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La création – 26ème partie
LE PLAN DE DIEU
DANS LE LIVRE DE LA GENÈSE
Jacob cherche de la nourriture en Egypte
Chapitre 42
Versets 1 à 2 :
« Jacob, voyant qu’il y avait du blé en Egypte, dit à ses fils : Pourquoi vous regardez-vous les uns les autres ? Il dit : Voici, j’apprends qu’il y a du blé en Egypte ; descendez-y, pour nous en acheter là, afin que nous vivions et que nous ne mourions pas ».
Le récit sur la manière dont Joseph devint administrateur de l’Egypte est donné par la Bible, non pour nous informer sur la manière dont les Egyptiens furent préservés durant les sept années de famine, mais plutôt pour nous montrer comment Dieu prend soin de son propre peuple, son peuple choisi, et la manière dont il les préserve. Le récit ne nous dit pas comment Joseph apprit qu’il y avait de la nourriture en Egypte ; il nous dit simplement qu’il « vit qu’il y avait du blé là-bas ».
Jacob posa à ses fils une question, qui montre qu’au cours du temps la nature humaine n’a pas changé. Généralement quand une épreuve nous assaille, nous ne savons que faire, ou quelle voie choisir.
Jacob demanda : « Pourquoi vous regardez-vous les uns les autres ? ». Combien de fois nous regardons-nous les uns les autres, comme si cela nous aidait à trouver une solution au problème auquel nous sommes confrontés!
Il est probable que Jacob ne savait que faire, ainsi que ses fils, jusqu’à ce qu’il apprenne qu’il y avait de la nourriture en Egypte. Mais la réponse était là, et ne trouverait pas de solution tant qu’ils ne feraient pas l’indispensable voyage pour y acheter de la nourriture. Les épreuves qui assaillent les personnes du peuple de Dieu sont rarement résolues sans un effort de leur part. Le Seigneur assure leurs besoins mais pas sans leur coopération.
Dieu avait pourvu l’Egypte en nourriture afin que Jacob et sa famille puissent rester en vie, et la descendance d’Abraham préservée. Mais il était nécessaire que ses fils y aillent et achètent la nourriture. Cependant, c’était un long et périlleux voyage en ces temps-là.
Versets 3 à 24 :
« Dix frères de Joseph descendirent en Egypte, pour acheter du blé. Jacob n’envoya point avec eux Benjamin, frère de Joseph, dans la crainte qu’il ne lui arrivât quelque malheur. Les fils d’Israël vinrent pour acheter du blé, au milieu de ceux qui venaient aussi ; car la famine était dans le pays de Canaan. Joseph commandait dans le pays ; c’est lui qui vendait du blé à tout le peuple du pays. Les frères de Joseph vinrent, et se prosternèrent devant lui la face contre terre.
Joseph vit ses frères et les reconnut ; mais il feignit d’être un étranger pour eux, il leur parla durement, et leur dit : D’où venez-vous ? Ils répondirent : Du pays de Canaan, pour acheter des vivres. Joseph reconnut ses frères, mais eux ne le reconnurent pas. Joseph se souvint des songes qu’il avait eus à leur sujet, et il leur dit : Vous êtes des espions ; c’est pour observer les lieux faibles du pays que vous êtes venus. Ils lui répondirent : Non, mon seigneur, tes serviteurs sont venus pour acheter du blé. Nous sommes tous fils d’un même homme ; nous sommes sincères, tes serviteurs ne sont pas des espions. Il leur dit : Nullement ; c’est pour observer les lieux faibles du pays que vous êtes venus.
Ils répondirent : Nous, tes serviteurs, sommes douze frères, fils d’un même homme au pays de Canaan ; et voici, le plus jeune est aujourd’hui avec notre père, et il y en a un qui n’est plus. Joseph leur dit : Je viens de vous le dire, vous êtes des espions. Voici comment vous serez éprouvés. Par la vie de Pharaon ! Vous ne sortirez point d’ici que votre jeune frère ne soit venu. Envoyez l’un de vous pour chercher votre frère ; et vous, restez prisonniers. Vos paroles seront éprouvées, et je saurai si la vérité est chez vous ; sinon, par la vie de Pharaon ! Vous êtes des espions.
Et il les mit ensemble trois jours en prison. Le troisième jour, Joseph leur dit : Faites ceci, et vous vivrez. Je crains Dieu ! Si vous êtes sincères, que l’un de vos frères reste enfermé dans votre prison ; et vous, partez, emportez du blé pour nourrir vos familles, et amenez–moi votre jeune frère, afin que vos paroles soient éprouvées et que vous ne mouriez point. Et ils firent ainsi.
Ils se dirent alors l’un à l’autre : Oui, nous avons été coupables envers notre frère, car nous avons vu l’angoisse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons point écouté ! C’est pour cela que cette affliction nous arrive. Ruben, prenant la parole, leur dit : Ne vous disais-je pas : Ne commettez point un crime envers cet enfant ? Mais vous n’avez point écouté. Et voici, son sang est redemandé.
Ils ne savaient pas que Joseph comprenait, car il se servait avec eux d’un interprète. Il s’éloigna d’eux, pour pleurer. Il revint, et leur parla ; puis il prit parmi eux Siméon, et le fit enchaîner sous leurs yeux ».
Jacob ne s’était jamais vraiment remis du choc qu’il avait eu quand ses fils lui avaient apporté le vêtement de Joseph taché de sang, qu’ils lui avaient montré en lui disant que son fils avait été mangé par une bête féroce.
Ce jour-là il avait affirmé qu’il continuerait à porter le deuil de Joseph jusqu’à sa mort. Et son deuil fut confirmé par sa décision de ne pas laisser Benjamin accompagner ses frères dans leur voyage en Egypte « dans la crainte qu’il ne lui arrivât quelque malheur ». Cela nous montre clairement que Jacob n’avait pas oublié le malheur qui avait frappé Joseph et que cette tragédie était toujours pour lui un souvenir pénible.
Il est significatif que le nouveau nom de Jacob, Israël, soit utilisé dans ce récit quand il évoque que « les fils d’Israël vinrent pour acheter du blé ». Le chapitre précédent nous montre que la famine s’était abattue sur tous les pays entourant l’Egypte et il est probable que sans le programme de sauvegarde alimentaire de Joseph, l’Egypte n’aurait pas pu suppléer au besoin alimentaire de tous.
Cela veut peut-être dire que tous ceux qui cherchaient de la nourriture auprès de Joseph n’en obtenaient pas forcément. Le nom d’Israël veut dire « le prince qui lutte avec Dieu ». Les fils d’Israël devaient assurer leur nourriture, car leur père avait lutté avec Dieu et à présent Dieu le favoriserait, ainsi que sa famille, en ce grand temps de disette. Le récit indique que Joseph décida personnellement qui serait autorisé à acheter et peut-être combien, de la précieuse nourriture qu’il avait mise en stock pendant les sept années d’abondance. Apparemment il ne laissa pas cette décision importante à ses subordonnés, ce qui fait que ses frères furent directement admis en sa présence. Il les reconnut, mais eux ne le reconnurent pas.
Sans doute avait-il changé depuis le moment, où adolescent, ses frères l’avaient vendu en Egypte. Comme eux étaient sans doute déjà des adultes à ce moment-là, ils n’avaient pas beaucoup changé. De plus, lui étant habillé d’une manière très honorifique, cela contribuait à cacher sa vraie identité.
Quoique Joseph parla rudement à ses frères, et leur causa des moments d’anxiété, ce n’est pas parce qu’il éprouvait de l’aigreur à leur égard. Il voulait leur mettre en évidence le mal qu’ils avaient fait et les amener à confesser leur culpabilité. Joseph se souvenait de ses rêves qui étaient prophétiques d’un temps où ses frères viendraient se prosterner devant lui, à sa merci, et à présent il savait que l’accomplissement de ses rêves était arrivé.
Cela renforça encore plus la foi de Joseph en Dieu ; parce que son cœur était pur et humble, il devint possible pour lui de réaliser même plus que ce que la main de Dieu effectuait par lui, aussi il n’avait pas de raison de se venger de ses frères. Comme il l’exprima plus tard, il vit que c’était véritablement Dieu qui l’avait envoyé en Egypte et que ses frères, bien qu’ils aient voulu lui faire du mal, n’étaient en réalité que les agents utilisés par Dieu pour accomplir ses desseins. Tous ceux du peuple de Dieu devraient s’efforcer de garder ce point de vue dans leurs épreuves, car cela les aiderait à être bienveillants vis-à-vis de leurs ennemis.
La méthode de Joseph de se comporter avec ses frères était unique. En les questionnant sur leurs identités comme il le fit, et en insistant sur le fait qu’ils étaient des espions, ils ne pouvaient faire autrement que de se souvenir de leur frère perdu il y a longtemps et du péché qu’ils avaient commis en le vendant comme esclave.
Tout d’abord, ils furent convaincus, comme jamais auparavant, du mal qu’ils avaient fait à leur frère et ils se le confessèrent les uns aux autres. Cela semble avoir été la première fois où ils furent amenés à l’admettre aussi clairement entre eux.
Cependant, cela demeurait quelque chose de secret, un secret dont ils ne voulaient parler qu’entre eux. Considérant que Joseph était un Egyptien incapable de les comprendre, puisqu’il s’était servi d’un interprète jusque là, ils ne réalisèrent pas qu’il comprenait tout ce qu’ils disaient. Mais lui, les comprenant, fut profondément ému du fait qu’ils reconnaissaient le mal qu’ils lui avaient fait. Joseph dut aller dans une autre pièce pour pleurer.
Dans cette attitude montrée ici par Joseph nous avons une illustration du désir de Dieu de pardonner. Le véritable esprit de pardon, calqué sur celui de Dieu, nous amène à nous réjouir qu’un offenseur commence à réaliser sa faute et à se repentir.
C’est là l’attitude de Dieu vis-à-vis de la famille humaine toute entière, comme nous le voyons dans la parabole de la brebis perdue. Nous y apprenons la joie au ciel quand un pécheur se repent, ce pécheur étant Adam et sa race, c’est-à-dire tous ceux qui perdirent la vie par lui.
Versets 25 à 28 :
« Joseph ordonna qu’on remplît de blé leurs sacs, qu’on remît l’argent de chacun dans son sac, et qu’on leur donnât des provisions pour la route. Et l’on fit ainsi. Ils chargèrent le blé sur leurs ânes, et partirent.
L’un d’eux ouvrit son sac pour donner du fourrage à son âne, dans le lieu où ils passèrent la nuit, et il vit l’argent qui était à l’entrée du sac. Il dit à ses frères : Mon argent a été rendu, et le voici dans mon sac. Alors leur cœur fut en défaillance ; et ils se dirent l’un à l’autre, en tremblant : Qu’est-ce que Dieu nous a fait ? ».
Ce n’est qu’une conscience coupable qui fait attribuer des intentions mauvaises, même dans les bonnes œuvres des autres. Joseph, dans sa bonté, rendit à ses frères l’argent qu’ils avaient payé pour la nourriture qu’ils emportaient en Canaan. Mais quand l’un d’eux le découvrit, ils furent effrayés et sentirent que Dieu les punissait d’une certaine manière. C’était une situation inhabituelle, et quoique de leur propre aveu, ceux avec qui ils avaient affaire n’étaient pas ordinairement aussi généreux, il aurait été plutôt difficile pour eux d’avoir un autre point de vue sur l’incident.
Versets 29 à 34 :
« Ils revinrent auprès de Jacob, leur père, dans le pays de Canaan, et ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé. Ils dirent : L’homme, qui est le seigneur du pays, nous a parlé durement, et il nous a pris pour des espions.
Nous lui avons dit : Nous sommes sincères, nous ne sommes pas des espions. Nous sommes douze frères, fils de notre père ; l’un n’est plus, et le plus jeune est aujourd’hui avec notre père au pays de Canaan. Et l’homme, qui est le seigneur du pays, nous a dit : Voici comment je saurai si vous êtes sincères. Laissez auprès de moi l’un de vos frères, prenez de quoi nourrir vos familles, partez, et amenez-moi votre jeune frère. Je saurai ainsi que vous n’êtes pas des espions, que vous êtes sincères ; je vous rendrai votre frère, et vous pourrez librement parcourir le pays ».
Les neuf frères firent apparemment le voyage de retour vers Canaan sans soucis, mais quand il atteignirent la maison ils eurent un vrai problème pour expliquer à leur père pourquoi Siméon n’était pas avec eux, et pourquoi il serait nécessaire de prendre Benjamin avec eux la fois suivante s’ils espéraient avoir à nouveau de la nourriture. Ils racontèrent leurs expériences en détail, qui leur rappelaient une nouvelle fois le péché qu’ils avaient fait en vendant Joseph et en laissant croire à leur père qu’il était mort.
Versets 35 à 38 :
« Lorsqu’ils vidèrent leurs sacs, voici, le paquet d’argent de chacun était dans son sac. Ils virent, eux et leur père, leurs paquets d’argent, et ils eurent peur. Jacob, leur père, leur dit : Vous me privez de mes enfants ! Joseph n’est plus, Siméon n’est plus, et vous prendriez Benjamin ! C’est sur moi que tout cela retombe.
Ruben dit à son père : Tu feras mourir mes deux fils si je ne te ramène pas Benjamin ; remets–le entre mes mains, et je te le ramènerai.
Jacob dit : Mon fils ne descendra point avec vous ; car son frère est mort, et il reste seul ; s’il lui arrivait un malheur dans le voyage que vous allez faire, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans le séjour des morts ».
Auparavant, seul l’un des frères avait découvert que l’argent avait été rendu. A présent ils virent que l’argent de la nourriture avait été rendu à chacun d’eux dans son sac. Aussi tous eurent peur, y compris Jacob.
Jacob n’avait jamais soupçonné que ses fils aient été directement responsables de la perte de Joseph ; néanmoins il leur rappela à cette occasion qu’à la fois Joseph et Siméon n’étaient plus avec eux et qu’ils revenaient sans eux vers lui. C’est pourquoi il déclara : « Vous me privez de mes enfants ! Joseph n’est plus, Siméon n’est plus, et vous prendriez Benjamin ! ».
Sans le réaliser vraiment, Jacob exprimait ici une vérité concernant surtout Joseph, vérité qu’il fut certainement très désagréable à entendre pour ses fils. Ruben assura une position noble en la matière, offrant ses deux fils en sacrifice s’il ne ramenait pas Benjamin à son père. Souvenons-nous qu’au moment où ses frères voulaient vendre Joseph, Ruben s’était opposé à leur plan. Il avait visiblement une meilleure conscience que les autres.
Jacob, à ce moment-là, était opposé à ce que Benjamin soit emmené en Egypte, car il ne pouvait pas supporter la pensée de le perdre comme il supposait avoir perdu Joseph. Une pareille calamité, dit-il « ferait descendre mes cheveux blancs avec douleur dans le séjour des morts ». Le mot hébreu traduit par ‘séjour des morts’ est ‘shéol’. Il apparaît une seconde fois dans la Bible. Jacob l’avait employé la première fois en une occasion similaire.
‘Shéol’ est le seul mot hébreu de l’ancien testament qui est traduit par ‘enfer’, mais il est habituellement traduit de cette manière quand le texte s’applique à une personne mauvaise. Quand il s’agit de la mort d’un juste, les traducteurs utilisent le mot ‘tombe’. C’est évidemment tendancieux car cela donne l’impression que les méchants vont à un endroit différent des justes après leur mort. Cette traduction est surtout inappropriée car le mot ‘enfer’ laisse penser à un endroit de tourments par le feu.
Il est intéressant de noter, cependant, que Jacob parle de ses cheveux blancs descendant dans le ‘shéol’, la condition de mort. Il est difficile d’imaginer à quoi cela ressemblerait, si le ‘shéol’ est effectivement un endroit de tourment par le feu. Il est clair que les cheveux blancs ne pourraient durer longtemps en un pareil endroit.
En fait, Jacob référait ses cheveux blancs à un symbole de son grand âge. Il portait déjà le deuil de la perte de Joseph et continuerait à le porter ; et si à présent sa peine devait augmenter encore avec la perte de Benjamin, sa mort serait douloureuse, compte tenu de son âge. Il resterait inconscient dans la mort jusqu’à la résurrection.
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(à suivre…)