« Abraham, le Père des fidèles »

Dans un communiqué de presse d’août 99 était évoquée l’intention du pape de se rendre dans la ville d’Ur afin d’honorer Abraham. Le programme du voyage ne fut pas annoncé avant début décembre, mais un des principaux experts italiens de l’ancienne Mésopotamie annonça aux médias que le Pape se rendait au mauvais endroit. Voici ce que disait le communiqué dans le journal « The Guardian » :

« Rome : Le pèlerinage controversé du Pape Jean-Paul II pour visiter la maison du patriarche juif Abraham en Irak pourrait l’amener dans la mauvaise ville d’Ur, selon Giovanni Pettinato, un des principaux experts de l’ancienne Mésopotamie en Italie ».

« Le Pape ira au mauvais endroit car Abraham n’a rien à voir avec la cité sumérienne d’Ur » a déclaré Pettinato à un journal italien. Il dit que le lieu de naissance d’Abraham se trouve à quelques deux mille kilomètres de là dans ce que nous appelons aujourd’hui la Syrie.

La détermination du Pape à visiter la ville chaldéenne d’Ur, considérée traditionnellement comme étant l’endroit où Dieu parla pour la première fois à Abraham, a provoqué un désaccord entre le Vatican et les Etats-Unis ainsi que la Grande-Bretagne qui craignent que cette visite ne serve qu’à renforcer le régime de Saddam Hussein.

Il existe également des implications au niveau de la sécurité puisque Ur qui se trouve à 160 kilomètres au nord-ouest de la ville de Basra, se situe dans la zone d’exclusion aérienne.

« Ce voyage qui devait s’effectuer au tout début de décembre s’intégrait dans un circuit qui comprenait la visite des sites bibliques principaux que le Pape souhaitait découvrir pour marquer la fin du deuxième millénaire de la Chrétienté. Abraham qui est révéré par les juifs, les chrétiens, et les musulmans, est honoré pour sa promptitude à sacrifier son fils Isaac, à la demande de Dieu ».

« L’opinion de Pettinato se fonde sur les récentes découvertes archéologiques faites par une équipe de l’université Sapienza de Rome dans la ville d’Ebla en Syrie. Des tablettes d’argile font référence à une cité appelée Ur située non loin d’Haran où vivait Abraham ».

Selon Pettinato, ce serait de toute évidence l’endroit d’où proviendraient Abraham et sa famille. Il croit que la tradition biblique situant Abraham dans la ville irakienne d’Ur est probablement une erreur. La vocation pastorale de la famille d’Abraham, est difficile à concilier avec la grande ville prospère qui devint une capitale impériale environ 2150 ans avant Jésus-Christ, dit-il.

Plusieurs questions mériteraient d’être posées à propos de ce communiqué. La première : Est-ce que Pettinato a raison de dire que la cité d’Ur en Irak n’est pas celle où Abraham résida ? La deuxième : Que peut-il y avoir de si important à propos d’Abraham pour que le Pape veuille l’honorer ?

Le contentieux créé par Pettinato n’est pas nouveau. Plusieurs sites ont été suggérés par d’autres au cours des années comme étant le site d’Ur, beaucoup d’entre eux se situant à une grande distance d’Ur en Irak, à 2400 kilomètres. La preuve de son argument se trouve sur une tablette d’argile trouvée en Syrie et qui serait une autre ville d’Ur supposée se trouver en Syrie.

Notre appréciation de ce genre de propos repose sur ce qui a été écrit dans la Bible. Térach et ses trois fils, Haran, Nachor et Abram vivaient à Ur en Chaldée (Genèse 11:28,31). Cet endroit est appelé le pays de leur naissance. La Chaldée ou la terre des Chaldéens est considérée par les historiens comme étant le sud irakien actuel.

Lorsque Dieu appela Abram pour qu’il quitte Ur afin de se rendre en Canaan, son neveu, Lot, son père Térach, ainsi que leurs épouses, l’accompagnèrent. Ils se rendirent jusqu’à Charan, une ville située à près de 2000 kilomètres au nord d’Ur sur les rives du fleuve Euphrate. C’est probablement Térach en tant que patriarche de la famille qui indiquait la route à suivre.

Une fois arrivés à Charan en Syrie, ils y demeurèrent. Combien de temps ? On ne le sait pas. Si ce n’est qu’à la mort de Térach, Dieu parla de nouveau à Abram en lui confirmant sa promesse. Abram obéit au commandement divin et se rendit directement à Canaan qui était leur but depuis qu’ils avaient quitté Ur.

Un autre point de différend avec Pettinato est que la ville d’Ur en Chaldée était trop importante pour qu’on puisse y élever du bétail et des troupeaux. Lorsqu’Abraham quitta Ur, il n’est pas fait mention de ses troupeaux. Cependant en partant de Charan, il en est fait mention. On peut en conclure qu’il constitua son troupeau lorsqu’il se trouvait à Charan.

En effet, cette terre était très propice pour cela. Les Ecritures confirment ce point en Genèse 12:5 où il est écrit : « Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, le fils de son frère avec tous les biens qu’ils possédaient et les serviteurs qu’ils avaient acquis à Charan ».

L’expert italien sur la Mésopotamie croit que toute la vie d’Abraham fut pastorale, alors que lorsqu’il résidait à Ur en Chaldée, ce n’était probablement pas le cas.

En se fondant sur l’évidence de la Bible et les recherches de nombreux écrivains compétents, il ne semble pas que Pettinato ait raison de dire que le Pape irait visiter le mauvais endroit en se rendant en Irak en décembre pour honorer Abraham.

La seconde question soulevée par ce projet de vo-yage est la suivante : qu’y a-t-il de si important à propos d’Abraham pour que le Pape veuille l’honorer ? Trois religions principales honorent déjà Abraham : les religions juive, chrétienne et musulmane. Abraham est un ancêtre direct à la fois des juifs et des arabes. Son fils Isaac est le père des juifs. Ismaël quant à lui est le père des arabes. Des deux côtés, les descendants naturels révèrent Abraham et à travers leur religion, honorent sa mémoire.

Pour les chrétiens, Abraham est considéré comme le père des fidèles parce qu’à travers sa postérité, toutes les familles de la terre seront bénies. Dieu avait à l’esprit concernant cette postérité, l’homme Jésus-Christ, qui devait pourvoir à la rançon si nécessaire à toute l’humanité.

Ainsi qu’il est écrit : « Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice, reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Aussi, l’Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : toutes les nations seront bénies en toi ! » (Galates 3:6-8).

Plus loin, l’apôtre Paul montre comment tous ceux qui veulent marcher dans les traces de Jésus se trouvent inclus dans la famille d’Abraham lorsqu’il dit : « Et si vous êtes à Christ , vous êtes donc la postérité d’Abraham , héritiers selon la promesse » (verset 29).

La connaissance que les Etudiants de la Bible ont à propos de l’importance de la promesse abrahamique leur a procuré un grand respect pour Abraham. Ils voient que sa vie a été utilisée pour enseigner d’importantes et nécessaires leçons aux chrétiens.

Par exemple, on trouve une allégorie en Galates 4:24-31 où Abraham représente Dieu, et Sarah et Agar, ses deux épouses, représentent les alliances faites par Dieu. La femme libre, Sarah, mit au monde miraculeusement la postérité promise, Isaac. Et la femme esclave, Agar, enfanta Ismaël qui représente ici la nation d’Israël sous la loi. En donnant cette allégorie, Paul dit à nouveau au verset 28 : « Pour vous, frères, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse ».

Une autre raison qui rend la promesse abrahamique aussi importante est que Dieu réalise son plan clair et simple à travers elle. Avant ce moment précis, Dieu fit des promesses mais dans un langage voilé. Dans le jardin d’Eden, Dieu dit au serpent (personnifiant le malin) en la présence d’Eve, « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon » (Genèse 3:15). A partir de ce petit élément d’information, nous apprenons, qu’un jour, naîtrait d’une femme celui qui anéantirait le mal une fois pour toutes.

Nous obtenons davantage de précision quant à la manière dont tout ceci devait se réaliser lors du sacrifice de l’agneau fait par Abel qui fut accepté par Dieu (Genèse 4:4).

Les événements qui interviennent dans les années suivantes, ne donnent pas de preuve du plan de Dieu jusqu’à l’entrée en scène de Noé. En ce temps-là, la terre était remplie de violence à cause de la race hybride — descendance des anges et des êtres humains — ce qui a amené Dieu à projeter sa destruction par le déluge.

Seuls Noé, son épouse, ses trois fils et leurs épouses respectives, entrèrent dans le « nouveau monde » grâce à l’arche, pour recommencer une vie nouvelle. Peu d’autres informations furent ajoutées pour révéler le plan divin et ce, jusqu’à ce que Dieu appelle Abraham. Alors, il devient clair qu’à partir de ce moment Dieu résolut de bénir toutes les familles de la terre. (Genèse 12:3).

Dieu ne pouvait pas révéler cette information de manière plus simple. A savoir que la merveilleuse alliance (Genèse 15:18 ; 17:4-8) faite à Abraham promettait qu’un jour sa postérité serait l’instrument de la bénédiction pour toute l’humanité sans aucune exception ! Quelle bonne nouvelle ce fut là, et qui demeure inchangée à ce jour.

L’Ancien Testament développe par la suite cette promesse à travers de nombreux écrits et expériences du peuple de Dieu. Finalement, celui que l’on attendait depuis si longtemps naquit enfin à Béthléhem. L’ange parla aux pauvres bergers qui gardaient leurs brebis sur les collines de Judée pour leur annoncer ce grand événement en disant : « Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie » (Luc 2:10). La postérité d’Abraham qui devait bénir toutes les nations était arrivée.

Les bénédictions vinrent sur Israël lorsque Jésus commença son ministère avec son oeuvre de guérison. Mais tout ceci n’était qu’un avant-goût des plus grandes oeuvres à venir. Inconnue aux descendants naturels d’Abraham, cette postérité promise devait mourir pour offrir sa vie comme rançon pour toute l’humanité.

Lorsque Jésus fut finalement fait prisonnier par ses ennemis et crucifié, les disciples furent accablés. Mais rapidement ils furent revivifiés par la nouvelle de sa résurrection. Jésus confirma ce miracle en se révélant lui-même aux disciples à de multiples reprises.

Finalement, le jour de la Pentecôte, les apôtres obéissants reçurent le Saint Esprit promis, alors leurs yeux spirituels s’ouvrirent et tout devint clair pour eux.

Si la nation d’Israël avait prêté davantage d’attention à la vie d’Abraham, elle aurait réalisé que Dieu a volontairement mis l’accent sur cet événement nécessaire, en utilisant Abraham pour se représenter lui-même, et Isaac pour représenter Jésus.

Dieu dit à Abraham : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l’holocauste, et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit » (Genèse 22:2,3).

Abraham avait 75 ans lorsqu’il quitta Charan. (Genèse 12:4). Nous ne savons pas combien d’années il séjourna à Charan après avoir quitté la cité d’Ur, en Chaldée, mais il pourrait s’agir de plusieurs années.

Plus de dix années s’écoulèrent lorsqu’Abraham suggéra à Dieu qu’Eliézer de Damas, qui était né dans sa maison et qui était devenu l’intendant, devienne son héritier officiel. Mais Dieu lui fit savoir de manière claire que l’héritier proviendrait de sa propre chair.

Lorsqu’Abraham fut âgé de 86 ans, Agar, la femme esclave que lui donna Sarah, enfanta Ismaël. Après quinze ans d’attente, Abraham trouvait enfin en Ismaël un héritier de son sang. Mais Dieu n’accepta pas Ismaël comme héritier d’Abraham. Dieu voulait que Sarah en soit la mère. Alors quand Abraham atteignit l’âge de cent ans, Sarah devint effectivement la mère d’Isaac, le fils d’Abraham. Isaac était véritablement un enfant miraculeux !

La Bible ne donne pas l’âge d’Abraham lorsque Dieu lui demanda d’emmener Isaac sur le mont Morija, cependant nous pouvons estimer qu’Isaac était âgé de 18 ans ou un peu plus. Nous pouvons déduire ceci à partir des versets 5 et 6 en Genèse 22 où il est écrit qu’Abraham prit deux jeunes serviteurs pour porter le bois et diverses autres choses au mont Morija.

Lorsqu’ils arrivèrent au pied du mont, Abraham leur demanda de les attendre jusqu’à ce qu’ils soient de retour de leur ascension. Abraham chargea alors le bois sur Isaac pour le restant du chemin, or, il n’aurait pas été capable de le faire, s’il avait été un simple enfant.

Après avoir attendu plus de 25 années son vrai héritier, Dieu lui demande maintenant, près de 18 ans plus tard, de lui sacrifier son fils. On pourrait se demander ce qui traversa l’esprit d’Abraham lorsque Dieu lui fit cette demande.

En Genèse 22, nous remarquons la promptitude d’Abraham à obéir mais rien d’autre ne nous est révélé. Et ce jusqu’à ce que l’apôtre Paul relate ce même incident en Hébreux 11:17 à 19 où nous apprenons qu’Abraham avait une parfaite confiance qu’Isaac ressusciterait des morts.

Abel avait su qu’un agneau était une offrande acceptable pour Dieu. Le jeune Isaac le savait également. Alors qu’ils se tenaient sur le sommet du mont, Isaac demanda à son père : « Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » (Genèse 22:7). La réponse d’Abraham était prophétique. Il dit à Isaac : « Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même de l’agneau pour l’holocauste » (verset 8).

Bien des années plus tard, Dieu pourvut effectivement à cet agneau, comme Jean le Baptiste le proclama à tous en voyant Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). Jusqu’au temps d’Abraham, certains savaient qu’un sacrifice était nécessaire pour restaurer l’humanité. Dans le drame qui arriva à Abraham et Isaac, il fut révélé que ce sacrifice était celui d’un fils bien-aimé.

Lorsqu’Abraham révéla à Isaac que c’était lui qui devait être sacrifié, Isaac n’a pas essayé de dominer son père âgé, il lui est resté totalement soumis. Ainsi en fut-il de Jésus qui demeura entièrement soumis à son père. Il n’était pas nécessaire de mettre à mort Isaac pour préfigurer la mort de Jésus. Dieu retint la main d’Abraham au moment où il était sur le point d’égorger Isaac. Dieu se pourvut à la place un bélier qui s’était pris les cornes dans un buisson.

Abraham est digne d’être honoré. Comment est-ce que le Pape l’honorera ? Nous devons attendre pour voir. Nous savons comment Dieu l’honorera, car il jouera un rôle prépondérant dans le royaume de Dieu. Jésus fit allusion à ceci lorsqu’il commenta la grande foi que manifesta le centenier romain. Il dit : « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. Or je vous déclare que plusieurs viendront de l’Orient et de l’Occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux » (Matthieu 8:10,11).

L’épreuve de la foi d’Abraham s’est terminée à sa mort. Les nombreux passages qui font référence à la foi d’Abraham indiquent qu’il était très fidèle et il nous a laissé là, un bel exemple à égaler. Puissions-nous être aussi fidèles qu’Abraham le fut.

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Association des Etudiants de la Bible