Etude de l’épître de Paul aux Hébreux – (Suite N° 11)

« Retenir fermement sa foi »

HEBREUX — CHAPITRE DIX, Versets 23 à 39

Globalement, l’Epître aux Hébreux est divisée en trois sections. Les six premiers chapitres sont en grande partie de l’exhortation, bien qu’ils amorcent le fond de la discussion doctrinale (la deuxième section) qui commence au chapitre 7. Cette discussion doctrinale, avec çà et là des exhortations occasionnelles, se poursuit jusqu’au verset 22 de ce dixième chapitre. La troisième section commence ici, et tandis que la base doctrinale se prolonge, l’Apôtre recommande instamment aux frères de renouveler leur foi et leur ardeur de peur de s’en écarter (Hébreux 2:1).

Verset 23

« Retenons la profession de notre espérance sans chanceler, car celui qui a promis est fidèle »

Après que l’Apôtre Paul ait expliqué comment Jésus a ouvert un nouveau chemin de vie pour ceux qui suivraient ses pas, il leur recommande instamment de retenir la profession de leur foi tandis qu’ils suivent ce nouveau chemin. Dans le texte grec, c’est le mot « espoir » qui est employé plutôt que le mot « foi ».

L’exhortation est donc là, pour retenir la profession de notre espérance. C’est cette espérance qui est là comme une ancre pour nos âmes, car elle pénètre au-delà du voile, en nous faisant découvrir ce qui s’y trouve. Ainsi, si nous avons le désir d’entrer dans le lieu le plus saint de tous, nous devons nous tenir à l’ancre de notre espérance, une ancre qui doit être fermement attachée au-delà du « voile » (Hébreux 10:19,20).

Paul a déjà expliqué que le voile représente la chair de Jésus, sa chair sacrifiée, bien entendu. Et si nous devons entrer dans ce qui est au-delà du voile, elle signifie également le sacrifice de notre chair, par similitude avec sa mort. Par nous-mêmes, nous ne sommes pas suffisamment capables d’y arriver. Ce n’est que si nous sommes « aspergés » et « lavés » que Dieu nous considérera dignes (Hébreux 10:22). Ces pensées ont été illustrées dans l’image des sacrificateurs qui aspergeaient le sang, et se lavaient à la cuve dans le parvis.

Nous devons retenir la profession de notre foi « sans chanceler ». Les Hébreux montraient une tendance à chanceler, et le grand effort de l’Apôtre dans toute son épître est de renforcer leur détermination « d’aller vers la perfection », et de ne pas se retourner (Hébreux 6:1).

Ils avaient apparemment supporté de grandes souffrances à cause de leur foi en Christ, et leur hésitation était probablement due en partie à leur manque de compréhension dans les sacrifices meilleurs de l’âge de l’Evangile, d’où les efforts de Paul pour leur montrer qu’ils étaient des sacrificateurs et, qu’en tant que tels, ils devaient offrir le sacrifice, non d’animaux, mais d’eux-mêmes.

En accord avec ce plan divin, Dieu était fidèle. S’ils attendaient de lui qu’il les délivre de toute épreuve, alors il se révélerait infidèle vis-à-vis de son plan, mais avec la vision appropriée de leur place dans le plan de Dieu, ils devaient pouvoir « retenir » leur foi pour entrer dans « le lieu très saint ».

Versets 24, 25

« et prenons garde l’un à l’autre pour nous exciter à l’amour et aux bonnes œuvres, n’abandonnant pas le rassemblement de nous-mêmes, comme quelques-uns ont l’habitude [de faire], mais nous exhortant [l’un l’autre], et cela d’autant plus que vous voyez le jour approcher »

Paul a écrit aux frères de Philippe : « Chacun ne regardant pas à ce qui est à lui, mais chacun aussi à ce qui est aux autres » (Philippiens 2:4). C’est ce que signifie « prendre garde l’un à l’autre ». Nous devons considérer les besoins des autres, en particulier au niveau spirituel, les identifier, et faire tout ce que nous pouvons pour aider, pour encourager, pour inciter, en particulier à l’amour et à de bonnes œuvres.

Le besoin récurrent qui se présente le plus fréquemment chez tous les chrétiens est peut-être d’être ainsi incité. La chair se rétracte du sacrifice, et il est si facile de devenir « las de faire des bonnes œuvres » que nous avons besoin de l’exhortation à la fidélité que nous recevons les uns des autres (Galates 6:9).

Il est difficile d’exhorter ceux avec lesquels nous ne sommes pas associés, aussi, logiquement, l’Apôtre nous rappelle l’importance de se réunir pour l’encouragement mutuel, « et cela d’autant plus que le jour approche ».

Cette épître a été écrite avant la destruction de Jérusalem, période de détresse qui a amené l’âge judaïque à sa fin. Cette détresse était dans une mesure l’image de celle qui s’abat sur le monde d’aujourd’hui, qui maintenant annonce l’approche imminente du nouveau jour des bénédictions du royaume.

Il est possible que les conditions qui ont amené cette détresse à la fin de l’âge judaïque aient été considérées comme des signes annonçant que le royaume était proche. Dans tous les cas, l’église primitive ne s’attendait pas à ce que presque vingt siècles s’écouleraient avant que le royaume soit établi. Paul a écrit que la nuit était très avancée, et que le jour était proche (Romains 13:12).

Pour l’église primitive, le temps était court, et c’était une des raisons pour lesquelles ils devaient se rassembler le plus possible. Avec quelle force amplifiée cette exhortation s’applique au peuple du Seigneur maintenant, quand le « jour » non seulement s’approche, mais se prépare à se manifester dans la bénédiction du monde maudit par le péché et la mort. Jamais auparavant il n’était aussi important pour le peuple du Seigneur de se réunir pour un encouragement mutuel.

Versets 26, 27

« Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une certaine attente terrible de jugement et l’ardeur d’un feu qui va dévorer les adversaires. »

C’est le péché volontaire d’Adam, premièrement, qui est expié par le sang du Christ. C’est parce qu’il n’y a « plus d’autre sacrifice pour les péchés » que ceux qui maintenant, après être parvenus à une connaissance de la vérité, redeviennent des pécheurs volontaires et s’obstinent dans leur péché, mourront de la « seconde mort » (Apocalypse 21:8).

L’inattention n’est pas en soi un péché nécessairement volontaire bien qu’elle puisse facilement mener à une négligence volontaire de la grâce de Dieu. C’est peut-être la raison pour laquelle l’Apôtre mentionne la notion de péché volontaire et ses conséquences immédiatement après son exhortation à ne pas abandonner nos rassemblements. Il est sûr qu’un manque d’intérêt à rencontrer le peuple du Seigneur peut être une première étape vers la perte de tout intérêt pour la vérité et le Seigneur.

Versets 28, 29

« Si quelqu’un a méprisé la loi de Moïse, il meurt sans miséricorde sur [la déposition de] deux ou [de] trois témoins : d’une punition combien plus sévère pensez-vous que sera jugé digne celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui a estimé profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui a outragé l’Esprit de grâce ? »

Il se peut que quelques chrétiens interprètent « la punition combien plus sévère » mentionnée ici comme une torture éternelle. Mais telle n’est pas la pensée. Le salaire du péché, c’est la mort. Ceux qui péchaient obstinément contre la loi de Moïse sont morts, mais leur mort n’est pas éternelle.

Cet âge était alors une image, et la punition de mort alors infligée était simplement l’illustration de la « seconde mort », une mort pour laquelle les Ecritures ne promettent aucune résurrection. Cette dernière punition est donc « plus sévère » parce qu’elle durera pour toujours.

Paul suggère que le péché qui a finalement comme conséquence la seconde mort est de fouler aux pieds le fils de Dieu, et considérer le sang de l’alliance comme une chose profane. Mais notez l’expression « par laquelle il avait été sanctifié ». Ceci indique que seuls ceux qui ont accepté le sang et ont été sanctifiés par lui, peuvent « outrager l’esprit de grâce », et recevoir la punition de la deuxième mort.

Versets 30, 31

« Car nous connaissons celui qui a dit : A moi la vengeance ; à moi la rétribution, dit le Seigneur ; et encore : Le Seigneur jugera son peuple. C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! »

La sentence du Seigneur : « A moi la vengeance », est fréquemment citée dans les exhortations aux frères pour ne pas se juger les uns les autres, mais pour laisser tout jugement au Seigneur. Ici l’Apôtre l’emploie pour souligner que le Seigneur punira effectivement le pécheur obstiné. Cela est si sérieux pour ceux qui rejettent les dispositions du sang du Christ en ayant été « aspergés » et sanctifiés par ce sang, qu’il ajoute, « il est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ».

Outrager ainsi la grâce de Dieu par Christ, est en effet une chose terrible. Pour eux il ne reste plus rien « qu’une attente craintive du jugement et de la colère ardente, qui dévorera les adversaires », dont ils font partie. Tomber dans les mains de Dieu comme indiqué ici veut dire être traité selon les limites de sa justice la plus stricte, et sans l’avantage du mérite du sang du Christ.

Versets 32 à 34

« Mais rappelez dans votre mémoire les jours anciens, dans lesquels, ayant été éclairés, vous avez enduré un grand combat de souffrances, soit en ce que vous avez été offerts en spectacle par des opprobres et des afflictions, soit en ce que vous vous êtes associés à ceux qui ont été ainsi traités. Car vous avez montré de la sympathie pour les prisonniers et vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez pour vous-mêmes des biens meilleurs et permanents ».

Dans ces versets est rappelé à nouveau l’objectif de l’Epître, à savoir, rétablir la foi et le zèle des frères hébreux. Les « jours anciens » étaient ceux du zèle et du dévouement, les jours où ils avaient accepté « avec joie l’enlèvement de leurs biens ». Mais à l’évidence un changement s’était opéré. Leur « premier amour » s’était légèrement refroidi (Apocalypse 2:4).

Le but évident de Paul en leur demandant de se rappeler ces jours anciens était qu’ils puissent essayer de manifester à nouveau leur esprit d’amour, de joie et de dévouement.

Dans cette remontrance sont exposées deux manières de souffrir avec Christ :

— la première est d’être au front de la bataille, et ainsi d’entrer en contact réel avec les épreuves et les persécutions qui résultent d’une telle participation active au travail de l’Evangile,

— l’autre est d’être « associé avec ceux qui sont ainsi traités ».

Paul a beaucoup souffert de la première manière, mais dans l’église primitive, beaucoup, y compris les Hébreux, ont souffert avec lui en rendant public le fait qu’ils étaient ses amis et défenseurs.

Dans l’un ou l’autre des cas c’était toujours un privilège pour les frères de souffrir dans l’intérêt de la justice et, par fidélité, de prouver qu’ils étaient dignes d’être cohéritiers avec Christ dans le royaume.

Versets 35, 36

« Ne rejetez donc pas loin votre confiance qui a une grande récompense. Car vous avez besoin de patience, afin que, ayant fait la volonté de Dieu, vous receviez les choses promises ».

A nouveau est indiquée la tendance évidente des Hébreux de laisser aller leur prise sur « ces choses ». Parfois le poids des épreuves entraîne un découragement temporaire. C’est compréhensible, mais Paul voulait les mettre en garde contre le fait d’abandonner ou rejeter au loin leur confiance, ce qui pourrait être très proche d’un péché délibéré.

« Vous avez besoin de patience », a écrit Paul. Le comportement des Hébreux a été bon pendant un certain temps, mais ils ont eu besoin de patience afin de continuer. Ils avaient fait « la volonté de Dieu » en se présentant eux-mêmes en sacrifice, mais ce n’était pas assez, car cette unique chose n’aurait pas eu comme conséquence de recevoir ce que le Seigneur avait promis. Seuls ceux « qui tiendront jusqu’à la fin » recevront « la couronne de vie » (Matthieu 24:13 ; Apocalypse 2:10 ).

Verset 37

« Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas. »

L’élément de temps dans le plan de Dieu a toujours été pour son peuple une épreuve de foi. L’Apôtre fait référence ici à la prophétie d’Habacuc 2:2,3 où le Seigneur nous donne l’assurance que la grande vision de son plan ne tardera pas. Paul applique ainsi cette prophétie à la fin de l’âge, au retour et à la présence du Christ.

Ce grand événement dans le plan de Dieu était l’inspiration de l’église primitive. Le fait que Paul y fasse référence souligne ici que tout ce qu’il avait dit au sujet de l’espoir de l’église et du monde n’aura son accomplissement qu’au « moment où celui qui vient viendra ». Et maintenant qu’il est présent, quelle devrait être notre fidélité ! Combien devrions-nous retenir fermement notre foi sans hésiter !

Versets 38, 39

« Or le juste vivra de foi ; et : Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui. Mais pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme. »

L’Apôtre cite à nouveau la prophétie d’Habacuc (chapitre 2, verset 4) « le juste vivra par la foi ». Mais la perte de foi signifie un retrait. Avec quelle fermeté, pourtant affectueuse, l’Apôtre a essayé de faire prendre prise à ces Hébreux et de les relever jusqu’à une condition plus ferme. « Nous ne sommes pas de ceux qui se retirent jusqu’à la perdition ».

A l’évidence ils ont laissé glisser ces choses dans une certaine mesure, mais ils n’ont pas encore péché obstinément. Ils ont eu besoin d’être encore enseignés sur les « premiers principes des oracles de Dieu » (Hébreux 5:12), mais Paul a cru la chose possible, en ce qu’ils n’étaient pas de « ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme ». Il ne fait aucun doute que Paul avait raison.

&


Association des Etudiants de la Bible