Vie chrétienne et doctrine |
La création – 19ème partie
LE PLAN DE DIEU
DANS LE LIVRE DE LA GENÈSE
Jacob se prépare à rencontrer Esaü
Chapitre 32
Versets 1 à 5 :
« Jacob poursuivit son chemin ; et des anges de Dieu le rencontrèrent. En les voyant, Jacob dit : C’est le camp de Dieu ! Et il donna à ce lieu le nom de Mahanaïm. Jacob envoya devant lui des messagers à Esaü, son frère, au pays de Séir, dans le territoire d’Edom. Il leur donna cet ordre : Voici ce que vous direz à mon seigneur Esaü : Ainsi parle ton serviteur Jacob : J’ai séjourné chez Laban, et j’y suis resté jusqu’à présent ; j’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes, et j’envoie l’annoncer à mon seigneur, pour trouver grâce à tes yeux. »
En quittant le Mont Galed, Jacob et son groupe continuèrent leur voyage vers Canaan et « des anges de Dieu le rencontrèrent », dit le récit. « C’est le camp de Dieu ! » dit le patriarche. Il donna à ce lieu le nom de Mahanaïm, qui veut dire ‘deux chefs d’armée’ ou ‘deux camps’. En Josué 5:14 est évoqué le chef de l’armée du Seigneur, le successeur de Moïse la voyant comme une armée que le Seigneur envoya pour combattre pour Israël. C’est la signification que Josué attacha sans doute à cette apparence de messagers célestes.
Le récit ne nous donne pas d’information sur cette rencontre, hormis sur le message que les anges de Dieu délivrèrent à Jacob. Le fait qu’il envoya des messagers pour discuter avec Esaü et lui faire connaître la manière dont l’Eternel l’avait béni depuis qu’il avait fuit la maison paternelle, peut indiquer que les anges lui donnèrent des instructions sur la meilleure méthode de rechercher une réconciliation avec son frère.
Cela faisait vingt ans que Jacob avait fuit la colère d’Esaü, mais il ne savait pas si son frère avait changé ou non d’attitude envers lui. On pourrait supposer que la jalousie d’Esaü serait d’autant plus exacerbée en sachant que Jacob était devenu matériellement riche. Soit Jacob ne raisonna pas de cette manière, soit il suivit une stratégie donnée par les anges.
Dans tous les cas, les événements ultérieurs montrèrent que c’était la bonne solution. Il était assurément très rassurant pour Esaü d’apprendre que Jacob avait eu toutes les richesses qu’il voulait et qu’il n’était pas de retour pour prendre possession de ses biens en arguant du fait qu’il avait acheté le droit d’aînesse.
Versets 6 à 8 :
« Les messagers revinrent auprès de Jacob, en disant : Nous sommes allés vers ton frère Esaü ; et il marche à ta rencontre, avec quatre cents hommes. Jacob fut très effrayé, et saisi d’angoisse. Il partagea en deux camps les gens qui étaient avec lui, les brebis, les bœufs et les chameaux ; et il dit : Si Esaü vient contre l’un des camps et le bat, le camp qui restera pourra se sauver. »
Les messagers revinrent porteur d’un rapport relativement ambigu concernant Esaü. Ils l’avaient effectivement rencontré et il leur avait dit qu’il viendrait pour rencontrer Jacob en prenant 400 hommes avec lui. Quand Jacob en fut avisé, il ne put déterminer si ces 400 hommes allaient être utilisés contre lui ou pour lui faire un accueil royal, aussi fut-il effrayé.
Comme nous l’avons déjà fait remarquer, Jacob était un homme timide. Peu de serviteurs de Dieu à travers les âges ont eu plus d’évidences de la faveur de Dieu et de la protection qui leur était donnée, mais face à une situation incertaine, il redevenait craintif. Peu de temps avant, il avait eu peur de Laban. Il avait juste témoigné de la manière merveilleuse dont l’Eternel l’avait sauvé d’une situation précaire où sa peur l’avait laissé, mais là, bien qu’il ait justement eu contact avec les anges de l’Eternel, il eut peur à nouveau.
Poussé par la peur, et pensant sauver au moins une partie de ses richesses, il divisa les gens qui étaient avec lui, ainsi que ses troupeaux, en deux groupes, l’idée étant que si Esaü attaquait l’un des deux groupes, l’autre groupe pourrait s’échapper. Il y avait apparemment deux groupes d’anges qui apparurent à Jacob, et ils lui suggérèrent peut-être l’idée de diviser ses propres forces de cette manière.
Versets 9 à 12 :
« Jacob dit : Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon père Isaac, Eternel, qui m’as dit : Retourne dans ton pays et dans ton lieu de naissance, et je te ferai du bien ! Je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute la fidélité dont tu as usé envers ton serviteur ; car j’ai passé ce Jourdain avec mon bâton, et maintenant je forme deux camps. Délivre–moi, je te prie, de la main de mon frère, de la main d’Esaü ! car je crains qu’il ne vienne, et qu’il ne me frappe, avec la mère et les enfants. Et toi, tu as dit : Je te ferai du bien, et je rendrai ta postérité comme le sable de la mer, si abondant qu’on ne saurait le compter. »
Jacob pria instamment Dieu, admettant qu’il craignait son frère. Son esprit retournait sans aucun doute à l’époque où il dut fuir devant Esaü pour sauver sa vie. L’Eternel avait coopéré en cela avec lui, et dans ce merveilleux rêve de l’échelle, il avait assuré Jacob qu’il serait avec lui et le bénirait. Cette promesse avait été fidèlement gardée.
A présent l’Eternel indiqua à Jacob qu’il voulait qu’il rentre à Canaan, vers son frère, mais toutes les années d’intervention de protection divine et de bénédiction n’étaient pas suffisantes pour rassurer Jacob que l’Eternel serait avec lui lors de son retour, comme il avait été avec lui dans sa fuite.
Gardons-nous cependant de critiquer Jacob dans cette situation. Il est sûr qu’il faisait confiance au Seigneur, c’est pourquoi il pria si ardemment. Sa peur nous marque peut-être uniquement parce que les Ecritures nous la révèle. Une certaine forme de crainte est tout à fait légitime de la part de tous ceux du peuple de Dieu. Nous devrions trembler en pensant à nous-mêmes, de ce fait la peur de Jacob était peut-être de cette nature. C’est quand le peuple de Dieu regarde vers son Créateur, dont dépend sa force, qu’il est fort. Jacob s’était certainement tourné vers l’Eternel pour être guidé et raffermi.
La prière, entre autres, est la demande de promesses divines et c’est précisément ce que Jacob fit. Dieu avait ordonné à Jacob de retourner dans son pays, vers son peuple et il avait promis qu’en faisant cela, tout irait bien pour lui. Et maintenant le patriarche rappela sa promesse au Seigneur. Il reconnaissait qu’il n’était pas digne d’être si richement béni par Dieu, que tout ce que l’Eternel avait fait pour lui représentait la miséricorde et la grâce divine, et c’est ce qu’il dit au Seigneur. Ceci révèle une bonne attitude de cœur, et quand un serviteur de Dieu va vers le trône de grâce dans cette attitude et demande l’accomplissement des promesses de Dieu, il est certain d’être entendu.
L’Eternel avait dit à Jacob : « Je te ferai du bien, et je rendrai ta postérité comme le sable de la mer, si abondant qu’on ne saurait le compter » (verset 12). C’était une promesse que Jacob apprécia spécialement, car elle ne concernait pas que sa sécurité personnelle, mais également le dessein éternel de Dieu, comme précisé dans son alliance avec Abraham. C’était le point principal du droit d’aînesse que Jacob avait acheté d’Esaü et c’était pour la protection de ses droits qu’il était en train de chercher l’aide divine.
Versets 13 à 23 :
« C’est dans ce lieu–là que Jacob passa la nuit. Il prit de ce qu’il avait sous la main, pour faire un présent à Esaü, son frère : deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers, trente femelles de chameaux avec leurs petits qu’elles allaitaient, quarante vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânes. Il les remit à ses serviteurs, troupeau par troupeau séparément, et il dit à ses serviteurs : Passez devant moi, et mettez un intervalle entre chaque troupeau.
Il donna cet ordre au premier : Quand Esaü, mon frère, te rencontrera, et te demandera : A qui es-tu ? où vas-tu ? et à qui appartient ce troupeau devant toi ? tu répondras : A ton serviteur Jacob ; c’est un présent envoyé à mon seigneur Esaü ; et voici, il vient lui–même derrière nous. Il donna le même ordre au second, au troisième, et à tous ceux qui suivaient les troupeaux : C’est ainsi que vous parlerez à mon seigneur Esaü, quand vous le rencontrerez. Vous direz : Voici, ton serviteur Jacob vient aussi derrière nous. Car il se disait : Je l’apaiserai par ce présent qui va devant moi ; ensuite je le verrai en face, et peut-être m’accueillera-t-il favorablement.
Le présent passa devant lui ; et il resta cette nuit-là dans le camp.
Il se leva la même nuit, prit ses deux femmes, ses deux servantes, et ses onze enfants, et passa le gué de Jabbok.
Il les prit, leur fit passer le torrent, et le fit passer à tout ce qui lui appartenait. »
L’envoi de présents par Jacob en vue d’apaiser son frère ne doit pas être compris comme un manque de foi que Dieu l’entendrait et répondrait à ses prières pour être protégé. Tous ceux du peuple de Dieu devraient travailler aussi bien que prier. Si nous prions pour la sagesse divine, nous devrions chercher dans les Ecritures pour la trouver. Si nous prions pour des opportunités de service, nous devrions regarder autour de nous pour voir ce que nous pouvons faire.
Jacob avait demandé au Seigneur de le délivrer de la main de son frère, aussi il utilisa le meilleur jugement qu’il possédait en préparant le chemin pour cette délivrance.
Versets 24 à 32 :
« Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore. Voyant qu’il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l’emboîture de la hanche ; et l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui. Il dit : Laisse-moi aller, car l’aurore se lève. Et Jacob répondit : Je ne te laisserai point aller, que tu ne m’aies béni. Il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit : Jacob. Il dit encore : ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur. Jacob l’interrogea, en disant : Fais-moi je te prie, connaître ton nom. Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit là. Jacob appela ce lieu du nom de Peniel : car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée. Le soleil se levait, lorsqu’il passa Peniel. Jacob boitait de la hanche.
C’est pourquoi jusqu’à ce jour, les enfants d’Israël ne mangent point le tendon qui est à l’emboîture de la hanche ; car Dieu frappa Jacob à l’emboîture de la hanche, au tendon. »
Après avoir fait ce qu’il considérait comme des arrangements propres à apaiser son frère, Jacob, une fois seul pour la nuit, résuma sa communion avec le Seigneur. Le récit dit qu’un homme combattit contre lui. Cette même personnalité trouve sa référence en Osée 12:3-4 en la personne d’un « ange ». Nous devons admettre qu’un ange s’était matérialisé et était apparu à Jacob comme un homme, un homme qu’il reconnut comme étant un représentant direct du Seigneur. Ce point de vue était si réel à Jacob qu’il déclara avoir vu le Seigneur « face à face » (verset 30).
Cette histoire du combat de Jacob toute la nuit avec le Seigneur est familière, et beaucoup de fausses conclusions ont été tirées quant au dessein et à la puissance de la prière. La prière est la demande de l’accomplissement des promesses de Dieu et c’est ce que Jacob était en train de faire. Il n’était pas en train de sécuriser par le Seigneur quelque chose qui ne lui avait pas été promis. La prière n’est pas faite pour changer la volonté de Dieu concernant son peuple.
Dieu avait promis de délivrer Jacob de la main d’Esaü et de lui montrer que tout irait bien pour lui lors de son retour dans son pays. A présent il recherchait simplement une assurance qu’il en serait ainsi. Le Seigneur retint cette assurance de Jacob pendant un temps pour qu’il puisse mieux l’apprécier quand elle serait donnée.
Finalement le principal de la bénédiction fut donné. L’ange dit à Jacob que son nom serait changé en Israël, voulant dire un ‘prince avec Dieu’, quelqu’un qui avait lutté avec Dieu. Jacob comprit ceci comme voulant dire que Dieu avait honoré ses requêtes et qu’il serait protégé lors de sa rencontre avec Esaü.
Il y a d’autres passages dans les Ecritures où les noms d’individus ont été changés pour évoquer la faveur divine exercée en leur faveur. Le nom de Simon fut changé en Pierre et celui de Saul en Paul (Marc 3:16 ; Actes 13:9)
L’ange qui servit de porte-parole de Dieu en réponse à la prière de Jacob manifesta son humilité en ne divulguant pas son nom, demandé pourtant par le patriarche. Il était plus appréciable que Jacob se souvienne de cette expérience comme celle où il avait parlé avec l’Eternel et le fait de connaître le nom de l’ange utilisé par l’Eternel aurait pu en altérer la valeur.
Tandis que le Seigneur utilise des serviteurs pour parler en son nom, il est préférable qu’ils puissent se maintenir eux-mêmes hors de vue autant que possible, de façon à ce que ceux qui servent le Seigneur puissent avoir leurs esprits et leurs cœurs orientés vers le Seigneur, plutôt que vers ses porte-parole.
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(à suivre…)