Etude de l’épître de Paul aux Hébreux – (Suite N° 3)

Le « Grand Salut »

HEBREUX — CHAPITRE DEUX

Verset 7

« Tu l’as abaissé un peu au-dessous des anges, Tu l’as couronné de gloire et d’honneur »

La pensée ici est « un peu au-dessous » des anges, et non « pour un petit moment au-dessous », comme certains l’ont suggéré dans leur effort de montrer que le dessein de Dieu pour l’homme est de l’exalter finalement à la nature spirituelle.

Si nous voulons comprendre le plan de Dieu, il est essentiel de garder cette distinction de natures à l’esprit. L’homme est un être humain, une créature terrestre créée par Dieu pour habiter la terre. Les anges sont sur un plan plus élevé de la vie, et ont été créés ainsi. Il n’est pas dans le plan de Dieu que les hommes deviennent des anges.

La gloire se rapporte à Adam, le père de la race humaine créée à l’origine par Dieu. Sa gloire était celle de la race humaine parfaite, à l’image de Dieu. L’Apôtre Paul se réfère à elle comme à une gloire « terrestre » (1 Corinthiens 15:40). L’homme a été également créé pour être un roi, le roi de la terre. Il a reçu la domination sur les animaux. Ainsi il a eu l’honneur aussi bien que la gloire. C’était la « première domination » citée en Michée 4:8 et « le royaume préparé … dès la fondation du monde » mentionné par Jésus (Matthieu 25:34).

Verset 8

« Tu as mis toutes choses sous ses pieds. En effet, en lui soumettant toutes choses, Dieu n’a rien laissé qui ne lui fût soumis. Cependant, nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises. »

Hélas, l’homme a perdu domination, gloire et honneur. Il vit maintenant dans la misère et la détresse en raison de sa propre désobéissance. En dépit de la fierté et de la vantardise de l’homme, il ne peut pas se délivrer du résultat de son péché ; et à présent la race humaine est menacée de destruction complète.

Verset 9

« Mais celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de la mort qu’il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous. »

Ici l’Apôtre indique clairement le dessein divin de restaurer la domination originelle de l’homme sur la terre. Nous ne voyons pas ceci accompli, mais nous voyons la préparation de ce dessein divin dans la venue de Jésus pour racheter la race déchue : « nous voyons Jésus ».

Nous voyons que Jésus a été fait à l’équivalence exacte du père de la race Adam car, comme Adam, a été fait « un peu inférieur aux anges », afin de pouvoir souffrir la mort, payant de ce fait un prix correspondant en donnant sa vie humaine parfaite pour l’homme parfait Adam, qui l’avait perdue.

C’est pour cela que Jésus a répandu son âme jusqu’à la mort (Esaïe 53:6,12).

Verset 10

« Il convenait, en effet, que celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, élevât à la perfection par les souffrances le Prince de leur salut ».

Il « convenait » ; c’est ce que nous pouvions attendre d’un Créateur omniscient, qu’il exalte dans son plan « beaucoup de fils », c’est à dire l’église entière, à la gloire, qu’il nomme Prince leur chef, celui qui a été le premier à atteindre cette position élevée, « rendu parfait par la souffrance ». La souffrance et la mort sont le chemin vers la gloire pour tous ces fils, et Jésus ne faisait pas exception.

Ceci n’implique pas que Jésus était imparfait de par nature avant ses souffrances et sa mort. Au contraire, il s’est développé, a été formé et perfectionné par la souffrance en tant que notre Prince. Un jeune homme, par exemple, peut être une noble personne, pourtant il ne pourrait pas être un médecin sans avoir été formé pour cela. Ainsi Jésus a été formé par la souffrance, et il s’est perfectionné ainsi pour les fonctions importantes qu’il occupe maintenant dans les arrangements divins. L’une d’elle est d’être le Prince de notre salut.

De la même manière tous les membres du corps de Jésus, ses disciples, ceux qu’il mène à la gloire en les invitant à suivre ses traces, se perfectionnent pour leur position de gloire avec lui par des épreuves de souffrance, des épreuves qui sont acceptées avec joie, de sorte que leurs expériences leur apprennent à faire confiance au Père Céleste et à l’aimer.

Quelle bénédiction de partager ces expériences avec Jésus, dont on a prophétiquement écrit : « Tu comptes les pas de ma vie errante ; Recueille mes larmes dans ton outre : Ne sont-elles pas inscrites dans ton livre ?  » (Psaume 56:8).

Versets 11-13

« Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d’un seul. C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères, lorsqu’il dit : J’annoncerai ton nom à mes frères, Je te célébrerai au milieu de l’assemblée. Et encore : Je me confierai en toi. Et encore : Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés. »

Ce sont les textes que l’Apôtre cite pour prouver l’unité fondamentale de ceux qui sont avec Christ. Les disciples de Jésus sont ses « frères » comme indiqué dans la référence prophétique de David (Psaume 22:22) à ce rassemblement de sanctifiés, c’est-à-dire ceux qui sont mis à part dans le plan divin pour partager l’appel Céleste.

« Et encore », écrit Paul. Il continue par une autre preuve, comme s’il était conscient de la règle des Ecritures exigeant que des sujets importants soient établis par la bouche de plus d’un témoin. Sa deuxième citation est d’Esaïe 8:18, et se rapporte aux « enfants » que le Père Céleste a donné pour être les associés de Jésus, ses frères. Jésus a eu probablement ce texte à l’esprit quand, dans sa prière, il a dit : « Ils étaient à Toi, et Tu me les a donnés » (Jean 17:6). Quel échange affectueux entre le Père et le Fils, une récompense et une joie pour tous les deux.

Verset 14

« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que, par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable »

Ces « enfants », ceux que Jésus n’avait pas honte d’appeler ses « frères », étaient tous à l’origine les enfants d’Adam, donc par nature « de la chair et du sang ». Pour qu’ils puissent partager « le grand salut » comme frères de Jésus, il était nécessaire qu’ils soient rachetés de la mort.

Par conséquent, Paul explique ici la philosophie de la rançon, qui a nécessité pour Jésus de devenir un homme, et en tant que tel, de mourir « lui, juste pour des injustes » (1 Pierre 3:18). En cela est montrée l’autorité de Jésus pour détruire finalement le diable.

Comment Satan a-t-il la « puissance de la mort » ? Le mot grec « puissance » exprime la pensée de l’autorité de la fonction, et est souvent traduit par « domination » ou « autorité ». La domination dont Satan s’est emparé et a abusé est devenue la mort, le règne du péché et de la mort. Paul le décrit comme « le dieu de ce monde » (2 Corinthiens 4:4). Satan voit sa domination retirée, et il est lui-même lié au début de l’Age Millénaire; et à la fin de l’Age, il sera détruit (Apocalypse 20:1-3,10).

Verset 15

« et qu’il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude. »

La race humaine en totalité est tenue dans les liens de la mort, mais tous les hommes ne sont pas tenus dans le lien par « crainte » de la mort. Qui sont donc ceux qui ont si peur de la mort, qu’ils sont tenus liés à cause d’elle ?

Il s’agit apparemment d’une classe de consacrés qui craignent la douleur et le sacrifice attachés à leur consécration et qui, en raison de cette crainte, sont tenus à l’écart de leurs privilèges et des occasions de souffrir avec le Christ, de sorte qu’ils ne se qualifient pas comme membres du petit troupeau qui participent au « grand salut ».

Ils sont délivrés plus tard et leurs robes sont blanchies dans le sang de l’agneau. Ils sont décrits en Apocalypse comme « une grande multitude », qui traverse une grande tribulation. Ils ne régneront pas avec le Christ, mais seront des serviteurs dans le temple spirituel antitypique (Apocalypse 7:9,13-16).

Verset 16

« Car assurément ce n’est pas à des anges qu’il vient en aide, mais c’est à la postérité d’Abraham. »

Le mot grec rendu ici par « assurément » est employé seulement une fois, ici, dans le Nouveau Testament. Cela équivaut à dire « comme nous le savons tous ». La traduction biblique de James Moffatt dit : « bien sûr ». Il était bien connu dans l’église primitive que Jésus, en devenant la descendance d’Abraham, a dû d’abord participer à la chair et au sang, et non à la nature des anges ; de ce fait Jean en a fait un test pour savoir si la foi de quelqu’un était de Dieu : « et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu » (1 Jean 4:3).

Verset 17

« En conséquence, il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères, afin qu’il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple »

Quelle profondeur de sagesse se trouve dans le plan de Dieu, impliquant que Jésus devait partager les charges et les difficultés qui ont assailli les hommes, pour qu’il puisse être un Grand Prêtre miséricordieux !

Il est miséricordieux parce qu’il réalise les difficultés, les faiblesses qui assaillent ses disciples, et l’humanité en général. Il a été tenté comme ses frères « en toutes choses ». Ceci ne signifie pas que Jésus était imparfait ou que le péché était ancré en sa nature. Ses « frères » sont les « nouvelles créatures », et Jésus a été tenté en tous points où ceux-ci sont tentés.

Grâce à l’observation cependant, Jésus est devenu familier des épreuves qui ont assailli la race humaine en général, et en particulier ceux qui deviennent de Nouvelles Créatures et qui pourtant doivent lutter en permanence contre les élans du péché dans leur chair. Ceci s’ajoute à sa sympathie pour nous, lui donne de la pitié et de la compréhension en agissant pour nous en tant que notre avocat auprès du trône de grâce.

Du même coup, comme Chef de la classe de sacrificateurs qui régnera sur le monde pendant l’âge millénaire, il sera également bien disposé et sera heureux de faire tout son possible pour aider les repentants de la race humaine à revenir de nouveau à la perfection et à la réconciliation avec le Père Céleste, le Créateur.

Verset 18

« car, ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés. »

Jésus a beaucoup souffert de l’agonie d’esprit et du corps, plutôt que de céder au mal. Ainsi il « a été tenté », il sait, de ce fait, nous apporter les choses qui l’ont aidé quand il en a eu lui-même besoin. Ces choses nous sont suggérées par la Parole, et par elle nous sommes instruits de l’utilisation appropriée de tous les moyens de la grâce divine rendue disponible par notre Grand Prêtre miséricordieux et plein d’amour.

Quand nous nous approchons du Père par la prière nous pouvons être sûrs que le mérite du sacrifice de Jésus nous a été appliqué et nous sommes également sûrs que nos efforts imparfaits sont acceptables. Il peut nous apporter son aide par la puissance de sa sympathie, de sa connaissance et de son expérience. Il a été complètement formé pour cela.


L’appel céleste

HEBREUX — CHAPITRE TROIS

Verset 1

« C’est pourquoi, frères saints, participants à l’appel céleste, considérez l’Apôtre et souverain sacrificateur de notre profession, Christ Jésus. »

Dans le chapitre précédent, Paul souligne que les vrais disciples de Jésus sont également ses « frères » (Hébreux 2:11,12), et que le Maître n’a pas honte de les considérer comme tels.

Dans ce chapitre il indique que ces frères sont « saints » aux yeux du Seigneur, et qu’ils sont des participants à « l’appel céleste » (verset 1). Il y a une merveilleuse profondeur d’amour chrétien et de compréhension manifestés dans cette déclaration. Ces chrétiens hébreux étaient pourtant loin d’être dans une condition de bonne santé spirituelle, comme nous le verrons plus tard dans le 5ème chapitre. Mais, néanmoins, Paul les considérait toujours comme des « frères saints, participants à l’appel céleste ».

La référence faite à Jésus en tant « qu’apôtre » nous rappelle qu’il était celui que le Père Céleste a envoyé dans le monde pour être le rédempteur et le sauveur ; ce mot apôtre signifie « qui est envoyé ». Jésus a choisi douze Apôtres (Paul remplaçant plus tard Judas), ceux qu’il a particulièrement envoyés pour être ses représentants inspirés, « les douze Apôtres de l’agneau ».

Il y en a d’autres désignés dans le nouveau testament sous le nom « d’Apôtres » parce qu’ils ont été envoyés pour prêcher l’Evangile, mais ceux-ci ne doivent pas être confondus avec les douze inspirés, ceux qui sont désignés symboliquement dans l’Apocalypse sous le nom des douze fondements de la nouvelle Jérusalem (Apocalypse 21:14).

Nous devons « considérer » Jésus comme celui qui a été spécialement mis à part et « envoyé » par Jéhovah pour être le « messager de l’alliance » (Malachie 3:1), celui qui devait révéler l’amour et la puissance salvatrice de Dieu à la fois à l’église et au monde. Pour les frères hébreux et pour toute l’église, il est le Souverain Sacrificateur de notre profession.

C’est une pensée importante à garder à l’esprit pour comprendre correctement le livre d’Hébreux; l’église, les « frères » du Christ, sont des membres d’un ordre sacerdotal, pas simplement ceux qui reçoivent des bénédictions par un sacerdoce.

Le mot « profession » dans ce texte vient d’un mot grec signifiant « discours ordinaire » ou profession. Assistant le Souverain Sacrificateur, les disciples consacrés du Christ pendant l’âge actuel de l’Evangile participent avec Jésus dans le travail du sacerdoce, étant ministres « de la réconciliation » avec lui par l’utilisation de la « parole de la réconciliation » (2 Corinthiens 5:18-19). En tant que ses ambassadeurs, ces chrétiens parlent uniquement des choses qu’il les charge de dire.

Verset 2

« Jésus, qui a été fidèle à celui qui l’avait établi, comme Moïse le fut dans toute la maison de Dieu »

La fidélité est une des très importantes qualités d’un messager ou représentant, sans quoi on ne pourrait pas lui faire confiance. Le Père Céleste pouvait compter sur Jésus pour être fidèle à la confiance investie en lui. L’expression « l’avait établi » devrait se comprendre par « l’avait fait ». Ceci peut se rapporter à son établissement en tant que Souverain Sacrificateur, à moins qu’il ne se rapporte à sa création originale. Dans l’un ou l’autre cas, Jéhovah a su qu’il pourrait faire confiance à son fils aimé.

Moïse était une image de Christ, et il fut fidèle en tant que chef de sa maison. Parlant de la fidélité de Moïse, Paul cite Nombres 12:7, où le Seigneur dit de son ancien serviteur : « Celui qui est fidèle dans toute ma maison ». C’était une très grande marque d’estime. Il n’y en a pas de plus élevée.

Versets 3, 4

« En effet, il a été jugé digne d’une gloire d’autant supérieure à celle de Moïse, que celui qui a construit la maison a plus d’honneur que la maison elle-même. Car toute maison est construite par quelqu’un, mais celui qui a construit toutes choses, c’est Dieu. »

« de qui [Dieu] sont toutes choses … et un Seigneur Jésus Christ, par qui sont toutes choses », écrit l’Apôtre (1 Corinthiens 8:6).

Ce principe a prévalu depuis que le Logos a été créé. Alors, si Jéhovah parle de la maison dont Moïse était le chef comme de « la sienne » (Hébreux 3:4,5), on peut raisonnablement en conclure que le Logos a eu beaucoup à faire en plaçant les descendants naturels d’Abraham dans cette maison des serviteurs.

La même chose est vraie de la maison des fils qui a été « faite » pendant l’Age de l’Evangile. Jésus est le Chef de cette maison, mais il est plus que cela ; car sous la direction de son Père Céleste, il en a dirigé la construction.

De ce fait, il s’avère que Jésus a été plus honoré dans le plan divin que Moïse. La « gloire » liée au ministère de Moïse a été reflétée dans son visage quand il est descendu du Sinaï tenant les Dix Commandements.

Ceci était typique de la gloire plus grande encore du Moïse antitypique quand, comme résultat de l’instauration de la Nouvelle Alliance, la gloire de Dieu remplira la terre entière comme les eaux recouvrent la mer.

Verset 5

« Pour Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu comme serviteur, pour rendre témoignage à ce qui serait annoncé. »

Le mot grec traduit ici par « serviteur » ne veut pas dire esclave, mais plutôt quelqu’un qui est soumis à l’autre dans le sens d’avoir une position inférieure. Moïse était un serviteur très honoré, fidèle dans toute sa maison « pour un témoignage de ces choses qui devaient être annoncées ensuite ».

La pensée est que la maison des domestiques sous Moïse, et toutes les choses qui l’ont concerné, ont été conçues par Dieu pour être un témoignage ou des images de choses qui auraient lieu plus tard sur une plus haute et plus grande échelle, « une ombre des bonnes choses à venir » (Hébreux 10:1).

Ceci inclut le Tabernacle et ses services, que l’Apôtre explique plus tard dans le livre aux Hébreux en justifiant la précision qui fut exigée de Moïse pour effectuer tous les détails de sa construction : « Regarde, et exécute d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne » (Exode 25:40 ; Hébreux 8:5).

Verset 6

« Mais Christ l’est comme un fils sur sa propre maison ; nous sommes sa maison, si nous retenons (fermement jusqu’à la fin) l’assurance et l’espérance dont nous nous glorifions ».

Ici la position la plus honorée de Jésus comme chef de la maison des fils est de nouveau rappelée, parce qu’il est également dit que la maison lui appartient (il est en fait plus que sa tête), et nous sommes ses frères dans cette maison, ou sa famille. C’est vrai, nous sommes des domestiques, mais nous servons comme des fils, et en tant que fils, plusieurs des secrets du plan divin nous sont indiqués (voir Jean 15:15).

« Dont nous sommes la maison »: Paul et ses lecteurs hébreux, et par la suite toute l’église sont inclus dans ce « nous ». Mais nous ne pouvons faire partie de la maison des fils qu’à condition que nous « retenions » notre « assurance » jusqu’à la fin.

A l’évidence les frères hébreux, à qui cette Epître a été écrite, avaient des difficultés à s’y tenir, car retenir son assurance demande du temps. Laisser choir ces choses par manque de confiance et s’en réjouir pourrait bien faire rejaillir le péché mentionné plus tard au chapitre 12, verset 1. C’est un péché qui assaille facilement le peuple du Seigneur. Prenons à coeur cet avertissement que ce n’est que si nous « retenons fermement » que nous pouvons espérer continuer à être membres de la maison des fils.

En « nous » incluant dans la maison des fils, l’Apôtre dévoile le grand mystère dont l’église a sa part avec Jésus dans l’onction et dans le service assigné à cette « maison ». Quel privilège inestimable ! C’est une communion de service, de vie et de formation. Par cette communion chaque membre de l’église hérite d’une paix et d’une joie profondes que le monde ne peut pas comprendre.

Satan essaye de nous inciter à desserrer notre poigne de ces choses, en rodant comme « un lion rugissant » (1 Pierre 5:8), essayant de terroriser les frères qui sont les participants de l’appel céleste. Mais nous ne sommes pas ignorants de ses dispositifs, et nous sommes confiants qu’il ne pourra pas nous priver des soins de notre Père Céleste (Jean 10:29).

Dans le texte grec, la pensée est que nous exultons dans notre espérance ; nous nous réjouissons dans notre espérance, c’est-à-dire que nous anticipons sa réalisation avec plaisir. Ne permettons pas à cet espoir de s’affaiblir en donnant trop d’attention au monde ou à quelque chose qui nous éloignera du Seigneur et de son service. Il ne peut y avoir de demi-mesure de coeur de la part de ceux qui espèrent rendre leur appel et leur élection sûrs dans la glorieuse maison des fils.

Versets 7-9

« C’est pourquoi, selon ce que vous dit le Saint Esprit : Aujourd’hui, si vous entendez ma voix, n’endurcissez pas vos coeurs, comme lors de la révolte, au jour de la tentation dans le désert, où vos pères me tentèrent pour m’éprouver et virent mes oeuvres pendant quarante ans ».

« C’est pourquoi » : l’occasion d’atteindre un honneur si élevé et le danger de le perdre souligne l’importance de retenir notre confiance et notre espérance. Comment pouvons-nous nous les retenir ? En ne permettant pas à nos esprits de remettre en cause la qualité et la fidélité de notre Père Céleste, et en nous tenant près de lui par la prière et l’étude de sa parole.

Si nous nous laissons aller à être influencés par les attraits du monde, ils affaibliront nos esprits avec un manque conséquent de foi, menant finalement à l’incrédulité, une incrédulité qui ne considérera pas correctement toutes les preuves bienfaisantes de la fidélité et de l’amour de Dieu.

C’est dans le Psaume 95:7-11 que l’Esprit Saint, par David, témoigne sur l’importance de ne pas endurcir nos coeurs comme les Israélites dans le désert. C’est ainsi que notre bon Père Céleste nous aide à maintenir nos pieds dans le droit chemin.

L’expression « aujourd’hui » est prophétique, se référant à l’âge actuel de l’Evangile, où les privilèges de l’appel céleste sont ouverts. Ce n’est pas le seul jour du salut, proprement appelé « un jour » de salut en Esaïe 49:8. Chacun individu dispose actuellement d’un peu de temps pour prouver qu’il est fidèle, mais ceci uniquement en étant « diligent » pour assurer son « appel et son élection » (2 Pierre 1:10).

Il est vrai que « aujourd’hui » prendra fin et beaucoup diront : « la moisson est passée, l’été est fini, et nous ne sommes pas sauvés » (Jérémie 8:20). Dieu ne contraint personne d’entre nous, mais apprécions-nous suffisamment l’Appel Céleste et obéissons-nous à sa voix ? Si nous gardons notre confiance et notre espoir exultants « jusqu’à la fin », nous serons enchantés de marcher loyalement dans la voie du Seigneur, même si c’est maintenant la voie du sacrifice et de la mort.

Comment « endurcir » nos coeurs ? En manquant d’apprécier la bonté de Dieu manifestée dans sa conduite et son soin providentiels, et en résistant à sa volonté qui est révélée à nous par sa Parole. Chaque recherche d’excuse pour notre manque d’obéissance rend notre perception spirituelle plus difficile, et nous devenons également moins sensibles à la direction de l’Esprit Saint.

Dans le cas des Juifs, en raison de leur continuelle dureté de coeur, peu importe combien de fois le Seigneur les a réprimandés, ou combien il les a bénis, car par leur continuelle inconstance et désobéissance, ils ont tenté le Seigneur ; ainsi, leur expérience du désert était pour lui un jour de « tentation » (Hébreux 3:8).

Pour les Israélites c’était un « jour de tentation » (Psaume 95:8). Il y a eu dix épreuves spéciales que le Seigneur leur a envoyées. Celles-ci sont mentionnées en Exode 5:21 ; 14:11 ; 15:24 ; 16:2 ; 17:2,3 ; 32:1 ; Nombres 11:1,4 (deux fois) ; 12:1 ; et 14:2. Chacune de ces circonstances a constitué une épreuve de foi pour les Israélites où ils ont échoué. Mais comme le Seigneur, à chaque occasion, les délivrait de la situation dont ils se plaignaient, ils auraient du apprendre à mettre leur confiance plus complètement en lui, mais ils ne le firent pas.

Versets 10, 11

« C’est pourquoi je fus indigné contre cette génération, et leur dis: Leur coeur s’égare toujours, et ils n’ont pas connu mes voies. J’ai donc juré dans ma colère: Ils n’entreront certainement pas dans mon repos. »

La désobéissance des Israélites dans le désert partait du coeur. Ils auraient pu être excusés en raison de leur manque de foi, mais comme à maintes reprises le Seigneur démontrait son amour pour eux, ils devaient avoir appris à mettre leur confiance en lui. Mais ils ne l’ont pas fait, parce qu’ils ne l’ont pas voulu. Ils étaient d’une nature rebelle contre leur Dieu. « Ils errent toujours dans leur coeur ».

Pour cette raison, et non en raison d’une faiblesse héritée, le Seigneur a été « affligé », et dans sa « colère », il a « juré », ou déterminé avec autorité, que tous les adultes de la nation qui avaient été recensés ne seraient pas autorisés à entrer dans la terre promise, exceptés Caleb et Josué. De même, ils n’ont pas pu entrer dans le repos de Dieu pour apprécier la paix de l’esprit et de l’âme, basée sur la pleine confiance dans le soin de Jéhovah pour eux.

Verset 12

« Prenez garde, frères, que personne parmi vous n’ait un coeur méchant et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. »

Nous devrions examiner soigneusement nos propres coeurs ; mais il est souvent difficile de voir nos propres défauts ; ainsi nous avons besoin d’aide divine en nous contrôlant nous-mêmes, ce que reflète la prière du Psalmiste : « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur ! Eprouve-moi, et je connais mes préoccupations ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternité !  » (Psaume 139:23,24).

Ceux dont les coeurs sont incrédules, non seulement se privent de la paix et la joie qu’ils pourraient avoir, mais de plus ont une influence mauvaise et nuisible vis à vis des autres. Combien il est important de bien prendre garde à nos coeurs ! Pour cela nous devrons porter une attention particulière aux instructions du Seigneur, et ne pas nous permettre d’être sujets à des influences extérieures, ni écouter d’autres voix que celle du Seigneur.

Verset 13

« Mais exhortez-vous chaque jour, aussi longtemps qu’on peut dire : Aujourd’hui ! afin qu’aucun de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché. »

Le mot grec traduit ici par « exhortez » est semblable à celui qui est traduit par « réconfortez » quand ce nom est donné à l’Esprit Saint. Il signifie : se renforcer ensemble, et ceci pour se réconforter ainsi les uns les autres. C’est un des privilèges bénis de chaque membre de la Nouvelle Création. Puissions-nous tous être fidèles dans nos efforts de raffermir et encourager nos frères.

Nous devons continuer d’exhorter les frères à la fidélité tant qu’on peut dire « aujourd’hui », c’est-à-dire, tout au long de l’âge d’Evangile, cette période du plan divin où « l’appel céleste » est ouvert. Il est particulièrement urgent que nous continuions fidèlement à nous exhorter les uns les autres, parce que bientôt la porte de l’appel Céleste sera fermée, et l’âge de l’Evangile sera fini.

Il y a toujours un danger que nos coeurs s’endurcissent par « la séduction du péché ». Les voies de l’erreur et du péché semblent toujours très lumineuses et valables. Satan, par conséquent, trompera et séduira autant que faire se peut. Tout ce qui est n’est pas en harmonie avec Dieu et avec la justice est désillusion. Si nous permettons à nos coeurs d’être détournés par de telles influences et d’être endurcis à l’égard du Seigneur et de son peuple, nous perdrons tout, y compris la vie elle-même.

Verset 14

« Car nous avons été rendus participants du Christ, si du moins nous retenons fermement, jusqu’à la fin, notre assurance première. »

Ce texte réfute clairement la théorie qui dit : « une fois dans la grâce, toujours dans la grâce ». Il énonce clairement le fait que les seuls qui participent réellement au Christ sont ceux qui retiennent le commencement de leur confiance « fermement jusqu’à la fin ». (Hébreux 3:6) Jésus a dit : « Mais celui qui résistera jusqu’à la fin sera sauvé » (Matthieu 24:13).

En Apocalypse 2:10 nous lisons : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai une couronne de vie. » Le « commencement » de notre confiance est une référence à cette fraîche vitalité, à ce criant intérêt et à cette ferme détermination qui étaient en nous quand nous avons été convaincus la première fois de la vérité de l’Evangile et de l’appel Céleste, et avons décidé que nous donnerions notre tout au Seigneur en pleine consécration pour faire sa volonté.

Paul a semblé craindre que les frères hébreux aient déjà perdu une mesure de leur ardeur et de leur confiance premières. Plus loin, au chapitre 10, il leur écrit : « Souvenez-vous de ces premiers jours, où après avoir été éclairés, vous avez soutenu un long et douloureux combat » (Hébreux 10:32). Au chapitre 6:11, les complimentant sur leur amour et ardeur, il a ajouté « Mais nous désirons que chacun de vous montre jusqu’à la fin le même empressement en vue d’une pleine espérance ».

Versets 15-19

« Ainsi, il est dit:  »Si vous entendez la voix de Dieu aujourd’hui, ne refusez pas de comprendre, comme lorsque vous vous êtes révoltés contre lui. Or, quels sont ceux qui ont entendu la voix de Dieu et se sont révoltés contre lui ? Ce sont tous ceux que Moïse a conduits hors d’Égypte. Contre qui Dieu a-t-il été en colère pendant quarante ans ? Contre ceux qui avaient péché, et qui moururent dans le désert. Quand Dieu a fait ce serment : « Ils n’entreront jamais dans le pays où je leur ai préparé le repos », de qui parlait-il ? Il parlait de ceux qui s’étaient révoltés. Nous voyons, en effet, qu’ils n’ont pas pu entrer dans ce lieu de repos parce qu’ils avaient refusé de croire. »

Dans ces versets l’Apôtre semble souligner l’importance essentielle de la remontrance qu’il a déjà faite, pour ne pas laisser nos coeurs devenir endurcis par l’incrédulité, et à cause de l’incrédulité, de perdre notre confiance. Il souligne ce point en nous rappelant que c’était le sort malheureux de tous ce qui sont sortis de l’Egypte avec Moïse.

Le verset 16 est traité par la plupart des commentateurs modernes comme étant sous la même forme interrogative que les versets 17 et 18. En tant que question, on pourrait lire le texte de la manière suivante : « Qui, après avoir entendu, a eu une attitude provoquante ? N’était-ce pas tout ceux qui étaient sortis de l’Egypte grâce à Moïse ?  » Caleb et Josué étaient les seules exceptions parmi ceux d’âge adulte recensés au moment de l’exode, et ces deux parmi les six cents mille sont ignorés dans cette exhortation à la vigilance et à la fidélité.

L’incrédulité est une chose sérieuse aux yeux de Dieu, car elle place une barrière entre lui et ceux à qui il accorderait abondamment ses bénédictions. Abraham est devenu l’ami de Dieu sur la base de sa foi, ou croyance. Cette pensée du rapport étroit de l’amitié et de la foi aide à apprécier plus justement pourquoi la foi est si importante pour Dieu.

Même dans nos rapports les uns avec les autres il ne pourrait y avoir d’amitié qui ne serait basée sur la foi ou la confiance mutuelle. Il ne peut y avoir aucune amitié parmi des nations à moins qu’elles n’aient foi et confiance les unes dans les autres. Il en est ainsi dans nos rapports avec Dieu. Si nous souhaitons apprécier les bénédictions qu’il est disposé à accorder si abondamment à ses amis, nous devons avoir confiance en lui.

L’incrédulité des Israélites était leur grand péché au « jour de tentation ». En ce jour, quand ils ont provoqué le Seigneur, ils n’ont pas eu confiance en lui, et en raison de leur incrédulité, ils se sont rebellés contre sa providence. Leur péché était lourd parce qu’il a continué après qu’ils aient vu beaucoup de manifestations de la bonne volonté de Dieu envers eux et de sa capacité à prendre soin d’eux ; de ce fait, ce péché est devenu volontaire. Ils ont endurci leurs coeurs, et par conséquent ont perdu toutes les bénédictions de Dieu qu’ils auraient pu avoir à ce moment-là. Le « reste de foi » que Dieu avait pourvu fut perdu. Ils ne sont pas entrés en terre promise. Leurs carcasses sont tombées dans le désert.

&


Association des Etudiants de la Bible