La parole de Dieu dans la prophétie – 2ème partie

Les soixante dix semaines

« Soixante–dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte. » — Daniel 9:24

La vision de Daniel, en réponse à sa prière pour le pardon de son peuple, était en réalité une importante prophétie des temps. « Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte », dit Gabriel à Daniel.

Dans les versets vingt-cinq à vingt-sept, ces soixante-dix semaines sont divisées en trois périodes : « sept semaines » plus « soixante-deux semaines » pour aller « jusqu’à l’Oint, le Conducteur ».

Cette mesure du temps prophétique devait commencer « depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie ». Non seulement Gabriel avait assuré Daniel que sa prière avait été entendue, mais de ce fait il savait qu’elle devait avoir une réponse favorable. Les derniers mots de la prière de Daniel étaient « Seigneur, écoute ! Seigneur, pardonne ! Seigneur, sois attentif ! Agis et ne tarde pas, par amour pour toi, ô mon Dieu ! Car ton nom est invoqué sur ta ville et sur ton peuple » (Daniel 9:19 ).

« Sur ta ville » car Jérusalem avait été détruite au début de la captivité d’Israël à Babylone. Mais à présent, Daniel sut qu’un décret serait proclamé l’autorisant à être reconstruite. Cela signifiait que la captivité finirait, comme Dieu l’avait promis, et que « sept semaines et soixante-deux semaines », selon la prédiction des temps, seraient données pour reconstruire Jérusalem jusqu’à ce que vienne le Messie.

La plupart des étudiants de la prophétie s’accordent - et ceci est confirmé par l’histoire séculaire - que soixante-dix ans de captivité d’Israël à Babylone ont commencé en 606 avant JC, pour se terminer en 536 avant JC. Même ceux qui tiennent à d’autres dates pour la période de la captivité ne varient que de quelques années. Plusieurs centaines d’années se sont donc écoulées entre le décret de reconstruction de Jérusalem et la venue du Messie.

Des temps symboliques

Face à cette réalité, nous sommes obligés de réaliser que les sept semaines et soixante-deux semaines doivent être une mesure de temps symbolique, car soixante-neuf semaines littérales seraient une période d’environ seulement seize mois. Mais si les « semaines » de cette prophétie ne sont pas des unités de sept jours littéraux, comment pouvons-nous déterminer à combien de temps cela correspond vraiment ?

Par le prophète Ezéchiel, le Seigneur révèle que dans le temps symbolique il considère que chaque jour représente une année (Ezéchiel 4:6). Soixante-neuf semaines sur cette base seraient, par conséquent 483 jours symboliques, ou 483 années littérales.

Nous voyons de suite que cette période de 483 ans n’est pas loin de l’écart de temps entre la fin de la captivité d’Israël et la venue du Christ. Cependant, il y a deux autres facteurs à prendre en considération avant que nous puissions apprécier la précision minutieuse de la prophétie. Pour commencer, cette période de temps se termine sur « l’Oint, le Conducteur » . Jésus n’était pas « Oint » à sa naissance. Le mot Messie signifie « Oint », et Jésus ne fut pas oint de l’Esprit saint avant d’avoir l’âge de trente ans (Luc 3: 21-23).

C’est à l’automne de l’an 29 que Jésus reçut l’onction de l’Esprit saint, et devint ainsi l’Oint, le Conducteur. En soustrayant ces vingt-neuf ans des sept semaines et soixante-deux semaines symboliques, il resterait 454 ans, ce qui serait la date ‘avant JC’ fixée par cette prophétie.

Mais il manque encore quatre-vingt-deux ans par rapport à la date de 536 avant JC que nous avons vue comme étant la fin de la captivité d’Israël. Cela signifie qu’il y a un autre facteur qui doit être pris en considération avant que nous ayons toute la vérité sur cette merveilleuse prophétie.

Gabriel dit à Daniel que cette mesure du temps commencera « Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie » .

À la fin de la captivité de soixante-dix ans, le roi Cyrus publia un décret autorisant la reconstruction du Temple de Jérusalem, mais ne dit rien à propos de la reconstruction de la ville elle-même, ou de ses murs (Voir Esdras 1:1-4). Certains pensent que c’est le décret dont il est question dans la prophétie des soixante-neuf semaines, mais ce n’est pas le cas.

La reconstruction du Temple

Sous l’autorité de l’édit de Cyrus, les travaux commencèrent pour la reconstruction du Temple de Jérusalem. Mais il y avait des ennemis dans le pays qui s’opposaient au projet. Ils envoyèrent une lettre au roi Artaxerxès, en disant : « Que le roi sache que les Juifs partis de chez toi et arrivés parmi nous à Jérusalem rebâtissent la ville rebelle et méchante, en relèvent les murs et en restaurent les fondements » (Esdras 4:12).

C’était une fausse déclaration, car en réalité c’était le temple qui était en reconstruction, pas la ville et les murs. Mais ces ennemis des Juifs savaient parfaitement qu’aucune permission n’avait été donnée pour reconstruire la ville et ses murs, et sur cette base ils espéraient pouvoir influencer le roi pour interdire tous les travaux de reconstruction, ce qu’il fit d’ailleurs, temporairement.

Le roi renvoya une lettre, qui disait : « En conséquence, ordonnez de faire cesser les travaux de ces gens, afin que cette ville ne se rebâtisse point avant une autorisation de ma part » (Esdras 4:21). Sur la base de cette lettre les ennemis d’Israël réussirent à arrêter les travaux de reconstruction du Temple, mais seulement d’une manière temporaire : « L’ouvrage fut interrompu jusqu’à la seconde année du règne de Darius, roi de Perse » (Esdras 4:24).

Puis une lettre fut envoyée par les Juifs à Darius, lui demandant « de faire des recherches dans la maison des archives » au sujet du décret de Cyrus autorisant la reconstruction du Temple. Darius honora cette demande, et le décret de Cyrus concernant le Temple fut retrouvé, ce qui amena à autoriser à nouveau le travail jusqu’à ce qu’il soit achevé (Esdras 5: 4-17).

Cela peut sembler être beaucoup de détails, mais c’est important, car on en déduit sans aucun doute le fait que la mesure du temps de sept semaines et soixante-deux semaines ne débute pas avec le décret de Cyrus qui fut publié à l’issue de la captivité. Dans le cadre d’application de son décret, la ville et les murs de Jérusalem ne pouvaient pas avoir été reconstruits, ce qui explique qu’Artaxerxès ordonna de cesser le travail jusqu’à ce qu’il donne l’autorisation de le reprendre.

La Perse a eu deux rois nommés Artaxerxès qui ont un intérêt pour les étudiants de la Bible. C’était le premier des deux qui ordonna que les murs et la ville de Jérusalem ne soit pas reconstruits. Apparemment, il régna seulement huit mois, et les historiens sont enclins à penser qu’il était un imposteur. Mais, imposteur ou non, son commandement arrêta le travail de reconstruction de la ville et des murs de Jérusalem.

Il fallut attendre la vingtième année du règne d’Artaxerxès II pour que cette interdiction soit levée. Cette autorisation arriva par le zèle de Néhémie. Néhémie était un Juif fidèle vivant en Perse, servant comme échanson d’Artaxerxès. Dans cette position, il avait l’occasion de comparaître quotidiennement devant le roi.

Certains Juifs de Jérusalem étaient venus lui rendre visite. Il les questionna « au sujet des Juifs réchappés qui étaient restés de la captivité, et au sujet de Jérusalem ». Leur rapport attrista Néhémie, ce qui n’est pas étonnant. Il écrit : « Ils me répondirent : Ceux qui sont restés de la captivité sont là dans la province, au comble du malheur et de l’opprobre ; les murailles de Jérusalem sont en ruines, et ses portes sont consumées par le feu. Lorsque j’entendis ces choses, je m’assis, je pleurai » (Néhémie 1:2-4).

Néhémie cherche l’aide de Dieu

Puis Néhémie pria avec ferveur le Seigneur pour être dirigé et aidé dans la décision qu’il prit de faire appel au roi. Ainsi, comme le rapporte Néhémie, « Je pris le vin et je l’offris au roi. Jamais je n’avais paru triste en sa présence ». Mais cette fois Néhémie était triste, ce que remarqua le roi, et il lui en demanda la cause. Néhémie expliqua quel était l’état lamentable de son peuple, et le fait que la ville où étaient les sépulcres de ses pères « était détruite ». Le roi se rendit compte que Néhémie cherchait des arguments pour lui demander une faveur, et dit : « Que demandes-tu ? ».

Néhémie fut très direct pour exprimer sa demande : « Je répondis au roi : Si le roi le trouve bon, et si ton serviteur lui est agréable, envoie–moi en Juda, vers la ville des sépulcres de mes pères, pour que je la rebâtisse. Le roi me dit alors : Combien ton voyage durera–t–il, et quand seras–tu de retour ? Il plut au roi de me laisser partir, et je lui fixai un temps » (Néhémie 2:5,6).

C’est donc là le décret (ou l’ordonnance), qui fut publié pour la reconstruction de la ville et des murs de Jérusalem. Néhémie demanda à être envoyé en Juda à cette fin, et il plut au roi de l’y envoyer. Les historiens ont fixé la date de la mission de Néhémie à 454 avant JC. Sept semaines et soixante-deux semaines, ou 483 ans à partir de cette date, nous amènent à l’an 29. Ceci est la date à laquelle, comme nous l’avons vu, Jésus est devenu le Messie, le Prince, l’Oint.

Premier à racheter

Cette prophétie concerne donc le temps de la première venue de Jésus. Remarquons comme l’objectif principal de sa première venue est indiqué clairement. C’était « pour faire cesser les transgressions et mettre fin aux péchés, pour expier l’iniquité et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints » (Daniel 9:24 ).

Une grande partie de l’œuvre ainsi décrite fut accomplie par la mort de Jésus. C’est son sang versé qui constitue la base pour la réconciliation avec Dieu. C’est sa mort qui a ouvert la voie à la justice éternelle, plutôt que la simple justice temporaire et partielle rendue possible par les sacrifices typiques des taureaux et des boucs (Hébreux 10:4).

Sa venue comme le Messie, exactement au temps prédit scella la vision et la prophétie. L’onction du « très saint » est peut-être une référence à l’œuvre de sélection des saints de cet âge pour être ses partenaires dans le royaume, en commençant par le reste saint de la nation juive. Ce travail débuta par l’effusion de l’Esprit saint sur les disciples présents à la Pentecôte. C’est là que l’onction, venue en premier sur lui, commença à atteindre ses disciples, en constituant la classe des oints.

Ministère de Jésus

Cela devait être accompli à la fin des soixante-dix semaines symboliques. Or, c’est à la fin de la soixante-neuvième de ces semaines que Jésus commença son ministère. Ce fut après cela, selon la prophétie, que le Messie devait être « retranché, et il n’aurait pas de successeur ». Il fut retranché dans la mort pour les péchés du monde (Daniel 9:26).

Le verset 27 déclare que « dans le milieu de la semaine », en fait le milieu de la soixante dixième semaine, « il fera cesser le sacrifice et l’offrande ». Cela semble se référer à la fin des sacrifices typiques offerts chaque année par les prêtres d’Israël. Il n’y en avait plus besoin après la mort de Jésus comme « l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29,36).

La prophétie déclare que le Messie « fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine » (Daniel 9:27). Ceci est également une référence à la soixante-dixième semaine, qui a commencé avec le baptême de Jésus. Dieu avait fait une alliance particulière avec Israël. Il avait promis : « Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi ; vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux enfants d’Israël » (Exode 19: 5,6).

La semence d’Abraham

Ces paroles étaient en fait la répétition d’une promesse déjà faite à Abraham que par sa « semence » toutes les familles de la terre seraient bénies (Genèse 22:18). Ses descendants naturels furent donc exclusivement habilités à être la « semence » des bénédictions relatives à cette promesse.

Comme cela fut révélé plus tard, il devait y avoir deux parties de cette semence, la terrestre et la céleste, quoique jusqu’à la venue du Christ rien n’ait été véritablement compris concernant la semence céleste. Cependant, tous les vrais fidèles à travers les siècles précédant sa venue sont qualifiés pour être la semence terrestre. Comme « princes dans tout le pays », ils partageront l’œuvre de bénédiction prédite (Esaïe 1:26 ; Psaumes 45:17).

L’exclusivité de la promesse de Dieu concernant Israël était conditionnelle : « Si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance ». La captivité à Babylone était la punition consécutive au manquement de la part de la nation dans son ensemble à répondre à cette condition. Il a été dit à Daniel que soixante-dix semaines symboliques, ou quatre cent quatre-vingt-dix années avaient été prédites sur son peuple, à la fin desquelles « les transgressions » cesseraient, et une fin serait donnée au péché. Il lui a été assuré que « l’alliance » serait confirmée, ou serait en vigueur jusqu’à la fin complète de la soixante-dixième semaine.

L’expression « pour faire cesser les transgressions et mettre fin aux péchés » est comparable à celle qui se trouve dans Ezéchiel 21:30, qui a été faite au dernier roi de Juda, Sédécias : « Et toi, profane, méchant, prince d’Israël, dont le jour arrive au temps où l’iniquité est à son terme ! ». Cela signifait simplement que le Seigneur ne tolérerait plus l’iniquité de la nation dans le sens de leur permettre de continuer d’exister en tant que nation libre, avec leur propre roi. Mais il assure qu’il continuera son alliance exclusive avec eux dans le sens où la possibilité de devenir cohéritiers avec Jésus n’avait pas encore été étendue aux Païens.

C’était la conclusion de cette alliance qui devait avoir lieu à la fin des soixante-dix semaines. Jésus exerça son ministère au cours de la première moitié de cette semaine symbolique. Il comprit que la promesse de son Père pour Israël limitait donc son ministère, et le ministère de ses disciples, à cette seule nation. Mais il avertit le peuple de ce qui l’attendait. Il leur dit : « Le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits » (Matthieu 21:43).

L’heure de Jésus était venue

La prophétie déclare que Jésus devait être « retranché » durant la moitié de la semaine (Daniel 9:26). Sans aucun doute Jésus avait compris cette prophétie des temps. Voilà pourquoi il savait quand son « heure » était venue (Jean 17:1). Voilà pourquoi Paul pouvait écrire que « Christ, au temps marqué, est mort pour des impies » (Romains 5:6).

Après sa résurrection, Jésus savait aussi qu’il ne restait que peu de temps, la moitié d’une semaine symbolique, ou trois ans et demi, avant la fin complète de l’alliance exclusive de Dieu avec Israël, et qu’alors il serait en harmonie avec le plan divin qui prévoyait que l’Evangile irait vers les païens. Alors, quand il rencontra ses disciples pour la dernière fois, il leur commanda « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1:8).

Jésus se rendit compte que si ses disciples avaient commencé leur travail à Jérusalem, puis l’avaient étendu à la Judée et à la Samarie, il se passerait trois ans et demi avant que les Gentils soient atteints. Corneille fut le premier Gentil converti, et bien que les historiens estiment qu’il est difficile d’établir la date exacte de sa conversion, il y a peu de doute que cela ait eu lieu à l’automne de l’an 36, ce qui serait la fin ultime de la soixante-dixième semaine. Il est à noter que le Seigneur attire une attention particulière à cette conversion, comme dans Actes, chapitre dix.

L’intégralité de la prophétie des temps des soixante-dix semaines donnée à Daniel est remarquable. Non seulement elle prédit le moment exact où le Messie allait commencer son ministère et explique qu’il allait mourir pour les péchés des peuples, mais elle mentionne également la destruction de Jérusalem et la désolation qui devait venir sur Israël, la nation n’ayant pas accepté son roi.

Nous lisons « Après les soixante–deux semaines, un Oint sera retranché, et il n’aura pas de successeur. Le peuple d’un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin arrivera comme par une inondation ; il est arrêté que les dévastations dureront jusqu’au terme de la guerre. Il fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande ; le dévastateur commettra les choses les plus abominables, jusqu’à ce que la ruine et ce qui a été résolu fondent sur le dévastateur » (Daniel 9:26,27).

Ainsi, il a été établi que ce récit biblique des soixante-dix semaines fournit une des caractéristiques les plus importantes dans le plan ultime de Dieu de réconciliation et de restitution de sa famille humaine.

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