Doctrine et vie en Christ |
Amour et bonnes oeuvres
« Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à l’amour et aux bonnes oeuvres »
— Hébreux 10:24
Il n’y a pas de lien d’unité plus fort ou plus précieux que celui qui existe entre des membres du corps de Christ. Là où cette unité demeure, nous trouvons une communauté d’intérêt bénie dans laquelle chaque imitateur du Maître est vraiment soucieux du bien-être spirituel de ses frères et soeurs.
Il s’intéresse à leurs progrès spirituels et recherche des voies et des moyens de les encourager à un plus grand amour et dévotion pour l’Eternel et son service. Il se sent autant concerné de voir les autres affermir leur appel et leur élection afin de devenir cohéritiers avec Christ que d’obtenir la victoire lui-même.
Aucun véritable chrétien ne voudrait compromettre, en toute connaissance de cause, le bien-être spirituel de ses frères et soeurs afin d’en retirer un quelconque avantage pour lui-même.
Il existe de nombreux moyens par lesquels nous avons le privilège de remarquer les besoins de nos frères et soeurs et de les assister. Dans notre texte, l’apôtre les résume sous le titre général d’ « amour et bonnes oeuvres », indiquant qu’en considérant nos frères et soeurs, nous pouvons leur apporter une aide précieuse en les exhortant à la fidélité à ces deux lignes directrices générales.
En se référant à l’amour et aux bonnes oeuvres, l’apôtre met l’accent sur le fait que les deux sont importants, et que l’un sans l’autre mènerait à un caractère chrétien déséquilibré et à une entrave à la croissance du vrai chrétien.
Il est un fait que lorsque l’amour chrétien remplit le coeur, une de ses manifestations inévitables sera un zèle ardent qui conduira au sacrifice de soi pour les bonnes oeuvres. En 1 Thessaloniciens 1:3, l’apôtre Paul parle du « travail de l’amour ». L’exemple le plus frappant de la manière dont l’amour travaille pour le bénéfice des autres est celui de notre Père Céleste lui-même.
Les Ecritures nous enseignent que « Dieu est amour » et l’évidence de ceci se manifeste dans tout ce qu’il a prévu et fait pour ses créatures. Il fait en sorte que la pluie tombe et que le soleil brille aussi bien sur le juste que sur l’injuste.
C’est parce qu’il a aimé le monde qu’il a donné son cher fils bien-aimé pour être le Rédempteur. Il aime son peuple et le manifeste de diverses manières en déversant sur lui ses bénédictions. Il leur accorde son Saint Esprit, la sagesse, le courage et la force. Il les réconforte dans leurs chagrins et se montre leur ami dans leurs moments de solitude. Au-delà encore, il nous châtie à cause de son amour et nous réprouve pour nos mauvaises actions, en nous pardonnant lorsque nous nous approchons de Lui avec foi et repentance.
Dieu se montre zélé pour les intérêts de son peuple car « il est amour ». Cela signifie que lorsque nous exhortons les frères et soeurs à l’amour et aux bonnes oeuvres, nous les encourageons à avoir un caractère semblable à celui de Dieu.
Cela se voit d’autant plus dans le cas de Jésus. Un des témoignages les plus courts et pourtant les plus compréhensibles à propos de la vie et du ministère terrestre de Jésus est la déclaration qu’ « il allait de lieu en lieu faisant du bien » (Actes 10:38). Ceci est caractéristique de sa manière d’être (et d’agir), et c’est Jésus qui a dit : « celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14:9).
En Jésus, nous voyons un exemple pratique de l’amour divin en action pour les bénédictions des autres. Cela inspira le Maître à proclamer avec fidélité le message du Royaume à son propre peuple, la nation juive. Cela le conduisit à montrer de la sollicitude pour le bien-être de ses disciples et à manifester un intérêt tendre et personnel envers eux. L’amour poussa également le Maître à prononcer des paroles dures et sans appel à propos de l’hypocrisie des scribes et des pharisiens et de dénoncer les erreurs en vogue qu’ils enseignaient.
Dans la vie de Jésus, tout l’esprit de dévotion à son Père Céleste fut prophétiquement décrit par David dans la prière de dédicace : « Alors, je dis : voici je viens avec le rouleau du livre écrit pour moi. Je veux faire ta volonté, mon Dieu ! et ta loi est au fond de mon coeur » (Psaumes 40:8,9). En manifestant l’esprit de consécration décrit dans cette belle prière, Jésus reconnut par là même que la volonté du Père Céleste à son égard était de rendre témoignage de la bonté aimante de Dieu comme cela est révélé dans le divin plan de salut.
La prière prophétique de David à l’égard de Jésus continue ainsi : « J’annonce la justice dans la grande assemblée ; voici, je ne ferme pas mes lèvres, Eternel, tu le sais ! Je ne retiens pas dans mon coeur ta justice, je publie ta vérité et ton salut ; je ne cache pas ta bonté et ta fidélité dans la grande assemblée » (Psaumes 40:10,11).
Jésus faisait un avec son Père et était motivé par le même amour divin qui anime Dieu dans tout ce qu’il fait. Nous voyons en lui un merveilleux exemple du « travail de l’amour » (1 Thessaloniciens 1:3).
Il fut un témoin fidèle de la bonté aimante et du salut de Dieu. Il ne cacha pas dans son coeur la justice de Dieu mais, par les paroles qui sortirent de sa bouche, par son exemple, et par les merveilleux miracles qu’il accomplit, il montra le plan de Dieu pour le salut de l’humanité — ce plan glorieux qui révèle la justice de Dieu, sa sagesse, son équité, son amour et sa puissance. Nous voyons ainsi qu’en nous exhortant les uns les autres à l’amour et aux bonnes oeuvres, nous stimulons le développement de notre caractère à la ressemblance de Christ.
Les oeuvres qui ne sont pas bonnes
L’amour ne peut pas remplir le coeur sans se manifester lui-même en oeuvres de sacrifice volontaire pour la bénédiction des autres. Il est vrai également que les oeuvres qui ne résultent pas du fait d’être rempli d’amour divin ne sont pas de « bonnes » oeuvres.
Jésus parla d’une classe qui ferait preuve d’une grande activité en son nom en clamant son zèle dans la réalisation de « beaucoup de miracles » (Matthieu 7:22).
Quoi qu’il en soit, ces oeuvres ne sont pas de toute évidence le résultat d’un amour divin, car Jésus décrit ceux qui les réalisent comme ceux qui « commettent l’iniquité » (verset 23). Il apparaît dès lors que se montrer zélé dans le travail de l’Eternel n’est pas en soi la preuve de la vraie chrétienté. L’apôtre parle d’un zèle qui « manque d’intelligence » (Romains 10:2), et il est vrai également qu’il peut exister un zèle qui n’est pas mû par l’amour divin. Dans aucun de ces cas, la résultante de ces oeuvres ne peut être acceptable pour Dieu. Ce ne serait pas de « bonnes » oeuvres.
Dans son magistral traité général de l’amour (1 Corinthiens 13), l’apôtre rentre dans les détails afin de faire ressortir l’idée que même les oeuvres qui sont intrinsèquement bonnes ne peuvent être acceptables pour Dieu à moins qu’elles ne soient guidées par amour. « Quand je parlerai les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit » (verset 1), écrit-il.
Parler « les langues des hommes et des anges » est en soi un accomplissement louable lorsque ce don de prophéties est employé à magnifier le nom de Dieu en faisant connaître la vérité de son glorieux plan de salut. Mais même ces divins moyens mis à notre disposition pour servir l’Eternel ne pourraient être approuvés par lui à moins que tout ceci ne soit guidé par l’amour. Et si c’était davantage le résultat d’une ambition égoïste plutôt que celui d’un travail d’amour, ce ne serait guère plus qu’ « un airain qui résonne ».
Paul parle de l’élément fondamentalement important de la foi et des oeuvres que la foi accomplie — une foi si grande au point de nous rendre capables de déplacer des montagnes — et il explique que ceux qui possèdent une telle foi par laquelle ils accomplissent de telles oeuvres dépourvues d’amour, ne sont rien.
La foi en tant que telle est bonne. « Sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu » (Hébreux 11:6). Mais afin que la foi même soi agréable à Dieu, elle doit être accompagnée par l’amour.
« Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres » (1 Corinthiens 13:3) poursuit l’apôtre Paul, « si je n’ai pas la charité (l’amour), cela ne me sert de rien ». Quelle affirmation remarquable !
Il est probable ici qu’il est fait référence à ce que le Maître a dit lui-même au jeune homme riche. Quand ce jeune homme a demandé au Maître quelles bonnes choses il pourrait faire pour hériter de la vie éternelle, la réponse fut : « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi » (Marc 10:21).
Voici la déclaration de la propre bouche de Jésus à partir de laquelle on peut considérer ce que sont de bonnes oeuvres. C’est ceci que l’on attend de chaque chrétien. La consécration au Seigneur appelle à abandonner tout ce que nous avons, pour tout mettre sous sa direction, à son service.
Lorsque Paul se réfère à ce point de vue sur les bonnes oeuvres, ce n’était pas avec l’idée de dire que ce que Jésus avait établi comme condition nécessaire pour devenir son disciple n’était pas fondamentalement important, mais plutôt d’insister sur le fait que dans la distribution de nos biens pour nourrir les pauvres, l’amour doit demeurer le moteur principal, sinon notre sacrifice ne servirait à rien.
D’après la compréhension de l’apôtre, ce n’est pas un choix à faire entre l’amour et la distribution de nos biens pour nourrir le pauvre, car si nous possédons l’amour véritable, nous serons inspirés à utiliser tout ce que nous possédons pour la bénédiction des autres.
Il serait possible d’effectuer des sacrifices pour le compte d’autrui qui seraient guidés par des motivations égoïstes quelles qu’elles soient. La recherche d’une vaine gloire ou le désir d’être bien considéré par les voisins ou les frères et soeurs pourraient nous motiver à un plus grand sacrifice. Mais dans ce cas, il ne faut pas s’attendre à en retirer un profit durable. Des oeuvres qui sont bonnes par elles-mêmes se teinteraient de mal à cause d’une mauvaise motivation de départ.
Des corps destinés à être brûlés
« Quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert à rien » (1 Corinthiens 13:3), poursuit Paul. Voici une référence aux bonnes oeuvres du chrétien, traitée du point de vue des leçons enseignées pour les services du tabernacle typique.
En Romains 12:1 Paul exhorte « à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable ». Dans le type, les corps des animaux étaient sacrifiés puis brûlés, alors que dans l’antitype nous devons présenter nos corps qui doivent se consumer par la réalisation de bonnes oeuvres.
Nous trouvons une très belle référence à ceci en Hébreux 13:11-13. Dans ce passage, l’apôtre explique dans le type les corps de ces animaux offerts en sacrifice, et dont le sang était porté dans le Très-Saint pour le péché, étaient brûlés hors du camp. Il nous dit que, dans l’accomplissement de ce type, Jésus a souffert et est mort « hors de la porte » ou « en dehors de la ville ». Il nous encourage ensuite à marcher « dans les traces de Jésus » afin que nos corps, symboliquement parlant, puissent également être « brûlés » (verset 11).
C’est la volonté divine que nous donnions nos corps pour être « brûlés ». Et c’est seulement sur la base de cette souffrance avec Christ que nous pouvons espérer régner avec lui. L’argument de Paul est que si l’amour ne nous pousse pas au sacrifice, cela ne nous servira à rien. Si l’amour nous pousse à la fidélité à offrir nos corps pour être brûlés, cela signifiera « la gloire et l’honneur, la vie éternelle, l’immortalité » (Romains 2:7).
Dès lors, il est clair que de même qu’il ne peut exister de véritable amour chrétien sans que cet amour ne se manifeste lui-même en bonnes oeuvres, de même du point de vue de Dieu, on ne peut parler de bonnes oeuvres que si elles sont portées par l’amour.
En accomplissant les bonnes oeuvres, l’amour sera endurant et bienveillant. Il ne cherchera pas à faire un grand étalage de ce qui est accompli, car l’humilité est une des composantes de l’amour. L’amour sera patient envers les autres et fermera les yeux sur leurs imperfections involontaires.
Dans un même temps, il se montrera inébranlable dans sa position vis à vis de Dieu, de la vérité et de la justice. C’est pour cette raison que certaines de ces bonnes oeuvres d’amour pourront apparaître austères et peut-être même dures à ceux qui ne comprennent pas.
Deux exemples d’amour
Si le passage le plus souvent cité dans la Bible à propos de l’amour chrétien est celui écrit par l’apôtre Paul en 1 Corinthiens 13, c’est pourtant Jean que l’on appelle généralement l’apôtre de l’amour. En effet, Jean a beaucoup écrit à propos de l’amour — l’amour de Dieu, l’amour de Christ et l’amour parmi les frères et soeurs en Christ. C’est Jean qui nous parle du grand amour de Dieu illustré dans le don de son Fils pour devenir le Rédempteur de l’humanité. (Jean 3:16) C’est Jean qui cite le « nouveau commandement » que nous devrions nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés (Jean 13:34; 1 Jean 2:8-10; 4:11).
Jean lui-même était animé par un amour ardent pour les frères et soeurs, cependant il n’a pas utilisé l’amour comme un voile pour dissimuler de mauvais agissements parmi les frères. Dans sa seconde et troisième épître, nous trouvons deux exemples remarquables de la manière dont l’amour recherchera à protéger les meilleurs intérêts spirituels du peuple de l’Eternel lorsqu’il se sent en danger d’être pris au piège par de fausses doctrines ou en suivant une voie égoïste.
Ici nous voyons clairement que le véritable amour chrétien ne reste pas passif lorsque le peuple de l’Eternel se trouve en danger mais qu’au contraire, en de telles circonstances, le travail de l’amour consistera à conseiller et à mettre en garde les frères et soeurs.
La seconde épître de Jean est adressée à « l’élue et à ses enfants » (verset 1). Il écrit qu’il a « été fort réjoui » (verset 4) lorsqu’il a appris que cette famille continue à « marcher dans la vérité, selon le commandement que nous avons reçu du Père ». Ensuite il exhorte l’élue et sa famille à s’aimer les uns les autres, car « l’amour consiste à marcher selon les commandements » (verset 6).
Dans cette épître, Jean s’efforce de montrer que marcher dans la vérité implique de faire preuve de beaucoup de soins et d’attention vis à vis de ceux avec lesquels nous avons la communion de même qu’envers ceux que nous assistons. Il écrit : « Si quelqu’un vient vous trouver et ne vous apporte pas cet enseignement, ne l’accueillez pas dans votre maison, et ne lui adressez pas de salutation fraternelle. Celui qui lui souhaiterait la bienvenue se rendrait complice de ses oeuvres mauvaises » (versets 10,11).
Nous trouvons là un des principes de base qui décrit bien l’action de l’amour divin ; à savoir que dans la mesure où nous accordons notre crédit à ceux que nous savons être dans l’erreur, nous participons à leurs mauvaises oeuvres. Si nous avons une conception erronée de l’amour divin et de la manière dont il devrait nous pousser à agir, nous pourrions arriver à la conclusion que bien que nous croyions qu’un frère prêche de fausses doctrines, nous devrions prendre en compte les intentions de son coeur en lui souhaitant malgré tout bonne chance, tout en recommandant ses services pour les frères et soeurs.
Nous pourrions dire que pour nous-mêmes, nous sommes attachés à toutes les doctrines de la vérité mais néanmoins nous continuerons de côtoyer et par conséquent de cautionner ceux qui ne le sont pas car c’est l’amour qui nous le demande.
Cette manière d’agir serait toutefois contraire aux instructions de Jean à l’égard de « l’élue ». Il lui fait bien remarquer que dans la mesure où elle cautionnerait quelqu’un qui se trompe dans les doctrines, elle serait responsable de la propagation de son erreur autant que si c’était elle-même qui devenait un ministre de l’erreur.
A nouveau, voici la bonne action de l’amour, la bonne oeuvre de l’amour qui consiste à protéger les frères et soeurs contre la mauvaise influence de ceux qui cherchent à saper la vérité dans leur coeur et dans leur vie. En d’autres termes, l’amour est plein de compassion pour la brebis égarée et effrayée, mais il ne montre aucune pitié pour les loups déguisés avec des peaux d’agneaux qui pourraient entrer parmi le troupeau.
Dans la troisième épître de Jean, le bon travail de l’amour est considéré encore sous un autre point de vue. Cette épître est adressée au « bien-aimé Gaïus, que j’aime dans la vérité » (3 Jean 1). A nouveau, Jean nous fait part de sa joie d’apprendre que ses frères et soeurs continuent à marcher dans la vérité. Il semble que dans la région où Gaïus résidait, de fidèles ministres de la vérité avaient oeuvré — des missionnaires provenant selon toute vraisemblance d’une autre province.
Gaïus, qui appréciait leur service, les avait hébergés dans sa maison en prenant soin d’eux tout au long de leur séjour dans sa région. Il appréciait de prendre part ainsi à leur ministère et fut béni en retour. De même que « l’élue » se serait rendue coupable des mauvais agissements de ceux qui travaillaient contre la vérité si elle les avait hébergés chez elle par erreur et au nom de l’amour, Gaïus devint un participant des bonnes oeuvres de ces serviteurs de la vérité en prenant soin d’eux dans sa maison.
Dans la même région où Gaïus habitait se trouvait un homme du nom de Diotrèphe qui prétendait être un frère dans la vérité alors qu’il n’en était pas ainsi dans la réalité. Evidemment, Jean écrivit aux frères et soeurs des environs pour les informer qu’il serait heureux de venir leur rendre visite.
Lorsque Diotrèphe apprit cette nouvelle, il s’y opposa aussitôt. Jean explique ainsi la raison : « Diotrèphe aime à être le premier » parmi les frères et soeurs (verset 9). Evidemment, il avait gardé la mainmise sur l’ecclésia en encourageant les frères et soeurs à suivre son exemple en toutes choses et il sentait bien que si l’apôtre Jean le leur faisait apparaître, son attrait et son influence seraient compromis.
Diotrèphe n’était intéressé ni par les riches bénédictions que les frères et soeurs tireraient du ministère de Jean ni par les torrents de grâce et de vérité que cela leur aurait apporté car il s’était octroyé « la place de dominant sur ceux qui lui avaient été échus en partage » (1 Pierre 5:3). Sa seule préoccupation était de protéger ses propres intérêts. A cause de son esprit égoïste, il n’hésita pas à tenir de « méchants propos » (3 Jean 10), en menaçant de chasser tous les frères qui seraient favorables à la visite de l’apôtre.
Jean, avec son grand coeur rempli d’amour, aurait pu excuser Diotrèphe pour ses débordements de méchanceté à son encontre, s’il avait été le seul concerné. Mais il s’agissait là des intérêts spirituels de l’Eglise ; aussi l’amour prit les devants et dévoila ces mauvais agissements afin que cette assemblée puisse être délivrée d’une si mauvaise influence. Ceci fut véritablement une oeuvre d’amour.
Justice, amour et humilité
En Michée 6:8, le principe de l’amour est abordé dans sa relation avec les autres éléments du caractère du chrétien. Bien que cette exhortation s’adressât en tout premier lieu à l’Israël charnel, les exigences des principes divins fondamentaux tels qu’ils sont évoqués ici sont les mêmes pour son peuple à travers tous les âges. A la question du prophète sur « ce que l’Eternel demande de toi » la réponse est « que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu ».
« Pratiquer la justice » signifie simplement appliquer la règle d’or qui consiste à être gouverné par le principe de justice dans tous nos agissements avec nos semblables. Ceci est en soi une exigence très astreignante. Si nous nous demandions toujours si ce que nous disons et faisons correspond exactement à ce que nous aimerions que les autres nous fassent ou disent de nous, cela nous pousserait probablement à examiner beaucoup nos gestes et paroles.
Il est sûr en tout cas que chaque disciple du Maître devrait s’efforcer d’être toujours guidé par ce principe. Cependant il ne suffit pas de marcher selon la justice pour faire de nous un chrétien.
« Aimer la miséricorde » est l’exigence suivante et ceci va beaucoup plus loin que ce que demande la justice. Le mot « miséricorde » dans ce passage est une traduction d’un mot hébreu qui signifie « bonté aimable » ou « amour ». Et lorsque le prophète dit que nous devrions aimer la bienveillance, il utilise un mot hébreu qui signifie « amour plein d’affection ». Nous devons donc « être épris » avec une « bonté aimable ». En d’autres termes, notre vision de l’amour de Dieu et nos efforts pour que son amour stimule chacune de nos pensées, paroles et gestes, devraient être le thème principal et récurent de notre vie.
Nous ne devons pas considérer qu’aimer Dieu et nos frères et soeurs est un devoir mais nous devons être animés d’un amour ardent pour la volonté de Dieu à notre égard. Nous devons être épris d’un tel amour pour ce grand principe de ressemblance à Dieu que nous offrirons joyeusement notre vie pour les autres, comme le fit le Christ qui, mû par ce même esprit, sacrifia sa vie pour nous. Ainsi l’amour et les bonnes oeuvres iront de pair.
Le prophète Michée mentionne encore une autre exigence dans le chapitre 6 : nous devons « marcher humblement avec notre Dieu » (verset 8). En ce qui concerne le principe abstrait de générosité, nous constatons qu’il influence beaucoup de personnes dans le monde. Des milliers de médecins et d’infirmières, des travailleurs bénévoles ou pour des oeuvres charitables sont sincères et prêts à se sacrifier dans leurs efforts afin d’aider les nécessiteux à soulager les souffrances. Ils recevront leur récompense le jour de leur visitation quand le royaume millénaire commencera.
Les chrétiens, quant à eux, devraient se tourner vers le Seigneur pour qu’Il soit leur guide dans la manière d’accomplir leur sacrifice. C’est ce qu’implique le fait de « marcher humblement » avec Dieu. Non seulement ce qui nous pousse doit être juste mais notre zèle pour les bonnes oeuvres doit être dirigé par la Parole de Dieu si tant est que nos actions ont le bien pour finalité. D’une manière générale, Dieu a fait en sorte que Sa volonté soit claire pour tout son peuple afin que, pour marcher humblement devant Lui, il suffise uniquement de se laisser guider par Sa volonté.
L’Age de l’Evangile n’est pas la période pendant laquelle le monde doit être réformé et converti ; c’est pourquoi si l’on calcule ses efforts dans cette finalité, cela ne serait pas en harmonie avec la volonté divine. On pourrait sacrifier sa vie avec dévouement en essayant de réformer le monde par la politique ou par d’autres efforts, mais en faisant ainsi, on ne marcherait plus humblement devant Dieu.
Le travail de Dieu durant cet âge est l’appel et le développement de l’Eglise, le corps de Christ. Cela s’accomplit par la puissance de la vérité, la Parole de Dieu. C’est pourquoi la vérité est donnée aux frères et soeurs pour circuler, être promue, promulguée afin qu’elle atteigne ceux qui ont une oreille attentive et que par la puissance de sa force, ils puissent être attirés au Seigneur et préparés au cohéritage dans le royaume. C’est la raison pour laquelle il nous est demandé de proclamer la Parole de vie ; de faire briller notre lumière ; de prêcher la Parole ; de nous édifier les uns les autres dans la foi.
Ce dessein divin pour le peuple de Dieu est en cours de réalisation depuis la Pentecôte ; et il continuera à s’accomplir jusqu’à ce que le dernier membre du corps de Christ soit passé au-delà du voile. Au début de la seconde présence de Christ, il est passé de l’ensemencement à la moisson ; mais la récolte de même que les semailles ont continué à s’accomplir selon la même méthode ; à savoir, la proclamation de la vérité. Et maintenant en complément de la vérité générale de l’Evangile, il existe des vérités pour des temps marqués en raison de la fin de l’âge. Elles doivent également être promulguées, car, de même que le message général de l’Evangile, elles sont de nos jours essentielles pour la protection et l’édification des frères et soeurs.
Par conséquent, marcher humblement avec Dieu signifie que nos corps, nos esprits et nos coeurs remplis d’amour seront entièrement dévolus au service des frères et soeurs par le biais du ministère de la Vérité. En commençant par la prédication de l’Evangile et en poursuivant par tous les moyens mis à notre disposition pour nous assister les uns les autres en revêtant l’armure complète de Dieu, nos pensées devraient être en tout premier lieu dirigées pour la santé et le bien-être spirituels de nos frères et soeurs.
En faisant ainsi, « l’épouse » s’apprête pour l’union avec son « époux » céleste (Apocalypse 21:2,9 ; Jean 3:29) ; et en sacrifiant notre vie en accomplissant de bonnes oeuvres de cette nature nous marchons humblement avec notre Dieu.
N’endossons pas la responsabilité de décider pour nous-mêmes ce que le Seigneur veut que nous fassions. Il n’a pas prévu de plan particulier pour chacun d’entre nous, individuellement. Son plan et sa volonté concernant la voie de sacrifice est la même pour tous, et si nous marchons humblement avec notre Dieu nous nous efforcerons, par la prière et l’étude de sa parole de comprendre clairement son plan, et nous nous effacerons humblement pour nous conformer à ce dernier avec obéissance. Alors l’amour de Dieu avec son feu dévorant trouvera à s’exprimer par de bonnes oeuvres qui auront toute l’approbation de notre Père céleste.
« Ne craignez donc point : vous valez plus que beaucoup de passereaux » (Matthieu 10:31).
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