Vie chrétienne et doctrine |
Etude de l’épître de Paul aux Hébreux – (Suite N° 5)
Appelé par Dieu
HEBREUX — CHAPITRE CINQ
Verset 1
« En effet, tout souverain sacrificateur pris du milieu des hommes est établi pour les hommes dans le service de Dieu, afin de présenter des offrandes et des sacrifices pour les péchés. »
L’obéissance, la nomination divine de ceux qui servent Dieu, ainsi qu’une application studieuse à l’étude et à la pratique des vérités du plan divin sont parmi les leçons importantes soulignées en ce chapitre. Les souverains sacrificateurs mentionnés dans ce premier verset sont ceux de l’ordre d’Aaron. Ils ont été pris parmi les hommes, au sens très complet du terme.
La tribu de Lévi, dont la famille de sacrificateurs commençant par Aaron a été choisie, était l’une des tribus d’Israël. Ils étaient des êtres humains à part entière, mais ont été choisis par l’Eternel et ordonnés par lui pour servir la nation sur tous les points concernant ses rapports avec Dieu.
Ces sacrificateurs, nous dit l’Apôtre, ont offert « à la fois des offrandes et des sacrifices ». Les offrandes étaient divers remerciements, ainsi que des offrandes de paix apportées aux prêtres par le peuple, alors que les sacrifices pour le péché étaient plus particulièrement les sacrifices typiques qui étaient offerts le jour de l’expiation des péchés d’Israël. C’était en vertu de ces derniers que la nation a maintenu sa position devant Dieu d’année en année — au moins dans un sens typique.
Versets 2, 3
« Il peut être indulgent pour les ignorants et les égarés, puisque la faiblesse est aussi son partage. Et c’est à cause de cette faiblesse qu’il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés, comme pour ceux du peuple. »
Les souverains sacrificateurs d’Israël, pris parmi le peuple, étaient des hommes de passions identiques aux autres, c’est-à-dire, faibles et imparfaits. Ils étaient ainsi en mesure de comprendre avec sympathie les problèmes et les chutes du peuple qu’ils servaient, et pouvaient, s’ils le voulaient, faire preuve d’endurance patiente, en particulier là où des efforts sincères étaient faits pour progresser dans la justice. Dieu a exercé une patience semblable envers toute la nation dans le désert, bien que finalement il ait montré sa colère à leur égard.
Puisque les sacrificateurs typiques d’Israël étaient eux-mêmes imparfaits, ils avaient besoin d’expier leurs péchés, autant que ceux pour qui ils oeuvraient. C’est pourquoi une disposition fut prise pour qu’ils puissent offrir des sacrifices pour eux-mêmes. Cette disposition se trouve en Lévitique 4:3-12.
Versets 4, 5
« Nul ne s’attribue cette dignité, s’il n’est appelé de Dieu, comme le fut Aaron. Et Christ ne s’est pas non plus attribué la gloire de devenir souverain sacrificateur, mais il la tient de celui qui lui a dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ! »
Le caractère d’élection du sacerdoce typique et antitypique est très bien défini dans la Bible. Personne ne peut servir Dieu d’une manière acceptable à moins d’être appelé ou invité par lui. Le point de savoir qui occupera une place donnée dans l’arrangement divin n’est pas laissé à la sagesse humaine. Aaron était choisi par Dieu pour être le premier souverain sacrificateur d’Israël. Même si d’autres pouvaient servir aussi bien que lui, la décision de le choisir n’était pas du ressort d’Israël ou de qui que ce soit en Israël.
Koré, ses fils et d’autres ont défié la nomination d’Aaron, et l’Eternel a fait une démonstration pour que son choix puisse être clairement et définitivement établi, ce qui est enregistré en Nombres chapitres 16 et 17.
Un représentant de chacune des douze tribus fut chargé d’apporter une verge à Moïse. Celui-ci plaça ces verges dans le Tabernacle durant la nuit, étant entendu que le propriétaire de la verge qui aurait miraculeusement bourgeonné et produit des amandes pendant la nuit serait le choix de l’Eternel. Ce fut la verge d’Aaron qui bourgeonna. Ceci indiqua clairement qu’Aaron fut « appelé de Dieu ».
Même Jésus ne s’est pas « glorifié » ou « honoré » lui-même pour devenir un souverain sacrificateur. Avant qu’il ait été « fait chair », Jésus a occupé la plus grande place dans l’univers à côté de son Père; mais à la différence de Lucifer, qui a voulu être le Très Haut, le Logos s’est humilié, prenant la forme d’un serviteur humain.
Bien qu’il soit venu sur terre pour être le Souverain Sacrificateur du monde, il n’a pas assumé cette position. Ce n’est pas avant le Jourdain, quand il entendit la voix du Père disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » que Jésus entreprit son travail de sacrificateur (Matthieu 3:17). Alors qu’il était « l’unique Engendré du Père » dans sa création originelle, l’engendrement visé à ce verset semble se rapporter au début de sa vie, en tant que Nouvelle Créature au Jourdain (Jean 1:14).
Verset 6
« Comme il dit encore ailleurs : Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek. »
Ayant établi la nomination divine de Jésus en tant que souverain sacrificateur préfiguré par Aaron, Paul vérifie dans ce verset la mission du Christ ou son appel à un autre ordre de sacerdoce, qui s’applique en particulier au travail de la période du royaume.
L’Apôtre cite pour cela le Psaume 110:4, une prophétie où Dieu déclare son intention de voir son fils servir dans cette position éminemment élevée. Même là, il est clair que Jésus n’a pas pris cet honneur pour lui-même. Melchisédek était roi de Salem en plus d’être un sacrificateur du Très Haut, et sa mission double sert bien à illustrer le travail du Christ pendant le millenium.
Versets 7, 8
« C’est lui qui dans les jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, a appris, bien qu’il fut Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes »
Il n’y avait jamais eu de question au sujet de la nomination divine de Jésus au sacerdoce, pourtant il était essentiel que sa dignité à cette position élevée soit prouvée, et une des méthodes choisies par le Père Céleste pour le montrer était « par les choses qu’il a souffertes ».
Les cris, les prières et les supplications évoqués ici ont eu lieu à Gethsémané. Jésus ne fit aucun tollé bru-yant, sans quoi ses disciples, dormant non loin de lui, auraient été réveillés. Il supporta seul cette souffrance intense, pour autant qu’une aide humaine puisse être imaginée. Ce n’est pas avant qu’il « fut exaucé à cause de sa piété » qu’il reçut la force qui lui permit de supporter calmement la douleur physique dans le reste de son épreuve et sa crucifixion.
Le mot grec traduit par « piété » dans le passage cité ci-dessus signifie à l’origine « prudence » plutôt que « crainte » comme le mot peur (qui est employé dans les versions anglaises) le suggère. En réalité, Jésus avait atteint un point très critique de sa vie terrestre et de son ministère, et voulait être sûr que rien dans sa mission n’avait été omis.
C’est la même pensée qui est contenue dans le conseil de Paul à notre égard : « Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard » (Hébreux 4:1).
Paul dit que le Seigneur a été entendu en ce qu’il « craignait » ou en ce à quoi il était « attentif » ou « consciencieux » par « celui qui aurait pu le délivrer de la mort ». Il semblerait que le Maître ait été préoccupé par son existence éternelle. Il savait qu’il devait mourir comme Rédempteur de l’homme, mais son souci était d’avoir été entièrement fidèle, pour pouvoir avec confiance escompter être relevé de la mort.
Jésus avait compris les leçons enseignées par le Tabernacle typique et les services des Souverains Sacrificateurs qui y étaient rendus. Quand le Souverain Sacrificateur offrait des sacrifices pour le péché, dont le sang devait être porté dans le lieu Très Saint et aspergé sur le propitiatoire, s’il n’effectuait pas entièrement et correctement chaque détail de ce service ordonné par Dieu, il mourrait en passant sous le second voile (Lévitique 16:2,3). Ceci est une image de la seconde mort. Rester vivant au-delà du voile représentait une résurrection de la mort.
Ainsi Jésus, le sacrificateur antitypique, s’offrant lui-même en sacrifice au lieu d’un animal, s’était rendu compte que s’il n’avait pas effectué chaque détail de la volonté divine, en passant sous le voile de la mort, il n’aurait pas pu se relever de l’autre côté. Nul doute que cela le tourmentait ; et quel réconfort cela a dû avoir été quand il « fut entendu » et que l’assurance complète lui fut donnée que son sacrifice était acceptable.
Qu’est-ce que Jésus avait à l’esprit quand il pria : « S’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » ? (Matthieu 26:39). Il réalisait que cette coupe représentait la douleur mentale et physique intense induite par l’accomplissement de son sacrifice. Souffrir comme blasphémateur de Dieu qu’il aimait de tout son coeur, esprit, âme et force, était une épreuve terrible.
La façon de mourir — l’horreur de la crucifixion avec sa longue torture due à la soif, la douleur, la fièvre et l’insupportable agonie — qui pouvait fréquemment durer plusieurs jours — lui serait, au niveau de la chair, très douloureuse. Pourrait-il supporter ceci tout en restant parfaitement obéissant ? Ayant ces pensées à l’esprit, il ne faut pas s’étonner qu’il agonisa avec « de grands cris et avec larmes » (Hébreux 5:7).
Mais il n’était pas question dans l’esprit de Jésus de vouloir éviter quelque chose qui était la volonté de son Père. Si la volonté du Père permettait une épreuve moins difficile, il en serait heureux : « Cependant non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux » était le désir sincère du Maître (Matthieu 26:39). Il était disposé à tout supporter, mais il eut besoin désespérément d’une certaine assurance de ce qu’il était acceptable aux yeux de son Père avant d’entrer dans l’obscurité de la mort ; et il eut besoin de force pour supporter cette épreuve terrible.
Mais pourquoi le Père tarda-t-Il à donner cette assurance ? Pourquoi cette assurance ne fut-elle pas donnée immédiatement, mais au bout de trois prières de Jésus ? Comme ce que Jésus devait payer, devait l’être intégralement, il devait aussi être éprouvé à l’extrême. Renoncerait-Il parce que la réponse tardait ? Croyait-Il que son Père l’avait abandonné ? Quelle douleur le coeur du Père doit avoir supporté, pour ainsi permettre à son fils bien-aimé de souffrir jusqu’à sa troisième supplication, en retenant la réponse qui le soulagerait ! Cela ne nous fait-il pas honte, à nous qui nous plaignons quand nos fardeaux semblent lourds ou qui tombons si l’aide est longtemps retardée !
Quand l’épreuve eut accompli le dessein prévu, qui était de prouver l’obéissance du Maître, le Père lui envoya l’assurance recherchée, et il fut soulagé. Puis, avec une confiance suprême, il alla calmement vers ses persécuteurs. Maintenant il ne pourrait plus revenir en arrière mais devrait accomplir sa course fidèlement, tout en sachant ce qui l’attendait.
En tant que Fils unique engendré de Dieu, il avait toujours été obéissant, et avait constamment été le plaisir de son père. Mais à présent, dans Gethsémané, devant ses accusateurs et sur la croix, il apprit à être obéissant par la souffrance. Vraiment nous pouvons avoir confiance en un si grand sacrificateur !
Verset 9
« et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel »
Le mot « parfait » utilisé ici est une traduction d’un mot grec signifiant « accomplissement ». Son utilisation n’implique pas que Jésus ait été imparfait, dans le sens d’être un pécheur. La pensée est plutôt que sa formation pour le sacerdoce avait été accomplie, la leçon finale étant la souffrance terrible par laquelle il est passé.
Etant obéissant, il est devenu l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent. L’obéissance est une condition de base pour tous ceux qui auront la vie éternelle sur n’importe quel plan.
L’humanité entière a perdu la vie par la désobéissance de nos premiers parents. Combien il est logique que celui qui a racheté Adam et sa race de la mort devait prouver sa dignité par l’obéissance, et comme il est normal que tous ceux qui tirent avantage de son sacrifice de rançon doivent le faire uniquement sur la base de leur obéissance !
Cette leçon d’obéissance doit être apprise par tous les disciples de Jésus, pas nécessairement cependant par des épreuves aussi graves que celles survenues à leur Maître.
Versets 10, 11
« Dieu l’ayant déclaré Souverain Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek. Nous avons beaucoup de choses à dire là dessus, et des choses difficiles à expliquer, parce que nous êtes devenus lents à comprendre. »
Les Juifs, dans l’ensemble, semblent presque totalement avoir oublié l’ordre spécial du sacerdoce dont Melchisédek était un type, bien qu’ils aient dû le connaître, et le fait qu’Abraham lui ait versé la dîme. Dieu a prévu que le Messie serait l’antitype de Melchisédek, et ce fut seulement parce que les Chrétiens juifs à qui Paul a écrit étaient « devenus lents à comprendre » qu’ils n’ont rien su à son sujet (Psaume 110:4).
Plus loin dans son Epître, Paul indique d’autres leçons basées sur le type de Melchisédek, mais rien qui soit particulièrement difficile à comprendre. Il était roi et sacrificateur, représentant le double rôle du Messie pendant le millenium, ce qui est une vérité admirablement simple à saisir.
Apparemment, ensuite, leur manque de compréhension n’était pas un manque d’intelligence, mais simplement une attitude désintéressée. Ce manque d’intérêt studieux leur a probablement fait négliger ce que l’Eternel avait indiqué au sujet de Melchisédek, au point que ce que Paul pourrait leur écrire au sujet de ce symbole semblerait étrange.
Et nous? Donnons-nous au Maître notre attention tout entière, écoutant avec tout notre esprit et tout notre coeur ? En Esaïe 50:4, dans la traduction de Leeser, le prophète, qui évoque Jésus, dit de son Père : « Il éveille chaque matin, il éveille mon oreille à écouter comme écoutent des disciples ».
Dieu nous bénit-il de cette manière ou gênons-nous notre propre croissance en grâce et en connaissance par notre dureté de coeur et la dureté de notre audition ? Il nous a été donné de connaître les mystères des cieux, et Jésus a dit « Bénis sont vos yeux, parce qu’ils voient ; et vos oreilles, parce qu’elles entendent » (Matthieu 13:16).
Apprécions-nous correctement ce grand honneur, et nous tenons-nous en éveil pour apprendre et appliquer toutes les leçons que l’Eternel nous donne avec une telle abondance ?
Versets 12, 13
« Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. Or quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice, car il est un enfant. »
« Vous devriez être des maîtres » indique que le dessein de Dieu en nous appelant à la vérité est de faire de nous des maîtres de sa parole, ses ambassadeurs et les « ambassadeurs pour Christ » (2 Corinthiens 5:20).
Les frères hébreux à qui Paul avait écrit avaient été dans la vérité assez longtemps pour être habiles dans l’usage de la Parole, capables d’expliquer, non simplement des faits simples concernant le péché, le besoin d’un Rédempteur, et l’espoir de la vie par le Christ à la fois pour l’église et le monde, mais également de donner une raison de cet espoir, des promesses de Dieu et des nombreuses illustrations qu’il a fournies pour nous aider à apprécier plus pleinement ce que la vérité devrait signifier pour nous.
En aucun cas Paul ne réduit l’importance du « lait » de la Parole. En effet, il dit aux frères hébreux qu’ils auraient dû avoir les « premiers rudiments » qui leur avaient été enseignés. En raison des privilèges négligés, des occasions négligées dans l’étude, la prière et la communion, ils ne s’étaient pas développés dans la connaissance l’Eternel et de sa vérité, et avaient même perdu une partie de la vision claire de la vérité que, pendant un moment, ils avaient appréciée.
La vraie croissance de la connaissance n’est possible que lorsque les principes de base de la vérité sont maintenus à l’esprit et pris comme base d’édification.
Les « premiers principes » de la Vérité évoqués par Paul ne sont pas nécessairement les vérités simples du plan divin. Ils sont les « premiers » parce qu’ils sont de base ou fondamentaux pour une compréhension de toute vérité. Le mot grec traduit ici par « principes » ou « rudiments » donne la pensée d’un arrangement ordonné, et c’est bien ainsi que se présentent les doctrines de base du plan divin vues à la lumière de la Parole de vérité (2 Timothée 2:15).
Les frères hébreux avaient perdu leur vision claire du plan divin, et pour devenir habiles dans l’usage de la Parole ils ont dû recommencer leurs études depuis le début. Non seulement ils ont dû être enseignés à nouveau sur les premiers principes, mais il était devenu nécessaire que ces vérités de base leur soient décrites de la manière la plus simple possible, illustrées par un enfant nourri au lait. Ainsi ils pourraient correctement comprendre et assimiler la vérité.
Verset 14
« Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. »
La différence entre les nourrissons en Christ et les chrétiens mûrs est que ces derniers ont fait un usage approprié de la vérité, et se sont ainsi développés fermement dans le Seigneur. Ils ont été diligents dans leur étude de la vérité et dans leur application de ses principes dans leurs vies quotidiennes.
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