L’envie et la jalousie, ennemis du peuple de Dieu

« La charité n’est point envieuse » — 1 Corinthiens 13:4

Dans notre passage de l’Ecriture en référence, Paul écrit que l’amour divin ne peut pas être envieux des autres, ou des bonnes choses dont ils jouissent. A un autre endroit, il dit que l’amour est l’un des principaux fruits de l’Esprit, alors que « l’envie » est « l’œuvre de la chair. » Paul dit encore: « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit. Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres » (Galates 5:19-26). Tout disciple du Maître doit désirer être rempli et guidé par l’esprit de l’amour, et ne devrait avoir, par conséquent, aucune raison d’être jaloux des autres. Cependant, le cœur de l’homme est « tortueux par-dessus tout, et il est méchant » (Jérémie 17:9). Ainsi, nous devons être constamment sur le qui-vive, de peur que nous raisonnions faussement qu’il est bon, sous certaines conditions, d’être jaloux des bénédictions du Seigneur pour les autres.

La jalousie est très semblable à l’envie. Salomon a écrit que « la jalousie est inflexible comme le séjour des morts » (Cantique 8:6). Si nous permettons à ses crocs venimeux de s’emparer de nous, la jalousie va dérober de nos cœurs la paix et la joie dans le Seigneur qui peuvent nous habiter. Nous ne devrions pas supposer que nous sommes à l’abri des attaques de la jalousie, ce monstre du mal. Il est non seulement nécessaire que nous prenions garde à nos cœurs, mais que nous cherchions par la prière l’aide et la protection du Seigneur, sachant que dans notre faiblesse, nous ne pouvons pas toujours comprendre notre propre comportement et nos motivations. David écrit: « Qui connaît ses égarements ? Pardonne-moi ceux que j’ignore. » (Psaumes 19:12)

CAIN

Les Écritures nous présentent un certain nombre d’exemples de personnes qui se sont laissées influencer par l’envie et la jalousie, et qui ont subi les maux qui s’en suivent. Caïn est le premier d’entre eux. Bien que les mots envie et jalousie n’aient pas été utilisés au sujet de Caïn, c’est sans doute ces aspects du péché, ou l’égoïsme qui l’ont envahi. Le récit indique qu’il était « très irrité » par le fait que Dieu ait accepté l’offrande d’Abel et ait rejeté la sienne (Genèse 4:5). L’apôtre Jean nous avertit que nous devons, au contraire, « nous aimer les uns les autres », et « ne pas ressembler à Caïn, qui était du malin, et qui tua son frère » (1 Jean 3: 11, 12).

Dans le cas de Caïn, comme dans d’autres exemples du péché d’envie et de jalousie que nous trouvons dans la Bible, les personnes concernées ignoraient Dieu et son action dans ce qui leur arrivait. En fait, Abel n’avait rien à voir avec le rejet de l’offrande de Caïn. Un raisonnement humble et correct aurait incité Caïn à se tourner vers Dieu pour savoir pourquoi son offrande n’avait pas été « excellente » comme celle d’Abel (Hébreux 11:4). Cependant, il ignora Dieu et tua celui sur lequel Dieu avait manifesté sa bénédiction. Comme il serait imprudent pour nous de nourrir le moindre soupçon d’envie envers ceux que Dieu bénit ! Le faire indiquerait que nous sommes indignes des bonnes choses qu’il dispense à ceux que nous envions.

AARON ET MARIE

Une occasion se présenta où Aaron et Marie, le frère et la sœur de Moïse, furent coupables d’avoir laissé l’esprit de jalousie parler contre leur frère. Le texte indique que ces deux serviteurs du Seigneur forgèrent de toutes pièces une accusation contre Moïse pour cacher ce qu’ils avaient vraiment à l’esprit. Nous lisons: « Marie et Aaron parlèrent contre Moïse au sujet de la femme éthiopienne qu’il avait prise, car il avait pris une femme éthiopienne. Ils dirent : Est-ce seulement par Moïse que l’Eternel parle ? N’est-ce pas aussi par nous qu’il parle ? Et l’Eternel l’entendit » (Nombres 12:1,2).

Sommes-nous toujours conscients du fait que le Seigneur entend aussi ce que nous disons, et qu’il connaît les pensées et les intentions de notre cœur? Paul a écrit: « Nulle créature n’est cachée devant lui, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Hébreux 4:13). C’est vrai dans le cas d’Aaron et de Marie. Dieu savait que leur critique sur le mariage de Moïse avec une Ethiopienne était simplement un stratagème. Ce qui couvait vraiment dans leur cœur était un esprit de jalousie sur le fait que leur frère Moïse était si abondamment utilisé comme porte-parole du Seigneur, alors qu’ils sentaient qu’ils étaient tout aussi qualifiés que lui.

En lisant dans leur cœur, le Seigneur savait que Aaron et Miriam avaient simplement été temporairement vaincus par le grand adversaire, aussi il les tire de cette situation comme d’un cette « filet de l’oiseleur. » (Ps. 91:3)

Moïse ne fit apparemment aucun effort pour se défendre contre l’accusation, mais il fut sans doute difficile pour lui d’être attaqué par des membres de sa propre famille. Cependant, le Seigneur justifia Moïse, et après avoir puni sévèrement Miriam, il réintégra Aaron et Miriam dans sa faveur et son service.

SAUL

Dans le roi d’Israël Saül, nous trouvons un autre exemple de la cruauté provoquée par l’envie et la jalousie, lorsque celles-ci sont autorisées à prendre racine dans le cœur. Saül était un homme qui, littéralement, dépassait de la tête et des épaules la plupart de ses frères israélites. Cependant, il ne fut jamais impressionné par l’idée que cela le rendait plus important que les autres. En effet, quand il fut choisi pour être le premier roi d’Israël, il dit: « Ne suis-je pas Benjamite, de la plus petite des tribus d’Israël? et ma famille la moindre de toutes les familles de la tribu de Benjamin? » (I Samuel. 9:21).

Malheureusement, Saül ne maintint pas cette humble estimation de lui-même. Il devint si important à ses propres yeux qu’il présuma de désobéir aux instructions du Seigneur (I Samuel 13:11,12;. 15:17-23). Samuel rappela à Saül qu’il était « petit » à ses propres yeux quand il avait été placé à la tête des tribus d’Israël, et avait été oint pour régner sur eux. Cependant, une fois le pouvoir entre ses mains, il oublia qu’il était « petit », et il n’hésita pas à agir contrairement aux instructions de Dieu. Accusé de cela, il rejeta le péché sur d’autres.

Comme il arrive toujours quand l’intérêt prend le contrôle de la vie de l’un des serviteurs de Dieu, Saul chercha à dominer en recherchant ses propres intérêts. Dieu l’ayant rejeté, il tenta de gouverner Israël comme si Dieu n’avait rien à dire dans les affaires de la nation. Cette attitude le conduisit sûrement à sa propre perte, et dans son repli par rapport à Dieu, l’esprit d’envie et de jalousie commencèrent à prendre racine en lui.

Saül était connu parmi les Israélites comme un guerrier courageux et efficace. Cependant, en commençant par sa victoire sur le géant Goliath, la réputation de David comme guerrier apparut, augmenta et bientôt éclipsa celle de Saül. Nous lisons: « Comme ils revenaient, lors du retour de David après qu’il eut tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d’Israël au-devant du roi Saül, en chantant et en dansant, au son des tambourins et des triangles, et en poussant des cris de joie. Les femmes qui chantaient se répondaient les unes aux autres, et disaient : Saül a frappé ses mille, Et David ses dix mille. Saül fut très irrité, et cela lui déplut. Il dit : On en donne dix mille à David, et c’est à moi que l’on donne les mille ! Il ne lui manque plus que la royauté. Et Saül regarda David d’un mauvais œil, à partir de ce jour et dans la suite » (I Samuel 18:6-9).

Saül « regarda » donc David à partir de là. Dans sa jalousie, il chercha à le tuer, et David fut obligé de fuir sa colère, tandis que Saül le chassait comme il le ferait d’une proie. En revanche, David ne manifesta aucune envie de se venger de son persécuteur. À une occasion, alors qu’il chassait l’objet de sa jalousie, Saül s’exposa par inadvertance à être capturé et même à être mis à mort par David. Un des amis de David lui dit: « Dieu livre aujourd’hui ton ennemi entre tes mains ; laisse-moi, je te prie, le frapper de ma lance et le clouer en terre d’un seul coup, pour que je n’aie pas à y revenir. » (I Samuel 26:8).

C’était un argument de persuasion : « Dieu livre aujourd’hui ton ennemi entre tes mains ». Si David avait nourri la moindre trace d’envie et de haine envers Saül, cet argument aurait été convaincant, et il l’aurait sans doute tué. Voici un point intéressant illustrant ce que recherche le cœur. Est-il possible que nous puissions être contents de ce qu’une action envieuse que nous pourrions mener contre les autres soit la volonté du Seigneur? David eut un point de vue différent, un meilleur, le point de vue du Seigneur. Il répondit: « Ne le détruis pas ! car qui pourrait impunément porter la main sur l’oint de l’Eternel ? Et David dit : L’Eternel est vivant ! c’est à l’Eternel seul à le frapper, soit que son jour vienne et qu’il meure, soit qu’il descende sur un champ de bataille et qu’il y périsse. Loin de moi, par l’Eternel ! de porter la main sur l’oint de l’Eternel ! » (I Samuel 26:9-11).

Comme David afficha merveilleusement sa foi dans la providence de Dieu! Alors que Samuel l’avait oint pour être le nouveau roi d’Israël, il était tout à fait prêt à attendre le temps fixé par le Seigneur pour prendre les rênes du gouvernement, et, apparemment, il n’eut aucun ressentiment contre Saül, même s’il avait été traité injustement par lui.

Dans ces expériences de Saül et de David, il y a des enseignements précieux pour nous. La plupart de membres du peuple du Seigneur se sentent sans doute très « petits » au moment de leur consécration. Combien il est important que cette attitude de douceur et d’humilité soit maintenue. Puisse le Seigneur nous bénir dans son service! Il peut même prévoir que certains de son peuple puissent atteindre des fonctions importantes parmi les frères. C’est un vrai test, car il se pourrait que ceux qui étaient « petits » à leurs propres yeux au début puissent devenir fiers, et dans leur orgueil devenir envieux des autres que le Seigneur peut aussi richement bénir à son service.

L’esprit généreux et aimant de David fut démontré par le fait qu’il ne tenta pas de prendre le royaume de Saül ou le détruire, même s’il savait que Saül avait été rejeté par Dieu. Dans de telles circonstances beaucoup auraient peut-être exprimé leur plaisir d’avoir eu l’occasion de détruire un rival et un ennemi, se réjouissant que les jugements du Seigneur les aient favorisés. David lui, n’était pas de cette disposition. Il était un homme selon le cœur de Dieu, les qualités de son caractère étant grandeur, miséricorde, et esprit de l’amour (I Samuel 13:14 et Actes 13:22). Nous voyons donc qu’il n’y a pas de place pour l’envie et la jalousie dans un cœur qui est rempli de l’Esprit du Seigneur.

JESUS

L’exemple le plus noble sur ce sujet est notre Maître, Jésus. Avant la Pentecôte, les disciples de Jésus étaient préoccupés de savoir qui allait être le plus grand parmi eux. Nous lisons : « Or, une pensée leur vint à l’esprit, savoir lequel d’entre eux était le plus grand. Jésus, voyant la pensée de leur cœur, prit un petit enfant, le plaça près de lui, et leur dit : Quiconque reçoit en mon nom ce petit enfant me reçoit moi-même ; et quiconque me reçoit reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand » (Luc 9:46-48).

La réponse de Jésus dans cette leçon est très inhabituelle. Nous lisons que « Jean prit la parole, et dit: Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons en ton nom ; et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne nous suit pas. Ne l’en empêchez pas, lui répondit Jésus ; car qui n’est pas contre vous est pour vous » (v. 49,50). La relation entre ces deux déclarations est intéressante. Il venait de dire aux disciples que l’important idéal auquel il faut tendre n’était pas d’être le plus grand, mais « le plus petit », au sein de leur propre cercle. Ici, cependant, il s’agissait d’un homme extérieur à leur cercle, et ils pensaient sûrement que Jésus approuverait leur démarche autoritaire envers lui. En effet, la chair déchue est sujette, parfois, à montrer son importance et sa supériorité sur les autres.

Une fois de plus, Jésus dit à ses disciples qu’ils avaient tort. Il n’avait pas spécialement invité ce travailleur à le servir, mais manifestement Jésus n’était pas jaloux de ce qu’il faisait. Il est vrai que Jésus ne demanda pas à ses disciples d’aller coopérer avec ce travailleur indépendant, ni d’essayer de l’amener dans leur communion. Cependant, le point à souligner ici, c’est que Jésus n’était nullement jaloux de cet homme qui travaillait indépendamment de lui et de ses disciples. « Ne l’en empêchez pas » autrement dit, « laissez le faire » dit le Maitre. C’est aussi une bonne leçon pour nous. Le Seigneur de la moisson actuelle est grand et tout-puissant. Il est capable de gérer ses affaires sans que nous nous mêlions de ceux qui ne servent pas comme nous, comme d’ailleurs des frères de notre communauté.

Suivre cet exemple et l’enseignement de Jésus ne signifie pas que nous allions compromettre la vérité. Cela signifie tout simplement que nous devons aller de l’avant dans le service où le Seigneur nous a donné une opportunité, et de ne pas trop se préoccuper de la conduite adoptée par les autres. La tentation de s’en mêler, comme dans le cas des disciples, n’implique pas nécessairement un esprit envieux. Il pourrait tout simplement s’agir, et c’est souvent le cas, du résultat d’un zèle mal dirigé. Cependant, quel qu’en soit le motif, Jésus dit, « ne l’en empêchez pas. »

PAUL

Avec l’apôtre Paul nous avons un autre bel exemple de la disposition de cœur que nous devrions nous efforcer d’avoir, en opposition directe avec l’esprit d’envie et de jalousie. Dans l’église de Corinthe il y avait beaucoup de rivalité, que Paul appela « la chair. » En écrivant à ces frères, il souligna l’erreur de leur position. Certains affirmèrent qu’ils étaient de Paul, d’autres qu’ils avaient suivi Apollos. Paul écrit: « Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître. Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail » (1 Corinthiens 3: 5-8).

Il est à noter que la question discutée ici par Paul n’est pas liée à la fausse doctrine. Il ne dit pas que ceux qui prêchent la vérité et ceux qui prêchent erreur ne font qu’un. La question était la rivalité sur qui devait être le serviteur du Seigneur reconnu dans la prédication de la vérité. En cela, il vient directement au point en disant que le « Seigneur a donné à chacun » ce ministère de la Vérité, c’est-à-dire à chaque homme en Jésus-Christ. Ainsi tous ceux qui, motivés par l’Esprit Saint, exercent leurs privilèges en tant que ministres de l’Evangile, sont « un » dans cette entreprise par Jésus-Christ.

La disposition de cœur de Paul et son attitude sont à nouveau portées à notre attention dans sa lettre aux frères de Philippes. Ecrivant depuis sa prison à Rome, il dit à ces saints bien-aimés, « Je veux que vous sachiez, frères, que ce qui m’est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l’Evangile. En effet, dans tout le prétoire et partout ailleurs, nul n’ignore que c’est pour Christ que je suis dans les liens, et la plupart des frères dans le Seigneur, encouragés par mes liens, ont plus d’assurance pour annoncer sans crainte la parole. Quelques-uns, il est vrai, prêchent Christ par envie et par esprit de dispute ; mais d’autres le prêchent avec des dispositions bienveillantes. Ceux-ci agissent par amour, sachant que je suis établi pour la défense de l’Evangile, tandis que ceux-là, animés d’un esprit de dispute, annoncent Christ par des motifs qui ne sont pas purs et avec la pensée de me susciter quelque tribulation dans mes liens. Qu’importe ? De toute manière, que ce soit pour l’apparence, que ce soit sincèrement, Christ n’est pas moins annoncé : je m’en réjouis, et je m’en réjouirai encore » (Philippiens 1:12-18).

Quel merveilleux témoignage! Beaucoup dans les circonstances difficiles de Paul auraient perdu beaucoup de leur intérêt dans le service du Seigneur avec le sentiment que le Seigneur les ait « mis au placard », et que par conséquent ils n’avaient pas de responsabilité supplémentaire dans le cadre de son service. Il n’en n’était pas ainsi de Paul. Même enchaîné à un garde romain, (Actes 28:16,20) il continua à témoigner de la vérité, et se réjouit d’apprendre que d’autres ont été de plus en plus actifs dans le service du Seigneur.

Paul avait appris que certains prêchaient l’Evangile « avec envie et un esprit de dispute », et pas avec sincérité. Sa puissance et son autorité en tant qu’un des apôtres inspirés lui permirent de connaître les motivations de ceux qui s’efforcent, par leur prédication, « d’ajouter des tribulations » à ses liens. Cependant, il ne fit rien pour empêcher ceux-ci dans leurs efforts impies. Il dit simplement dit qu’il se réjouissait que « que ce soit pour l’apparence, que ce soit sincèrement, Christ n’en est pas moins annoncé. » Comment mesurer ce niveau d’amour ?

La situation était peut-être plus difficile pour Paul qu’elle le serait pour nous. Il connaissait la mauvaise foi de ceux qui cherchaient à lui nuire. Nous ne pouvons pas lire dans le cœur des autres, et ne devrions jamais essayer. Nous ne pouvons que supposer que tous les efforts pour servir le Seigneur en proclamant l’Evangile sont sincères. En croyant cela, nous n’avons pas d’autre alternative que de se réjouir de ces efforts. Soulignons encore une fois que le point considéré n’est pas la prédication d’erreur. Aucun véritable enfant de Dieu ne doit, ou ne peut se réjouir de la prédication de l’erreur. Certes, Paul ne l’a pas fait. Cependant, Paul se réjouit, et nous aussi par conséquent, en se rendant compte que le glorieux Evangile du royaume est prêché, même si dans certains cas, ceux qui le proclament « ne nous suivent pas ». « L’amour n’est pas envieux. »

MOISE

L’attitude de Paul dans cette affaire nous rappelle une expérience dans laquelle Moïse a également affiché une grandeur d’âme similaire. Elle est rapportée en Nombres 11:25-29. Soixante-dix anciens d’Israël étaient rassemblés autour du Tabernacle par Moïse; l’Esprit de l’Éternel les saisit et ils commencèrent à prophétiser. Toutefois, deux des anciens restèrent dans le camp. « Et l’esprit reposa sur eux… et ils prophétisèrent dans le camp ». Josué, qui devint ensuite le successeur de Moïse, attira son attention sur le fait et lui demanda de le leur interdire. Moïse lui répondit : « Es-tu jaloux pour moi ? Puisse tout le peuple de l’Eternel être composé de prophètes ; et veuille l’Eternel mettre son esprit sur eux »!

Cette illustration montre que Moïse n’était pas jaloux. S’il était allé dans les détails, il aurait expliqué à Josué que les deux anciens auraient mieux fait de s’assembler autour du Tabernacle comme les autres, obéissant à ses instructions. Cependant, comme ils ne firent pas cela, et que le Seigneur jugea bon de mettre son esprit sur eux, Moïse ne prit pas ombrage de ce qu’ils lui avaient été plus ou moins désobéissants. En ce qui le concerne, il aurait été heureux si Dieu avait placé son Esprit sur tous les Israélites et en aurait fait des prophètes. Combien cela ressemble au point de vue de Paul, qui lui, souffrait comme un prisonnier romain.

COEURS ELARGIS

Dans sa deuxième lettre aux frères de Corinthe, Paul écrit: Notre bouche s’est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur s’est élargi. Vous n’êtes point à l’étroit au dedans de nous ; mais vos entrailles se sont rétrécies » (2 Corinthiens 6:11,12). Le mot grec traduit ici par « à l’étroit » est défini par le professeur Strong comme « étroitesse de l’espace ». La traduction Weymouth l’exprime par: « Il n’y a pas d’étroitesse dans notre amour pour vous: l’étroitesse est dans vos propres sentiments. »

Paul était bien au-delà des frères de Corinthe comme un tout, dans sa largesse de cœur. Etant donné que seulement certains d’entre eux à ce moment prétendaient être ses disciples, d’autres devaient lui être opposés à un certain degré. Cela n’avait pas d’importance pour Paul. Son cœur s’élargit jusqu’à les accepter tous, et, au mieux de ses capacités, à les édifier dans la très sainte foi. Paul reconnut, comme nous devrions le faire aujourd’hui, que, parmi les disciples du Christ, il y a différents stades de développement chrétien. Il serait peut-être idéal si tous avaient atteint le même degré de croissance spirituelle qui, nous l’espérons, est vrai pour nous. Toutefois, ce ne sera jamais le cas tant que nous sommes dans la chair. Si certains semblent nous dépasser, et si le Seigneur les bénit plus que nous-mêmes, nous ne devons pas les envier. Si d’autres éprouvent notre patience, en semblant être à la traîne dans la grâce et la connaissance, nos cœurs doivent s’élargir pour eux.

Nous avons besoin les uns des autres, d’autant plus que nous « voyons s’approcher le jour » (Hébreux 10:25). « L’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni la tête dire aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous. Mais bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires ; et ceux que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d’un plus grand honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes reçoivent le plus d’honneur, tandis que ceux qui sont honnêtes n’en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur à ce qui en manquait » (1 Corinthiens 12:21-24).

Efforçons-nous, par la prière et une application zélée du principe de l’amour, de ne pas être surmontés par l’esprit de l’envie et de la jalousie. Au lieu de cela, Paul a écrit: « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres » (Philippiens 2:3,). Si nous reconnaissons qu’à certains ou bien des égards, nos frères en Christ sont meilleurs que nous-mêmes, et que nous sommes capables de nous réjouir de leurs qualités supérieures aux nôtres, il n’y aura pas de place dans nos cœurs pour l’envie ou la jalousie. Que le Seigneur nous aide à atteindre ce niveau d’amour élevé et béni dans notre point de vue et dans nos relations avec les autres.

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