nous soyons tentés au-delà de ce que nous sommes en mesure de supporter (1 Corinthiens 10:13). Nous sommes assurés par sa Parole que Dieu « ne tente » personne, ce qui signifie qu’il n’entraîne pas ou ne conduit pas son peuple dans les tentations (Jacques 1:13).

Il est donc tout aussi bon que nous réclamions ces promesses dans nos prières comme celles concernant le royaume, notre pain quotidien, et le pardon de Dieu.

La prière est une expression adressée à Dieu de notre intérêt pour l’accomplissement de ses promesses. Dieu sait tout ce dont nous avons besoin, avant que nous le lui demandions, mais il veut que nous le lui demandions tout de même.

Il est prêt à nous pardonner avant que nous le lui demandions, mais il veut que nous appréciions davantage son pardon en le lui demandant.

Nous savons qu’il ne va pas nous induire en tentation, mais il veut que nous en soyons le plus vivement conscients par la pensée, y compris dans nos prières.

Cela va nous aider à réaliser que lorsque nous cédons à la tentation, c’est parce que nous nous sommes permis d’y être attirés en raison de la faiblesse de notre chair déchue, ou de succomber, ne serait-ce que momentanément, aux influences de Satan. Sachant que Dieu ne nous induis pas en tentation, cela devrait en fait, avoir comme conséquence, très rapidement, que nous réclamions la promesse de son pardon en le lui demandant humblement.

Ce qui a été ajouté

La phrase de conclusion de la prière n’est pas dans les manuscrits originaux. On lit, « Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen ! » (Matthieu 6:13).

Ces mots sont une citation de 1 Chroniques 29:11, et évidemment, à ce sujet, le traducteur qui les a ajoutés à la prière du Seigneur n’était pas justifié à le faire.

Cependant, quand David a prononcé ces mots, il se référait au royaume de Dieu qui prévalait alors en Israël. David était le roi d’Israël, mais il était assis sur « le trône de l’Éternel » (verset 23). Par conséquent, dans cette expression de louange à Dieu, il reconnaissait qu’il n’était pas le véritable souverain d’Israël de son propre droit, mais simplement un représentant de Dieu à qui le royaume appartenait.

Ce royaume réel de Dieu a pris fin quand il a été renversé par le roi de Babylone. A cette époque, la déclaration prophétique était : « Mais cela n’aura lieu qu’à la venue de celui à qui appartient le jugement et à qui je le remettrai » (Ezéchiel 21:27).

Jésus est le roi légitime, et bien qu’il soit venu il y a vingt siècles, ce n’était pas comme roi régnant. Il est venu alors pour son humiliation. L’exercice de son pouvoir royal n’était pas opportun avant son second avènement. Ainsi donc, jusqu’à ce que son royaume soit mis en place et se manifeste au monde, nous devons continuer à prier « Que ton règne vienne ».

Tant que nous prions « Que ton règne vienne » il serait incohérent de dire « c’est à toi qu’appartient le royaume ». C’est vrai que Dieu est le chef suprême de l’univers, et si nous pensons à l’expression, « c’est à toi qu’appartiennent le royaume, la puissance, et la gloire » de ce point de vue, il n’y a rien de particulièrement déplacé dans cette expression.

Néanmoins, ces mots ont été ajoutés par les traducteurs. Ce sont des mots qui désignaient à l’origine un royaume qui a péri avant la première venue de Jésus. Par conséquent, nous croyons qu’il est plus convenable que les chrétiens ne les utilisent pas dans la prière aujourd’hui. En outre, ils sont omis dans l’évangile de Luc.

En résumé, le modèle de prière que Jésus a donné à ses disciples en réponse à la demande, « Apprends-nous à prier » incarne la reconnaissance de Dieu comme « Notre Père » et attribue la gloire et la sainteté à son nom : lui demander d’accomplir ses promesses pour établir les phases célestes et terrestres de son royaume ; lui demander la satisfaction de nos besoins matériels et spirituels quotidiens ; prier qu’il pardonne nos offenses comme nous pardonnons aux autres ; et lui demander de ne pas nous abandonner dans la tentation.

On peut dire que ceux qui suivent les traces du Christ ne peuvent rien faire de mieux comme prière si elle ne relève pas de ces principes généraux.

Si nous sommes guidés par ces principes, il ne sera pas dit de nous « Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal » (Jacques 4:3)

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