Etude de l’épître de Paul aux Hébreux – (Suite N° 7)

« Selon l’ordre de Melchisédek »

HEBREUX — CHAPITRE SEPT

Versets 1, 2

« En effet ce Melchisédek, roi de Salem, Sacrificateur du Dieu Très Haut, qui alla à la rencontre d’Abraham lorsqu’il revenait de la défaite des rois, qui le bénit, et à qui Abraham donna la dîme de tout, qui est d’abord roi de justice, d’après la signification de son nom, ensuite roi de Salem, c’est-à-dire roi de paix »

C’est au chapitre 5, aux versets 6, 10 et 11, que Paul mentionne d’abord Melchisédek comme une figure du Christ, et il écrit là qu’il a « beaucoup de choses » à dire au sujet de lui, des choses qui sembleraient « dures à supporter pour les Hébreux » parce que, comme l’explique l’Apôtre, ils étaient devenus « lassés d’entendre ».

Et dans le dernier verset du chapitre 6, Jésus est désigné comme « un souverain sacrificateur pour toujours selon l’ordre de Melchisédek ».

Dans le septième chapitre, Paul détaille les « beaucoup de choses » concernant Melchisédek qui s’avère être un type de Christ, le sacrificateur régnant de l’âge Millénaire. Ce chapitre entier est consacré à montrer combien, de toutes les formes, typique et antitypique, le sacerdoce de Melchisédek était plus grand que l’Ordre d’Aaron.

Melchisédek était à la fois un roi et un sacrificateur, et du point de vue divin, un sacrificateur souverainement honoré. Abraham, un ami de Dieu sur la base de sa foi, était suprêmement honoré par Jéhovah, mais Abraham paya cependant une redevance à Melchisédek, lui donnant la dîme de tout le butin de la bataille remportée sur les rois qui avaient capturé son neveu Lot (Genèse 14:18-20).

Le nom de Melchisédek est très significatif, se composant de melek, signifiant « roi », et tsedeq, signifiant « justice ». Il était réellement roi de Salem. Salem signifiant « paix », Melchisédek était donc « roi de paix ». L’image de Melchisédek était ainsi clairement définie, celui dont le prophète Esaïe a écrit que « l’accroissement de son empire et de la paix n’aurait pas de fin » (Esaïe 9:6).

Verset 3

« Sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie, mais assimilé au Fils de Dieu, demeure sacrificateur à perpétuité »

La pensée évidente de ce texte est que Melchisédek n’avait ni père ni mère dans le sacerdoce, c’est-à-dire qu’il n’avait pas hérité cette charge de ses parents, mais que cette charge lui avait été donnée directement par Dieu.

Paul souligne ce point afin d’ôter un doute que certains pourraient avoir au sujet de Jésus, à savoir que n’étant pas de la tribu de Lévi, il ne pourrait pas donc être sacrificateur. Dans l’arrangement de l’âge judaïque, c’était Dieu qui avait institué la tribu de Lévi, d’où devaient être choisis les Sacrificateurs. De la même manière, Dieu a eu toute autorité pour en appeler d’autres à ce sacerdoce. C’est ce qu’Il fit dans le cas de Melchisédek, ainsi que de Christ, le Melchisédek antitypique.

Dans l’ordre d’Aaron du sacerdoce, il y avait une règle de succession, mais celle-ci n’existait pas dans l’ordre supérieur, celui de Melchisédek. Melchisédek n’a eu ni prédécesseur ni successeur dans le sacerdoce. A cet égard il était comme « le fils de Dieu » qui de la même manière est le seul à ce niveau le plus élevé de sacrificature. Paul explique que la signification typique de ceci est que Christ est « un Sacrificateur pour toujours ».

Versets 4-10

« Mais considérez combien grand était celui à qui même Abraham donna une dîme du butin, lui le patriarche. Et ceux d’entre les fils de Lévi qui reçoivent la sacrificature ont bien un commandement de recevoir la dîme du peuple selon la loi, c’est-à-dire de leurs frères, bien qu’ils soient sortis des reins d’Abraham ; mais celui qui ne tire pas généalogiquement son origine d’eux, a reçu la dîme d’Abraham et a béni celui qui avait les promesses. Or, sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent. Et ici, des hommes qui meurent reçoivent des dîmes ; mais là, celui de qui il est rendu témoignage qu’il vit et, pour ainsi dire, Lévi même, qui reçoit des dîmes, a payé la dîme en Abraham, car il était encore dans les reins de son père quand Melchisédek alla au-devant de lui. »

Le raisonnement de Paul dans ces versets est irréfutable. Abraham est considéré comme un des plus grands héros de la foi mentionnés dans la Bible, sinon le plus grand. En Romains 4:13, il est désigné comme « l’héritier du monde ». Pourtant il paya la dîme à Melchisédek, et, comme l’indique Paul, « le moindre fut béni par le plus excellent » (verset 7).

Le chef de la tribu de la sacrificature d’Israël, c’est-à-dire Lévi lui-même, paya la dîme à Melchisédek alors qu’il était encore dans les reins d’Abraham. Personne de la tribu de Lévi, pas même les Sacrificateurs n’ont pu, de ce fait, être aussi grands que Melchisédek.

« Celui de qui il est rendu témoignage qu’il vit » : Il n’existe aucun enregistrement concernant la naissance ou la mort de Melchisédek. Tout ce que nous savons est qu’il a vécu. Ceci fait de lui une figure précise de la charge perpétuelle de Christ ; il est prophétiquement indiqué : « Tu es un Sacrificateur pour toujours selon l’ordre de Melchisédek » (Psaume 110:4 et Hébreux 5:6). Dans ce passage, Paul a pu également faire référence au témoi-gnage des « deux hommes » présents au tombeau du Melchisédek antitypique, quand ils ont dit aux femmes qui cherchaient le corps de Jésus, « Pourquoi recherchez-vous celui qui est vivant parmi les morts ? » ou, comme autre traduction, « pourquoi recherchez-vous celui qui vit ? » (Luc 24:4,5).

Verset 11

« Si donc la perfection était par la sacrificature lévitique, (car c’est en relation avec elle que le peuple a reçu sa loi) quel besoin était-il encore qu’un autre sacrificateur se levât selon l’ordre de Melchisédek et qui ne fût pas nommé selon l’ordre d’Aaron ? »

Dans ce verset Paul présente encore un autre argument expliquant pourquoi les croyants devaient s’attendre à ce que le sacerdoce d’Aaron soit remplacé par un autre, plus élevé. C’était le fait que le sacerdoce lévitique ou aaronique ne pouvait pas apporter la perfection à ceux auxquels il était destiné. « Dieu qui autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières » (Hébreux 1:1), avait parlé aux pères juifs par les prophètes, avait prévu qu’il y aurait un autre sacerdoce établi, un sacerdoce selon l’ordre de Melchisédek, et maintenant Paul, inspiré, précise une autre raison pour laquelle ce fait était nécessaire.

Versets 12-17

« Car la sacrificature étant changée, il y a aussi par nécessité un changement de loi. Car celui à l’égard duquel ces choses sont dites appartient à une autre tribu, dont personne n’a été attaché à l’autel ; car il est évident que notre Seigneur a surgi de Juda, tribu à l’égard de laquelle Moïse n’a rien dit concernant des sacrificateurs. Et cela est encore bien plus évident, si, à la ressemblance de Melchisédek, un autre sacrificateur se lève, qui n’a pas été établi selon la loi d’un commandement charnel, mais selon la puissance d’une vie impérissable. Car ce témoignage lui est rendu : Tu es sacrificateur pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédek. »

Les Hébreux qui avaient accepté le Christ ne trouvaient pas évident la nécessité des changements à faire dans la loi pour que Jésus puisse servir en tant que sacrificateur, ce qui fait que le raisonnement de Paul dans ce verset montre pourquoi ce changement était la chose logique à attendre, et ceci en harmonie complète avec l’arrangement de Dieu. Les sacrificateurs de l’ordre lévitique servaient selon des droits héréditaires. Ainsi, ils ne pouvaient commencer leur service avant l’âge de trente ans.

Jésus, cependant, n’était pas de la tribu de Lévi. De ce fait, selon cet ordre héréditaire établi par la loi, il ne pouvait être habilité à ce sacerdoce. Aussi dans le plan divin, un ordre supérieur de sacrificature a été conçu pour lui. Par hérédité, quelqu’un pouvait devenir sacrificateur selon la loi, même s’il en était indigne.

Mais sous l’ordre de Melchisédek cela était impossible. Pour sa sacrificature, Melchisédek n’avait « ni commencement de jours, ni fin de vie ». Sa généalogie ne nous est pas connue. Aucune de ses qualifications nécessaires au sacerdoce n’est enregistrée. Il était simplement un être choisi par Dieu. Et c’est cette grande caractéristique qui s’applique aussi dans le cas de Jésus, l’image de Melchisédek.

Le fait que les sacrificateurs de l’ordre d’Aaron aient hérité de leurs positions était une évidence de la nature temporaire de leur service. Mais concernant l’ordre de Melchisédek, c’est l’inverse. Aucun élément de temps ne fait partie de cet arrangement.

Ainsi Melchisédek est une image appropriée de la vie sans fin et du sacerdoce continu de Jésus. Comme Paul le présente, la « puissance » ou l’autorité pour nommer Christ sacrificateur était celle « d’une vie sans fin », élément en parfaite harmonie avec la prophétie qui avait prévu cette fonction.

Versets 18, 19

« Car il y a abrogation du commandement qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité, car la loi n’a rien amené à la perfection, et introduction d’une meilleure espérance par laquelle nous approchons de Dieu. »

« La loi … était faible par la chair » a écrit Paul (Romains 8:3). La raison pour laquelle la loi a échoué n’était pas qu’il y avait quelque chose de mal en elle, mais c’était en raison des imperfections de ceux qui avaient essayé d’obtenir la vie sous ses dispositions. Les Israélites avaient prouvé par leurs propres échecs vis-à-vis de la loi, que ses arrangements n’étaient pas appropriés pour apporter la perfection et la vie aux êtres humains déchus. Aussi cela la rendait automatiquement caduque et ouvrait la voie à un nouvel arrangement.

Comme la loi n’a rendu personne parfait, c’était une raison supplémentaire pour susciter un autre sacerdoce, et c’est en rapport avec cela qu’il nous a été donné une « meilleure espérance », qui, en mûrissant, amènera la perfection. C’est une espérance qui inclut la perspective de servir et de régner avec Christ dans le travail futur de bénir l’humanité obéissante en lui « restituant » la perfection.

Le Christ n’est pas actuellement un sacrificateur régnant, mais nous avons l’assurance qu’il « est toujours vivant pour intercéder pour nous », et que par le mérite de son sang répandu, nous « sommes comptés » comme parfaits par Dieu (Hébreux 7:25). Ainsi, étant « justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, et pouvons nous approcher de lui, hardiment vers le trône de la grâce » (Romains 5:1 ; Jacques 4:8 ; Hébreux 4:16).

Versets 20, 21

« Et comme cela n’a pas eu lieu sans serment, (car ceux-là sont devenus sacrificateurs sans serment, mais celui-ci l’est devenu avec serment, par celui qui a dit de lui : Le Seigneur a juré et ne se repentira pas : Tu es sacrificateur pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédek. »

Jésus a été non seulement nommé par Dieu pour être un sacrificateur, mais sa charge a été confirmée par un serment divin. De ce fait, plus personne ne devait avoir de doute sur sa légitimité d’être un sacrificateur, ayant pour cela un droit plus grand que ceux qui l’étaient simplement devenus par hérédité.

Verset 22

« C’est d’une alliance d’autant meilleure que Jésus a été fait le garant »

« D’autant meilleure » : ceci se rapporte à la grande autorité de la fonction de sacerdoce de Jésus indiquée par le fait qu’il a été confirmé par un serment de Dieu. L’alliance originelle de bénédiction divine, qui constitue à la fois l’espoir de l’église et celui du monde, a été confirmée par un serment divin. C’était l’alliance faite avec Abraham. C’est probablement pourquoi Paul associe la « meilleure alliance » à l’assurance du serment divin.

L’expression « meilleure alliance » contraste avec l’alliance de la loi. L’alliance principalement visée est sans aucun doute la « nouvelle alliance » promise (Jérémie 31:31). Par sa mort et sa résurrection, Jésus est devenu la « garantie » de cette alliance. Du même coup, il s’est également assuré que nous étions acceptés dans la caractéristique évoquée « en Sara » de l’alliance originale abrahamique, cette partie de l’alliance qui évoque le développement de la « postérité » qui doit bénir toutes les familles de la terre (voir Galates 3:27-29 ; 4:19-31).

Versets 23-25

« Et ceux-là étaient plusieurs sacrificateurs, parce que la mort les empêchait de demeurer ; mais celui-ci, parce qu’il demeure éternellement, a la sacrificature qui ne se transmet pas. De là vient aussi qu’il peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux. »

Quel est donc l’avantage de cet ordre de Melchisédek du sacerdoce ? C’est que Christ « vit à jamais pour faire intercession », étant un Sacrificateur « pour toujours ». Imaginons-nous le cas d’un Israélite pieux, vivant sous l’alliance de la loi et cherchant à vivre en conformité avec la volonté de Dieu ; cet homme aurait sans doute eu besoin des conseils de son souverain sacrificateur, précisément pour savoir comment s’approcher de Dieu et être constamment encouragé par ce dernier.

Ce contact fréquent avec le sacrificateur finirait par le rendre capable de mieux servir Dieu. Mais admettons que soudainement ce souverain sacrificateur meure. Quelle tragédie ce serait alors pour celui qui a dépendu ainsi en grande partie de lui !

Il n’en est pas ainsi de notre souverain sacrificateur, Jésus, car « Il vit à jamais », et il est prêt à intercéder pour nous à tout moment. Il nous comprend, il connaît chacune de nos faiblesses, et pourtant il nous aime d’un amour éternel. Il ne fait aucun doute qu’il peut sauver ceux qui « viennent à Dieu par lui ». Ceux qui désirent retourner à Dieu, à sa communion et à sa bénédiction sont aidés et guidés. Le mérite de Christ leur est imputé pour couvrir leurs défauts et son intercession peut faire aboutir leurs efforts. Quel sauveur ! Quel sacrificateur !

Versets 26-28

« Car un tel souverain sacrificateur nous convenait, saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux, qui n’est pas journellement dans la nécessité, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple ; car cela, il l’a fait une fois pour toutes, s’étant offert lui-même. Car la loi établit pour souverains sacrificateurs des hommes qui sont dans l’infirmité, mais la parole du serment, qui est après la loi, établit un Fils qui est consommé pour l’éternité. »

Un tel souverain sacrificateur est devenu des nôtres. Il était « saint », entièrement consacré à son Père Céleste, d’une dévotion incitée par l’amour et basée sur la connaissance. Il était « innocent », son influence était salutaire. Il était « sans souillure », pas seulement du point de vue de la loi, mais aussi moralement. Il était « séparé des pécheurs », car non issu d’Adam, et il n’était pas corrompu de quelque façon que ce soit par les imperfections humaines, ce dernier fait étant d’ailleurs symbolisé par le sacerdoce lévitique dont les sacrificateurs étaient séparés de tout contact avec les morts ou avec l’impureté.

Il est maintenant « élevé plus haut que les cieux », référence à son exaltation quand il a été réveillé des morts, « au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme » (Ephésiens 1:20,21). C’est parce que Jésus a été ainsi exalté qu’il peut maintenant apparaître en présence de Dieu pour nous.

Le contraste entre le travail de sacrifice du sacerdoce lévitique et le sacrifice de Jésus apparaît dans le fait qu’ eux ont dû continuer à répéter leur travail, alors que Jésus ne s’est offert qu’une fois. Les Sacrificateurs typiques offraient des sacrifices, d’abord pour leurs propres péchés, « puis pour le peuple », dit Paul.

Puis il explique au sujet de Jésus que « cela, il l’a fait » quand il s’est offert lui-même ; il a offert le sacrifice pour les péchés des membres de son corps, l’église, et aussi pour les péchés du peuple. Paul a juste expliqué que Jésus, personnellement, était saint, et séparé des pécheurs. Il avait entendu Jésus lui demander « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Actes 9:4).

Jésus a ainsi reconnu ses disciples comme une partie de lui-même, et c’est pour eux qu’il s’est offert lui-même en sacrifice, ainsi que pour le monde entier. L’Apôtre Jean dit de Jésus qu’il « est devenu propitiation pour nos péchés ; et pas seulement pour les nôtres, mais également pour les péchés du monde entier » (1 Jean 2:2).

Jésus était parfait en tant qu’homme, et les expériences par lesquelles il est passé quand il s’est offert lui-même en sacrifice l’ont perfectionné en tant que nouvelle créature, dans le sens de le développer ou de le rendre complet. Ainsi il est devenu parfaitement qualifié pour être notre souverain sacrificateur maintenant, et celui du monde dans l’âge à venir, où son église l’assistera.

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Association des Etudiants de la Bible