La cité de Dieu

La plupart des gens se représentent les sociétés primitives comme étant purement agricoles et par conséquent avec très peu de développement urbain. Mais il n’en est pas ainsi. De récentes découvertes archéologiques dans de vieilles villes ont mis en évidence la présence de plans d’urbanisme dès les temps anciens. Un article tiré d’un journal américain, le « New York Times » a été intitulé : « La ville de Levitt sur l’Euphrate ».

Monsieur Levitt est bien connu aux Etats-Unis pour les deux villes qu’il a fait construire peu de temps après la 2ème guerre mondiale, l’une à Long Island dans le comté de Nassau dans l’état de New York, et l’autre dans le comté de Buck en Pennsylvanie. Elles ont fourni toutes deux des habitations à faible coût prévues initialement pour les vétérans de la 2ème guerre mondiale et par la suite à bien d’autres personnes.

Elles furent des exemples de planification d’urbanisme moderne. L’article du New York Times montre qu’une planification semblable n’était pas nouvelle puisque, au contraire, elle était déjà employée par des peuples vivant 3000 ans avant Jésus Christ.

La ville de Levitt sur l’Euphrate

Citons à ce titre, quelques extraits de cet article :

« Une cité qui regorgeait de vitalité au 3ème millénaire avant Jésus-Christ est ensevelie, abandonnée et silencieuse sous le sol balayé par le vent de la vallée de la rivière de l’Euphrate supérieur dans le sud-est de la Turquie.

Le bruit des pas sur les pavés et le brouhaha de la vie familiale derrière les murs en briques de boue séchée se sont évanouis. Mais les ruines parlent aux archéologues d’un temps où une idée révolutionnaire a peut-être façonné les cités de l’antiquité, plus récentes.

En cartographiant le site de la cité connue aujourd’hui sous le nom de Titris Hoyuk, les archéologues mettent à jour les ruines habituelles d’une cité urbaine. Dans le centre se tenaient alors un palais et d’autres édifices publics sur des positions élevées. A la périphérie, les rues couraient à travers des quartiers résidentiels. Au-delà des murs de la ville se trouvaient un cimetière et des banlieues éparpillées.

En approfondissant leurs recherches, les archéologues ont toutefois été confrontés à quelques surprises. Les rues et les murs d’enceinte semblent avoir été prévus et construits avant les maisons. Et les habitations semblent suivre un plan d’urbanisme général, certains plus importants que d’autres, mais tous inspirés d’un même schéma.

Les archéologues ont donc été amenés à la conclusion que la ville de Titris Hoyuk, qui abritât près de 10.000 personnes au temps de sa splendeur, constitue un exemple saisissant de planification urbaine dans l’antiquité. Construite aux alentours de 2.500 ans avant Jésus-Christ, cette cité représente une sorte de ville de Levitt sur l’Euphrate.

Le professeur Guillermo Algaze de l’université de Californie à San Diego, qui fut le directeur des fouilles, écrit à son sujet : « Il existait une vision centralisée de ce à quoi une ville devait ressembler, qui est remarquablement proche d’un plan d’urbanisme modèle pour une communauté actuelle dans les Etats-Unis d’aujourd’hui ».

Le professeur Gil Stein, archéologue à l’université du Nord-Ouest, qui a fait des fouilles dans la même région, a qualifié les découvertes de Titris de « très, très importantes recherches, qui nous donnent un nouvel aperçu de ce à quoi ressemblait l’urbanisme dans l’ancien Moyen-Orient ».

Une extension rapide requiert une planification

Les scientifiques ont établi depuis longtemps que les toutes premières villes qui ont vu le jour sont celles qui furent bâties il y a près de 5000 ans dans la vallée inférieure des fleuves Tigre et Euphrate, une région connue sous le nom de Mésopotamie et qui constitue, de nos jours, une partie de l’Irak.

Ces cités furent probablement le résultat de rendements agricoles en constante progression. Les surplus des récoltes ont permis une extension croissante, des échanges à longue distance, et ont offert la possibilité aux gens de se spécialiser dans les travaux d’artisanat tels que le textile ou la céramique.

Au fur et à mesure que le nombre de marchands et d’artisans augmentait, les fermes-villages ont évolué vers des cités.

Il apparaît clairement de nos jours, qu’au milieu du 3ème millénaire avant Jésus-Christ, les premières expériences de vie dans des cités furent des succès si retentissants que la population de régions entières a convergé vers ces nouvelles cités situées dans des pays connus aujourd’hui sous le nom de Syrie, Irak du Nord ou encore Turquie.

Ces fouilles et d’autres semblables sur d’autres sites dans le nord de la Mésopotamie, suggèrent que seuls des projets de construction bien planifiés pouvaient satisfaire de manière suffisamment rapide à leurs besoins. De prochains travaux à Titris et sur d’autres sites, doivent nous révéler encore certains des changements sociaux et des forces politiques en présence qui impliquent cette rapide expansion de civilisation urbaine et l’innovation de ces cités à l’aménagement planifié.

Les premières villes dans la Bible

La première ville dont il est fait mention dans la Bible est celle que Caïn construisit (Genèse 4:17). On ne sait pas grand chose à propos de cette ville, sinon qu’elle était composée certainement d’habitations construites très probablement sur une colline et protégées par des murailles.

Les mots hébreux « iyr », « ar » et « ayar » ont été traduits par « ville ». Ils signifient « quelque chose qui a été édifié », « murs érigés », ou encore « qui monte la garde ». On ne sait rien d’autre à propos des villes jusqu’au grand déluge et la descendance des trois fils de Noé.

L’un des descendants de Cham fut Nimrod qui « régna d’abord sur Babel, Erec, Accad et Calné, au pays de Schinear » (Genèse 10:10). On pense que ces villes appartenaient au royaume de Babylone. Les versets 11 et 12 évoquent la construction d’une autre grande ville, Ninive. Certaines traductions attribuent la construction de cette ville à Nimrod, mais d’autres citent le nom d’Assur qui serait l’éventuel bâtisseur de Ninive après qu’il fut chassé de Schinear par Nimrod.

Abraham : un citadin qui devient nomade

Ce que l’on peut remarquer à partir de ces versets, c’est que les villes se développèrent dès les temps les plus anciens. Ceux qui travaillaient dans l’agriculture utilisaient la ville pour l’habiter et se protéger par opposition à ceux qui élevaient du bétail : les nomades.

Ces derniers recherchaient avant tout différentes régions de pâture et vivaient sous les tentes. C’est ce que devint Abraham après avoir vécu comme citadin à Ur, une cité des Chaldéens. Dieu lui demanda de quitter Ur pour aller vers un pays inconnu. Il obéit à Dieu et commença son voyage vers ce nouveau pays en emmenant avec lui, Sarah, son épouse, Lot, son neveu et Terah, son père. Ils voyagèrent le long du fleuve de l’Euphrate jusqu’à Haran, une autre ville, dans laquelle ils séjournèrent jusqu’à la mort de Terah.

Durant leur séjour à Haran, ils accumulèrent de nombreux biens, y compris du bétail et des serviteurs. En quittant Haran avec tout ce qui leur appartenait, ils devinrent des nomades vivant sous des tentes avant d’entrer finalement dans la terre de Canaan. Le récit de la Genèse ne nous dit pas si Abraham a recherché une ville lorsqu’il séjourna en Canaan.

L’apôtre Paul nous apporte l’information suivante en Hébreux 11:8-10 : « C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur ».

A partir de ces versets, nous apprenons qu’Abraham recherchait « la cité de Dieu ».

Les nomades qui vivent sous les tentes demeurent dans des campements temporaires. En recherchant de nouvelles terres de pâturage pour leur bétail, les tentes sont un moyen pratique pour déplacer leur « maison » d’un endroit à un autre. Un citadin, par contre, possède une habitation permanente. Une fois qu’il acquiert une maison dans une ville, il est peu probable qu’il déménage. Abraham recherchait justement un lieu d’habitation permanent. Mais aucune ville ordinaire ne pouvait répondre à son souhait, si ce n’est « la cité de Dieu » qu’il recherchait.

Abraham et Lot se séparent

Abraham et Lot possédaient leurs propres troupeaux et serviteurs. En quittant la ville d’Haran, les deux groupes voyagèrent ensemble. Lorsque des querelles surgirent entre leurs bergers, il devint nécessaire qu’ils se séparent.

Abraham laissa à Lot le choix de la terre et lorsque Lot vit que la plaine du Jourdain était bien arrosée, il la choisit. Il dressa ses tentes vers Sodome, une ville dans la plaine du Jourdain. Abraham alla dans la direction opposée, vers les plaines de Mamré. Peu de temps après leur séparation, Lot devint un habitant de Sodome, et « s’assit à la porte de Sodome » (Genèse 19:1).

Il semblerait ici que Lot fit une meilleure affaire qu’Abraham en choisissant la plaine fertile du Jourdain et en trouvant une ville. Mais les Ecritures nous apprennent que « les gens de Sodome étaient méchants, et de grands pécheurs contre l’Eternel » (Genèse 13:13).

De l’autre côté, Abraham continua à vivre sous les tentes (habitations temporaires) tout en poursuivant sa quête de la cité de Dieu. Il ne trouva point cette cité durant la totalité de son séjour dans la terre de Canaan, mais sa foi demeurait forte et il avait la conviction qu’un jour il la trouverait.

Dans l’épître aux Hébreux, après la mention de Paul à propos de la recherche d’une cité par Abraham, nous trouvons deux références qui font allusion à une cité figurative.

La première intervient après la description d’une scène terrifiante au mont Sinaï lorsque Moïse reçut les tables de la loi. En s’adressant au peuple du Seigneur, l’Eglise, il dit : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste » (Hébreux 12:22,23).

La seconde a lieu un peu plus loin lorsque Paul déclare : « Nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13:14).

Les expériences de Jésus et de ceux qui le suivent

Les expériences qu’Abraham a enduré avaient pour but de préfigurer l’histoire du peuple de Dieu durant tout l’âge de l’Evangile. Abraham ne trouva jamais la cité qu’il cherchait dans ce monde. Ainsi en est-il de même pour nous. Lot, par contre, la trouva ; il représente de la sorte tous ceux dans la chrétienté qui pensent avoir trouvé la cité de Dieu dans ce monde. De même qu’Abraham était un « pèlerin et étranger sur terre », ainsi en est-il pour le peuple du Seigneur qui est également constitué de pèlerins et d’étrangers de passage sur cette terre.

De même qu’Abraham vivait dans une habitation temporaire, nous non plus n’avons pas de cité durable où demeurer, mais nous en attendons une permanente. Abraham avait la foi qu’il trouverait la « cité de Dieu ». Nous également, nous devons posséder la même foi.

Jésus aussi ne possédait pas d’habitation permanente sur terre, aucune place qu’il aurait pu appeler « maison ». Il dit : « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » (Matthieu 8:20).

Jésus ne possédait certes pas de demeure terrestre, mais il savait qu’il hériterait d’une maison céleste. Et il voulait que ses disciples soient avec lui, aussi leur dit-il : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père : Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et, lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi » (Jean 14:2,3). Lorsque nous parviendrons à cette place, nous aurons atteint notre demeure permanente : la cité de Dieu.

Une « ville » en tant que gouvernement ou royaume

Une cité avait pour dessein de représenter davantage que le seul concept de permanence. Dans la Bible, ce terme est également utilisé pour représenter un gouvernement ou un royaume. Les cités d’alors constituaient souvent des nations en tant que telles, et la plupart d’entre elles possédaient une enceinte et se suffisaient à elles-mêmes. Certaines des grandes cités dans les temps anciens furent Babylone, Ninive, Athènes, Damas ou Rome. Le pouvoir et la puissance d’une nation émanaient d’une ville.

On connaît peu de choses à propos des toutes premières cités des hommes jusqu’à ce que des archéologues mettent à jour leurs ruines qui livrèrent alors leurs secrets. Une des cités construites par Nimrod devint le site de la grande ville, Babylone. On rapporte qu’au temps de sa splendeur, Babylone possédait des murs hauts de 100 m et que ses murailles s’étendaient sur près de 100 km autour de la ville. Elle était renommée pour ses portes et ses battants en fer et ses jardins en terrasses. Au tout début, les cités avaient pour fonction d’être des lieux pour des services spécifiques : le commerce et le siège du gouvernement. Les dernières fouilles archéologiques ont mis en évidence l’idée de planification afin qu’elles puissent servir de lieu d’habitation pour les plus déshérités.

Les cités devinrent des lieux de puissance où leurs gouvernements dirigeaient les environs où elles se trouvaient. Il y avait peu d’intérêt pour un ennemi à conquérir les alentours d’une ville puisque c’était la prise de la cité elle-même qui conférait une victoire complète. Le siège du gouvernement, de la puissance et de l’autorité demeuraient dans la cité. Les murailles de la ville lui fournissaient une formidable protection. La population, en ces temps anciens, comprenait tout le sens de l’image proposée par Salomon lorsqu’il déclare : « Celui qui ne sait pas se dominer est comme une ville démantelée qui n’a plus de remparts » (Proverbes 25:28). Une cité sans remparts devenait une proie facile pour l’ennemi. La leçon pour nous est que celui qui est incapable de maîtriser ses émotions devient une proie facile pour ses ennemis : le malin, le monde et la chair auront alors le dessus sur lui.

L’accomplissement du plan de Dieu

Dieu est le plus grand des architectes urbains et sa cité sainte est conçue pour accueillir les pauvres et les opprimés de toutes les nations. Chacun possédera une place pour y demeurer. La cité de Dieu est décrite en Apocalypse 21:10-23 : ceux qui l’habiteront sont les « nations qui seront sauvées » et qui « marcheront à sa lumière et les rois de la terre y apporteront leur gloire. Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n’y aura point de nuit. On y apportera la gloire et l’honneur des nations. Il n’entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à l’abomination et au mensonge ; il n’entrera que ceux qui seront écrits dans le livre de vie de l’agneau » (Apocalypse 21:24,27).

On pourrait être tenté de penser que les nations actuelles et les rois de la terre tels que nous les connaissons aujourd’hui apporteront leur gloire dans cette cité. Cependant, nous savons que la gloire de ce présent monde de péché n’a pas de place dans cette cité. Ceci est clairement montré un peu plus loin lorsque nous lisons en Apocalypse 22:14 et 15 :

« Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d’avoir droit à l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville ! Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge ! ».

Dans le merveilleux royaume de Dieu, chacun devra obéir aux lois de justice ou périr. Le but de donner la vie à toute l’humanité grâce à la résurrection est de la restaurer à l’image de Dieu. Durant l’âge millénaire, les gens emprunteront « la voie sainte » (Esaïe 35:8) qui mène à la perfection.

Alors qu’ils marcheront, « l’éclat » (Apocalypse 21:11) de la cité les guidera afin qu’ils puissent y « entrer » (Apocalypse 22:14). L’humanité ne pourra entrer dans cette ville que lorsqu’elle aura recouvré la perfection à l’image de Dieu, c’est-à-dire qu’elle sera rendue parfaite moralement, mentalement, capable d’exercer une autorité sur un territoire comme les rois.

Ceci est la « gloire » que les nations et les rois apporteront dans la ville. Esaïe 60:21 illustre bien cette situation : « Il n’y aura plus que des justes parmi ton peuple, ils posséderont à toujours le pays. C’est le rejeton que j’ai planté, l’oeuvre de mes mains, pour servir à ma gloire ».

« Eternel ! Fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers. Conduis-moi dans ta vérité, et instruis-moi ; car tu es le Dieu de mon salut, Tu es toujours mon espérance » (Psaume 25:4,5).

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Association des Etudiants de la Bible