Vie chrétienne et doctrine |
La création – 18ème partie
LE PLAN DE DIEU
DANS LE LIVRE DE LA GENÈSE
La séparation de Jacob d’avec Laban
Chapitre 31
Versets 1 à 13 :
« Jacob entendit les propos des fils de Laban, qui disaient : Jacob a pris tout ce qui était à notre père, et c’est avec le bien de notre père qu’il s’est acquis toute cette richesse. Jacob remarqua aussi le visage de Laban ; et voici, il n’était plus envers lui comme auparavant.
Alors l’Eternel dit à Jacob : Retourne au pays de tes pères et dans ton lieu de naissance, et je serai avec toi. Jacob fit appeler Rachel et Léa, qui étaient aux champs vers son troupeau. Il leur dit : Je vois, au visage de votre père, qu’il n’est plus envers moi comme auparavant ; mais le Dieu de mon père a été avec moi. Vous savez vous–mêmes que j’ai servi votre père de tout mon pouvoir. Et votre père s’est joué de moi, et a changé dix fois mon salaire ; mais Dieu ne lui a pas permis de me faire du mal.
Quand il disait : Les tachetées seront ton salaire, toutes les brebis faisaient des petits tachetés. Et quand il disait : Les rayées seront ton salaire, toutes les brebis faisaient des petits rayés. Dieu a pris à votre père son troupeau, et me l’a donné.
Au temps où les brebis entraient en chaleur, je levai les yeux, et je vis en songe que les boucs qui couvraient les brebis étaient rayés, tachetés et marquetés. Et l’ange de Dieu me dit en songe: Jacob ! Je répondis : Me voici ! Il dit : Lève les yeux, et regarde : tous les boucs qui couvrent les brebis sont rayés, tachetés et marquetés ; car j’ai vu tout ce que te fait Laban. Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint un monument, où tu m’as fait un vœu. Maintenant, lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ta naissance. »
La providence divine continuait de veiller sur Jacob. L’Eternel l’avait conduit vingt ans avant à Padan-Aram à la maison de Laban, fils de Nachor. A présent que le dessein divin de son séjour était accompli, il devenait clair pour Jacob qu’il devait retourner dans son propre pays.
Heureux sont les serviteurs de Dieu qui savent reconnaître sa providence dans toutes leurs affaires et qui sont prêts à faire de grands changements dans leurs vies quand l’Eternel l’indique comme étant sa volonté. Pendant cet âge chaque disciple de Jésus devrait garder à l’esprit qu’il ne fait que séjourner dans le pays et que ce n’est pas sa résidence définitive.
Quand Dieu révèle sa volonté à son peuple il lui fait coïncider les circonstances de leurs vies. Comme résultat de la bénédiction divine relative à l’accroissement de ses troupeaux, Jacob nota que l’attitude de Laban à son égard commença à changer, c’est-à-dire qu’il n’était plus aussi amical qu’il l’avait été précédemment.
D’un point de vue naturel, c’était compréhensible. Il est difficile d’espérer que Laban se soit réjoui de la providence de Dieu qui, comme il le voyait, l’avait dépossédé de la plupart de ses biens. Cependant, son attitude dut avoir causé du souci à Jacob.
Sans aucun doute Jacob vit un problème naissant qui pouvait facilement devenir sérieux. Cependant la main de Dieu était sur lui, car elle aidait le patriarche à recevoir les instructions de l’Eternel de retourner dans le pays de ses pères. L’attitude de Laban qui changeait à l’égard de son gendre préparait ce dernier à recevoir et à appliquer les instructions de l’Eternel. Et en leur obéissant, Jacob trouva un moyen d’échapper à une épreuve qui aurait été trop difficile à porter.
Après que l’Eternel lui ait demandé de retourner dans son propre pays, Jacob appela Rachel et Léa et leur expliqua le fait, liant l’attitude inamicale grandissante de leur père avec le retour proposé vers Canaan. C’était la chose à faire, car elles seraient obligatoirement concernées par ce départ. Et, d’ailleurs, leur réaction favorable à ce départ servit Jacob comme une confirmation de la volonté de Dieu sur ce point.
Versets 14 à 16 :
« Rachel et Léa répondirent, et lui dirent : Avons–nous encore une part et un héritage dans la maison de notre père ? Ne sommes-nous pas regardées par lui comme des étrangères, puisqu’il nous a vendues, et qu’il a mangé notre argent ? Toute la richesse que Dieu a ôtée à notre père appartient à nous et à nos enfants. Fais maintenant tout ce que Dieu t’a dit. »
La décision de Rachel et de Léa fut vite obtenue. Le fait d’avoir vécu avec Jacob plus de trente ans et d’avoir vu la providence divine dans ses affaires, ainsi que dans les leurs en tant qu’épouses, leur fit réaliser qu’elles n’avaient rien à perdre en quittant la maison paternelle et plutôt à y gagner. Leur réponse à Jacob indique clairement qu’elles avaient appris à faire confiance en son Dieu ; aussi répondirent-elles : « Fais maintenant tout ce que Dieu t’a dit ».
Vu sous cet angle, Rachel et Léa étaient plus conformes à la volonté de Dieu pour celui qu’elles aimaient que d’autres personnes de son peuple.
Quand, pour faire la volonté de Dieu, Jésus annonça qu’il monterait à Jérusalem pour y souffrir et mourir, Pierre lui dit : « A Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne t’arrivera pas » (Matthieu 16:22). Quand Paul alla à Jérusalem, les frères le lui déconseillèrent. Veillons à ne pas nous opposer à la providence de Dieu dans la vie des autres, comme dans la nôtre.
Versets 17 à 24 :
« Jacob se leva, et il fit monter ses enfants et ses femmes sur les chameaux. Il emmena tout son troupeau et tous les biens qu’il possédait, le troupeau qui lui appartenait, qu’il avait acquis à Paddan-Aram ; et il s’en alla vers Isaac, son père, au pays de Canaan. Tandis que Laban était allé tondre ses brebis, Rachel déroba les théraphims de son père ; et Jacob trompa Laban, l’Araméen, en ne l’avertissant pas de sa fuite.
Il s’enfuit, avec tout ce qui lui appartenait ; il se leva, traversa le fleuve, et se dirigea vers la montagne de Galaad. Le troisième jour, on annonça à Laban que Jacob s’était enfui. Il prit avec lui ses frères, le poursuivit sept journées de marche, et l’atteignit à la montagne de Galaad. Mais Dieu apparut la nuit en songe à Laban, l’Araméen, et lui dit : Garde-toi de parler à Jacob ni en bien ni en mal ! »
Quand il fut définitivement décidé à repartir pour Canaan, Jacob ne perdit pas de temps. Il commença tout de suite à préparer son voyage, préparant ses déplacements pendant que Laban était occupé à tondre ses brebis.
Jacob était un homme de Dieu, mais plusieurs circonstances de sa vie montrent qu’il était plus timide que combatif. Il aimait le Dieu de ses pères et avait une grande foi en ses promesses. Il avait été rapide à acheter le droit d’aînesse d’Esaü quand il avait eu une opportunité. Il avait été heureux de recevoir les bénédictions d’aînesse d’Isaac, mais il avait fuit, craignant la vengeance de son frère.
Aussi, quoique la providence de Dieu l’ait protégé tout le temps qu’il était à Paddan-Aram et bien que l’Eternel lui ait signifié que le temps était venu de partir, il s’échappa subrepticement sans avertir Laban de ses plans.
Cependant, dans la manière dont Dieu avait veillé sur Jacob, nous avons de merveilleux exemples de sa manière de palier à la faiblesse et aux erreurs de ceux de son peuple, et de prendre soin d’eux en dépit de leur peur. Ici, après que Laban ait appris la fuite de Jacob (ce qui devait arriver tôt ou tard), Dieu lui parla en songe et le mit en garde contre toute agression contre son gendre. Il est dit au verset 24 que Laban ne devait parler à Jacob « ni en bien ni en mal ».
C’était une chance pour Jacob que Dieu soit intervenu pour lui de cette manière. Il aurait été suffisamment difficile pour Laban d’accepter le départ de Jacob si ce dernier de lui avait annoncé préalablement, aussi le fait de partir en catimini l’avait sans doute rendu très furieux. C’est pourquoi, en fuyant pour échapper à un danger, Jacob rendit la situation plus difficile encore et seule une intervention divine put éviter une tragédie.
Versets 25 à 35 :
« Laban atteignit donc Jacob. Jacob avait dressé sa tente sur la montagne ; Laban dressa aussi la sienne, avec ses frères, sur la montagne de Galaad.
Alors Laban dit à Jacob : Qu’as-tu fait ? Pourquoi m’as-tu trompé, et emmènes-tu mes filles comme des captives par l’épée ? Pourquoi as-tu pris la fuite en cachette, m’as-tu trompé, et ne m’as-tu point averti ? Je t’aurais laissé partir au milieu des réjouissances et des chants, au son du tambourin et de la harpe. Tu ne m’as pas permis d’embrasser mes fils et mes filles ! C’est en insensé que tu as agi. Ma main est assez forte pour vous faire du mal ; mais le Dieu de votre père m’a dit hier : Garde-toi de parler à Jacob ni en bien ni en mal ! Maintenant que tu es parti, parce que tu languissais après la maison de ton père, pourquoi as-tu dérobé mes dieux ?
Jacob répondit, et dit à Laban : J’avais de la crainte à la pensée que tu m’enlèverais peut-être tes filles. Mais périsse celui auprès duquel tu trouveras tes dieux ! En présence de nos frères, examine ce qui t’appartient chez moi, et prends-le.
Jacob ne savait pas que Rachel les eût dérobés. Laban entra dans la tente de Jacob, dans la tente de Léa, dans la tente des deux servantes, et il ne trouva rien. Il sortit de la tente de Léa, et entra dans la tente de Rachel. Rachel avait pris les théraphims, les avait mis sous le bât du chameau, et s’était assise dessus. Laban fouilla toute la tente, et ne trouva rien.
Elle dit à son père : Que mon seigneur ne se fâche point, si je ne puis me lever devant toi, car j’ai ce qui est ordinaire aux femmes. Il chercha, et ne trouva point les théraphims. »
Quittant Paddan-Aram, Jacob franchit l’Euphrate et planta ses tentes sur le Mont Galaad. Laban l’y poursuivit et après une discussion vive, ils se séparèrent visiblement en bons termes. La position précaire dans laquelle Jacob s’était lui-même placé en fuyant nous est révélée au verset 39, où Laban lui dit qu’il était en son pouvoir de lui faire du mal, mais le fait que Dieu lui soit apparu le dissuada de parler « en bien ou en mal » à Jacob.
Laban réalisa bien sûr que compte tenu des différents accords qu’il avait passés avec Jacob, tout ce qu’il avait pris lui appartenait, y compris Rachel et Léa pour lesquelles il avait servi quatorze ans. Mais Laban savait qu’il n’avait pas donné ses idoles, que quelqu’un les lui avait prises et il était persuadé que Jacob était responsable de ce vol. Rachel les avait volées sans que Jacob ne le sache. De ce fait, Jacob était sûr que Laban ne trouverait pas ces images parmi ses biens.
On ne sait exactement pourquoi Rachel déroba les images. Il semble que bien qu’elle ait appris beaucoup sur le Dieu de Jacob et ait placé une grande confiance en lui, elle n’était pas entièrement détachée de l’adoration des dieux de son père. Elle pensait probablement que ses images constituaient quelque chose de tangible au cas où le Dieu de Jacob serait incapable de les conduire sereinement dans cette nouvelle aventure. Sa déférence pour les images n’était pas différente de ceux qui pensent que posséder une image d’un saint peut aider en cas de besoin.
Versets 36 à 42 :
« Jacob s’irrita, et querella Laban. Il reprit la parole, et lui dit : Quel est mon crime, quel est mon péché, que tu me poursuives avec tant d’ardeur ? Quand tu as fouillé tous mes effets, qu’as-tu trouvé des effets de ta maison ? Produis-le ici devant mes frères et tes frères, et qu’ils prononcent entre nous deux. Voilà vingt ans que j’ai passés chez toi ; tes brebis et tes chèvres n’ont point avorté, et je n’ai point mangé les béliers de ton troupeau.
Je ne t’ai point rapporté de bêtes déchirées, j’en ai payé le dommage ; tu me redemandais ce qu’on me volait de jour et ce qu’on me volait de nuit. La chaleur me dévorait pendant le jour, et le froid pendant la nuit, et le sommeil fuyait de mes yeux. Voilà vingt ans que j’ai passés dans ta maison ; je t’ai servi quatorze ans pour tes deux filles, et six ans pour ton troupeau, et tu as changé dix fois mon salaire.
Si je n’eusse pas eu pour moi le Dieu de mon père, le Dieu d’Abraham, celui que craint Isaac, tu m’aurais maintenant renvoyé à vide. Dieu a vu ma souffrance et le travail de mes mains, et hier il a prononcé son jugement. »
Quoique Jacob ait donné à Laban la permission de chercher ses images volées parmi ses biens, chose qu’il fit soigneusement, son insistance commença à irriter Jacob. Laban avait révélé que Dieu l’avait mis en garde de ne pas faire de mal à son gendre; sans doute cela redonna-t-il du courage à Jacob. En tout cas il saisit l’occasion de rappeler à son beau-père qu’il n’avait pas pris avec lui quoi que ce soit qui ne soit pas à lui, qu’il avait travaillé dur pour lui et souvent dans des circonstances dangereuses.
Mais même dans cette réponse pleine de colère, Jacob témoigna de la providence de Dieu à son égard et dit à Laban que s’il n’y avait pas eu Dieu, il aurait quitté Paddan-Aram les mains vides. A partir de là, Laban comprit qu’il serait futile de s’opposer à Jacob. De ce fait le terrain devenait favorable à une réconciliation entre les deux hommes.
Il est toujours bon de réaliser que nos victoires et nos succès dont dus à la providence de Dieu. Les bénédictions principales de Dieu sur son peuple pendant cet âge sont spirituelles, et en tant que nouvelles créatures nous avons beaucoup d’ennemis. Réalisons que nous ne pouvons en venir à bout par notre propre force et que nos victoires sont dues à la grâce de Dieu. Rappelons-nous que celui qui est avec nous est plus grand que ceux qui sont contre nous.
Versets 43 à 55 :
« Laban répondit, et dit à Jacob : Ces filles sont mes filles, ces enfants sont mes enfants, ce troupeau est mon troupeau, et tout ce que tu vois est à moi. Et que puis-je faire aujourd’hui pour mes filles, ou pour leurs enfants qu’elles ont mis au monde ? Viens, faisons alliance, moi et toi, et que cela serve de témoignage entre moi et toi !
Jacob prit une pierre, et il la dressa pour monument. Jacob dit à ses frères : Ramassez des pierres. Ils prirent des pierres, et firent un monceau ; et ils mangèrent là sur le monceau. Laban l’appela Jegar-Sahadutha, et Jacob l’appela Galed.
Laban dit : Que ce monceau serve aujourd’hui de témoignage entre moi et toi ! C’est pourquoi on lui a donné le nom de Galed. On l’appelle aussi Mitspa, parce que Laban dit : Que l’Eternel veille sur toi et sur moi, quand nous nous serons l’un et l’autre perdus de vue.
Si tu maltraites mes filles, et si tu prends encore d’autres femmes, ce n’est pas un homme qui sera avec nous, prends-y garde, c’est Dieu qui sera témoin entre moi et toi. Laban dit à Jacob : Voici ce monceau, et voici ce monument que j’ai élevé entre moi et toi. Que ce monceau soit témoin et que ce monument soit témoin que je n’irai point vers toi au delà de ce monceau, et que tu ne viendras point vers moi au delà de ce monceau et de ce monument, pour agir méchamment.
Que le Dieu d’Abraham et de Nachor, que le Dieu de leur père soit juge entre nous. Jacob jura par celui que craignait Isaac.
Jacob offrit un sacrifice sur la montagne, et il invita ses frères à manger ; ils mangèrent donc, et passèrent la nuit sur la montagne. Laban se leva de bon matin, baisa ses fils et ses filles, et les bénit. Ensuite il partit pour retourner dans sa demeure. »
Laban ne répondit pas au raisonnement de Jacob concernant son droit de propriété sur ses femmes et ses troupeaux. Et personne ne put nier que l’Eternel l’avait béni en l’acquérant. Mais Laban insista sur le fait qu’ils lui appartenaient, étant convaincu contre sa volonté, et n’en pensant pas moins…
Laban réalisa qu’il ne pouvait rien faire, aussi il suggéra de conclure une alliance avec Jacob, alliance que ce dernier accepta. Un monceau de pierres fut érigé comme signe de l’alliance et marqueur de la frontière entre eux. Trois noms furent donnés à ce monument: Jegar-Sahadutha, Galed et Mitspa.
Mitspa veut dire ‘tour de garde’, se référant à la parole de Laban : « Que l’Eternel veille sur toi et sur moi, quand nous nous serons l’un et l’autre perdus de vue » (verset 49).
Utilisé généralement comme signe d’unité, c’était ici un signe de séparation. Le pilier devait marquer la séparation entre Jacob et Laban. Ils devaient prendre des chemins différents, et la suggestion que l’Eternel veillerait entre eux ne concernerait pas que la protection des filles de Laban, mais qu’il les maintiendrait séparés et qu’ils ne s’approcheraient plus l’un de l’autre, surtout pour se faire du mal.
Jacob exprima son appréciation à l’Eternel pour la conclusion heureuse d’une situation qui aurait pu être dramatique en offrant un sacrifice de reconnaissance. Le matin suivant Laban fit ses adieux à tous et retourna dans sa maison, laissant Jacob libre d’aller son chemin vers Canaan.
&
(à suivre…)